Noyade au Témiscouata: une drogue récréative à l’origine d’un malaise


Jérémy Bernier
La répartitrice au 911 qui s’est noyée de façon mystérieuse sur un plan d’eau du Témiscouata, en juillet dernier, avait en fait subi un malaise après avoir consommé une «drogue de rue».
Le 29 juillet dernier, Lucie Sénéchal profitait d’une belle journée d’été à la plage du Grand lac Squatec au camping d’Eau Claire, dans le Témiscouata, lorsque le drame s’est produit.
La femme de 37 ans, qui se promenait avec une planche à pagaie sur le plan d’eau, a été retrouvée inerte et inconsciente par des passants vers 15 h 30.
Ce sont ces mêmes témoins qui ont procédé aux premières manœuvres de réanimation, avant que les secours ne prennent le relais, explique la coroner Renée Roussel, dans son rapport rendu public mardi.

Après quelques soubresauts de vie qui ont encouragé les médecins à poursuivre leur travail, le cœur de Mme Sénéchal a finalement arrêté de battre à 21 h 35, le même jour.
La tragédie avait fait grand bruit à l’époque, suscitant de vives réactions de la part des proches et des collègues de la jeune femme qui travaillait comme répartitrice au 911.
Mystère résolu
Durant de longs mois, les autorités ne parvenaient pas à comprendre comment la jeune femme avait pu se noyer. Elle ne portait pas de veste de flottaison, mais se trouvait «depuis très peu de temps» dans une zone peu profonde du lac.
L’enquête policière de la Sûreté du Québec avait d’ailleurs écarté l’intervention d’un tiers dans ce décès tragique.

C’est finalement l’analyse toxicologique de la victime qui a donné les réponses qui manquaient.
«Mme Lucie Sénéchal est décédée par noyade à la suite d’une perte de conscience provoquée par l’interaction du kratom [...] avec des médicaments psychotropes», explique la Dre Roussel.
Le kratom, utilisé comme «drogue de rue», est une plante issue d’Asie du Sud-Est, précise-t-elle.
Cocktail explosif
Mme Sénéchal consommait déjà sur une base régulière du phénylphénidate et du bupropion, des médicaments d’ordonnance traitant respectivement le trouble déficitaire de l’attention et la dépression ou l’anxiété.
Or, c’est l’interaction de ces substances avec la mitragynine, qui se trouve dans le kratom, qui serait en cause dans cette histoire.
«Lorsqu’utilisés simultanément, le kratom et le phénylphénidate peuvent nettement augmenter le risque d’arythmie cardiaque ainsi que celui des convulsions», souligne la coroner.

Étant donné que le kratom et le phénylphénidate s'ajoutaient au bupropion, qui facilite la survenue de convulsions, il s’agissait tout simplement d’un cocktail explosif.
Bien qu’elle confirme que c’est une perte de conscience qui a mené à la noyade, Dre Roussel n’est pas en mesure de déterminer si celle-ci a été causée par une arythmie cardiaque ou une crise convulsive.
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