Nouveaux raids israéliens meurtriers à Gaza, appels pressants à protéger les civils
Agence France-Presse
Israël a mené dimanche de nouvelles frappes sur la bande de Gaza assiégée, où le bilan des civils palestiniens tués ne cesse de s'alourdir depuis la fin de la trêve avec le Hamas, malgré des appels pressants à protéger la population.
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Engagée dans une offensive terrestre depuis le 27 octobre dans le nord de Gaza, où elle a pris le contrôle de plusieurs secteurs, l'armée israélienne a multiplié, depuis la reprise des combats le 1er décembre, les raids aériens dans le sud, où des centaines de milliers de Palestiniens ont cherché refuge.
Le ministère de la Santé du Hamas a affirmé dimanche que 15 523 personnes, dont 70% de femmes et d'enfants, ont été tuées depuis le début de la guerre le 7 octobre dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza, menés en riposte à l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre Israël.
«Durant les heures passées, seuls 316 morts et 664 blessés ont pu être sortis des décombres et amenés dans des hôpitaux, mais beaucoup d'autres sont encore sous les décombres», a déclaré le porte-parole du ministère.
Dans l'extrême nord de Gaza, le long de la frontière avec Israël, l'armée israélienne a mené dimanche des frappes aériennes suivies de tirs d'artillerie, qui ont soulevé d'épais panaches de fumée et de poussière.
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Dans le sud, les frappes ont visé massivement depuis vendredi la grande ville de Khan Younès et ses environs, où chaque jour désormais l'armée israélienne avertit dans des tracts largués sur certains quartiers qu'une «terrible attaque est imminente», et ordonne aux habitants d'en partir.
- Écoutez l'expert en politique international Loïc Tassé à l'émission de Benoit Dutrizac via QUB radio :
Dimanche, des habitants fuyaient la ville, à pied, entassés dans des charrettes ou en voiture, leurs affaires empilées sur le toit, selon des images de l'AFP.
En Israël, l'attaque d'une violence sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza a fait 1200 morts, en majorité des civils, selon les autorités.
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En riposte, Israël a déclaré la guerre au Hamas et promis de détruire le mouvement islamiste, au pouvoir depuis 2007 à Gaza.
Une trêve, négociée par le Qatar avec l'appui des États-Unis et de l'Égypte, a tenu sept jours entre le 24 novembre et le 1er décembre. Elle a permis la libération de dizaines d'otages enlevés en Israël le 7 octobre, en échange de prisonniers palestiniens détenus dans des prisons israéliennes, ainsi que l'entrée depuis l'Égypte de centaines de camions d'aide humanitaire dans le petit territoire dévasté.
Les deux camps se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve.
«500 tunnels» détruits
L'armée israélienne a indiqué dimanche avoir mené «environ 10 000 frappes aériennes depuis le début de la guerre». Elle a aussi annoncé avoir détruit depuis le début de son offensive terrestre environ 500 entrées de tunnels utilisés par le Hamas, sur un total d'environ 800 qui ont été découvertes.
Ces entrées de tunnels étaient «situées dans des zones civiles, pour beaucoup à l'intérieur de bâtiments civils, comme des écoles, des jardins d'enfants, des mosquées ou des terrains de jeu», a affirmé l'armée.
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Israël accuse le Hamas d'avoir installé ses infrastructures dans un immense réseau de tunnels creusés dans le sous-sol de Gaza, en particulier dans des zones habitées, et d'utiliser les civils comme des boucliers humains.
Dimanche, le Hamas et le Jihad islamique, considérés comme des organisations terroristes par les États-Unis, l'Union européenne et Israël, ont annoncé de nouveaux tirs de roquettes en direction d'Israël. La plupart des engins sont interceptés par le système de défense antiaérienne israélien.
Les autorités israéliennes ont par ailleurs annoncé la mort de deux soldats lors de l'offensive terrestre, portant à 398 le nombre de soldats tués depuis le 7 octobre, dont 72 morts dans les combats à Gaza.
«Trop» de victimes
«Il n'y a pas d'autres moyens de gagner qu'en continuant notre campagne terrestre», a affirmé le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
En face, le numéro deux du bureau politique du Hamas, Saleh al-Arouri, a déclaré: «Le prix à payer pour la libération des prisonniers sionistes sera la libération de l'ensemble de nos prisonniers, après un cessez-le-feu».
L'armée a évalué à environ 240 le nombre de personnes enlevées en Israël le jour de l'attaque et emmenées à Gaza. D'après l'armée, 137 otages sont toujours aux mains du Hamas ou de groupes affiliés, après la libération pendant la trêve de 80 d'entre eux en échange de 240 prisonniers palestiniens, tandis que 25 autres otages ont été libérés en marge de l'accord.
Au total, 6600 Palestiniens étaient incarcérés dans des prisons israéliennes avant les récentes libérations, selon le Club des prisonniers, une ONG palestinienne de défense des détenus.
Sans remettre en cause le droit de leur allié «à se défendre», les États-Unis ont mis en garde Israël contre la multiplication des victimes civiles.
«Trop de Palestiniens innocents ont été tués», a insisté la vice-présidente américaine Kamala Harris depuis la COP28 à Dubaï, s'alarmant d'images «dévastatrices» de Gaza et appelant Israël à «faire plus pour protéger les civils innocents».
«Nous sommes complètement d'accord avec le fait que beaucoup trop de gens ont été tués dans cette guerre et seraient toujours en vie» si le Hamas n'avait pas lancé son attaque du 7 octobre, a répondu dimanche le porte-parole du gouvernement israélien Eylon Levy.
«N'ont-ils pas pitié?»
Dans la bande de Gaza, les frappes ont détruit ou endommagé plus de la moitié des habitations, d'après l'ONU dont le secrétaire général Antonio Guterres a évoqué «une catastrophe humanitaire monumentale».
Les besoins sont immenses dans le territoire soumis à un «siège complet» par Israël depuis le 9 octobre, où 1,8 million de personnes, sur 2,4 millions d'habitants, ont été déplacées par la guerre d'après l'ONU.
Le commissaire de l'ONU pour les droits humains, Volker Turk, a jugé que les ordres d'évacuation donnés par Israël à la population faisaient que «des centaines de milliers de personnes se retrouvent confinées dans des zones de plus en plus petites».
Il s'est inquiété du manque d'eau, de nourriture, de soins, d'autant qu'il n'y a, selon lui, «pas d'endroit sûr à Gaza».
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Dans les hôpitaux du sud de la bande de Gaza débordés par l'afflux de blessés, où les réserves de carburant pour faire tourner les générateurs sont presque à sec, c'est le chaos.
À l'hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud du territoire, de nouveaux blessés et de nouveaux corps, parfois sans personne pour les identifier, affluent à chaque explosion.
Ces blessés s'ajoutent à ceux transportés depuis le nord, où «plus aucun hôpital ne peut assurer d'opération chirurgicale», selon l'ONU.
Dans cet hôpital, Ehab al-Najjar, un habitant des alentours, laissait éclater sa colère.
«Je suis rentré chez moi et j'ai vu la bombe tomber sur notre maison», a-t-il raconté à l'AFP en décrivant des corps dans la rue. «La moitié étaient de jeunes enfants. Quelle était leur faute? (...) N'ont-ils pas pitié?
Dans la ville voisine de Rafah, des habitants piétinant dans les décombres se rassemblaient autour d'un immense cratère. «C'est un bombardement hors norme. Nous ne savons pas pourquoi. Nous ne savons pas dans quel but», s'exclamait l'un d'eux, Mohammad Fahjan.