Nouvellement grand-mère, Mireille Deyglun trouve difficile la distance avec sa fille, qui habite en Égypte
Michèle Lemieux
Certaines périodes de vie sont particulièrement heureuses; l’arrivée d’un petit-enfant en fait partie. Mireille Deyglun, dont la fille, Sophie, vient de mettre au monde son premier enfant, franchit cette étape avec joie. Seule ombre au tableau: Alexandre vit en Égypte avec ses parents. L’actrice compose quand même bien avec cet éloignement en multipliant les échanges virtuels avec sa famille et en planifiant des retrouvailles ponctuelles.
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Mireille, on pourra vous revoir sur scène sous peu. Ça faisait un moment!
En effet. Je jouerai dans la célèbre pièce d’Agatha Christie Ils étaient dix, produite par La Comédie Humaine et les Productions Martin Leclerc. La compagnie de théâtre avait dû fermer ses portes durant la pandemie. Je jouais dans Le malade imaginaire lorsqu’on a été interrompus. Dans Ils étaient dix, je tiens le rôle de Mademoiselle Emily Grant, une vieille fille acariâtre et jalouse, tout ce qu’il y a de plus agréable à jouer! Peu importe dans quelle ville on se trouve, on joue l’après-midi pour les élèves et le soir pour les adultes. Je trouve ça important de jouer pour les adolescents. C’est notre futur public. Les élèves sont préparés: on les situe dans le temps, on leur parle de l’auteur. Je partage la scène avec des acteurs formidables! On est très heureux de partir en tournée ensemble. Sur ce plan, je suis comme ma mère (la grande actrice Janine Sutto), qui adorait partir en tournée et rencontrer les gens.
On a appris l’heureuse nouvelle: votre fille, Sophie, a donné naissance à un petit garçon.
Oui, ce passage de mère en fille est extrêmement touchant. Nous avons vécu ce bel événement en famille. J’étais auprès de Sophie avec Jean-François (Lépine, son mari), et Félix (leur fils) est venu nous rejoindre. C’est un grand bonheur. Être grand-mère, c’est quelque chose! Plusieurs de mes amies m’avaient avisée. Guylaine Tremblay m’a même écrit que je faisais dorénavant partie du cercle des grands-mères gagas... (rires) C’est vrai: je le suis!
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Comment avez-vous vécu votre première rencontre avec le bébé?
C’est incroyable! Nous avons passé cinq semaines et demie en Égypte. Je suis arrivée là-bas le 20 juillet. Je voulais être sur place avant l’accouchement, prévu autour du 13 août. Nous avons loué une maison au bord de la mer pour que Sophie puisse profiter de ses derniers moments de grossesse. Puis, son médecin voulait qu’elle rentre au Caire, car la date d’accouchement approchait. Nous avons passé une semaine de plus au bord de la mer, Jean-François et moi. Finalement, Sophie a accouché le 11 août et j’étais à l’hôpital. Ç’a été long, mais quel bonheur! Nous sommes restés avec elle jusqu’au 27 août pour lui donner un coup de main. Jean-François terminait son livre, qui sortira cet automne. Je passais mes journées avec Sophie et le bébé, Jean-François venait nous rejoindre après avoir travaillé quelques heures. C’est dommage que Sophie soit si loin...
Qu’est-ce qui a amené votre fille à vivre en Égypte?
Il y a trois ans, elle est tombée amoureuse d’un homme extraordinaire, qu’elle avait rencontré au mariage de sa meilleure amie. Andrew et Sophie s’étaient vus un an auparavant et avaient gardé le contact. Lors du mariage en octobre 2020, Sophie a passé quelques semaines là-bas, elle est revenue ici et est repartie tout de suite.
Ç’a été un deuil pour vous de la voir partir si loin?
Oui, mais au moins, nous avons accès à un vol direct durant l’été. Aller en Égypte, c’est très long. C’est 10 heures et demie, 11 heures de vol. Avoir des enfants, c’est savoir qu’il faudra les laisser partir un jour. C’est dans l’ordre des choses. Je me rappelle une époque où Félix avait quitté la maison. Sophie était allée vivre six mois en Australie. C’était merveilleux de retrouver mon amoureux, de ne pas avoir d’horaire, d’être libre d’aller souper au restaurant.
Finalement, c’est une belle étape de la vie?
Oui, mais ça me faisait peur, car beaucoup de couples se séparent une fois les enfants partis, car ils n’ont plus de pierre angulaire. Pour Jean-François et moi, ça n’a pas été le cas. Autant je suis une vraie maman, autant j’aime beaucoup cette liberté que j’ai depuis bon nombre d’années.
Malgré la distance, arrivez-vous à garder le contact avec Sophie?
Oui, et grâce à la technologie, nous nous parlons tous les jours. Le petit me voit et entend ma voix quotidiennement. Elle lui parle en français, son père lui parle en arabe, et ma fille et son conjoint se parlent en anglais. Le bébé sera donc trilingue.
Lorsque vous avez quitté l’Égypte, vous deviez avoir le cœur gros de laisser votre fille et votre petit-fils...
Dans l’avion, Jean-François m’a demandé comme j’allais. Je n’allais pas bien du tout! J’ai trouvé ça vraiment difficile. Après cinq semaines et demie auprès de ma fille, j’étais heureuse d’être de retour à la maison, mais j’étais déprimée. La vie continue, mais j’ai trouvé le retour difficile.
Prévoyez-vous d’aller voir Sophie et sa famille régulièrement?
Ils viendront à Noël. Par la suite, je serai en tournée jusqu’au 12 mai, je ne pourrai donc pas aller les visiter. Nous attendons Noël avec impatience! D’ici là, nous sommes tous très occupés. Nous comptons nous voir au moins deux fois par an. Même pour Félix, c’est difficile. Il est venu une semaine en Égypte, il était très ému de prendre son filleul dans ses bras.
Vous entrevoyez cette étape avec joie, même si pour certains, elle est associée à la vieillesse.
Oui, et si je me fie à mon hérédité, ma mère a commencé à trouver difficile de vieillir à 90 ans... J’ai 65 ans. Je suis très fière d’avoir mon âge. Je ne vois pas de problème à vieillir si on reste actif dans sa tête et dans son corps. Ma mère reste un beau modèle pour moi. Grâce à ma sœur Catherine, elle était une force de la nature incroyable! Quand ma sœur est décédée, nous nous sommes dit qu’elle allait soit «crasher», soit remonter. Elle a eu la force de remonter. Puis, le théâtre musical Belles-sœurs à Paris est arrivé dans sa vie. C’est comme une boucle qui se bouclait... Je suis allée 10 jours là-bas et nous sortions tous les soirs. C’était formidable. Ma mère avait le sens de la fête!
C’est une chance que vos enfants aient connu votre mère et qu’à son tour,votre petit-fils ait la chance de vous connaître!
C’est très émouvant. J’ai toujours dit que ma mère n’était pas une mère. C’était une actrice, mais elle a été une très bonne grand-mère. Avec ce statut, on n’a pas la responsabilité des parents. Mes enfants étaient très proches d’elle. J’espère que mes petits-enfants seront aussi proches de moi... C’est une belle étape. Il faut profiter du bonheur quand il est là...
La tournée Ils étaient dix débute le 13 octobre au Théâtre Hector-Charland, à L’Assomption.
Le nouveau livre Les angoisses de ma prof de chinois, de Jean-François Lépine, est publié chez Libre Expression.