«Nous vivons et mourrons ici», répondent des Palestiniens de Gaza à Trump
AFP
Des Palestiniens déplacés par la guerre dans la bande de Gaza sont rentrés chez eux, dans le nord du territoire, pourtant inhabitable. Les propositions de Donald Trump de les faire vivre ailleurs, pour mieux reconstruire sans eux, ne les concernent pas.
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«Nous n’avons qu’une seule option : vivre ou mourir ici», déclare Ahmed Halassa, un habitant de la ville de Gaza à l’AFP, debout devant un bâtiment effondré après 15 mois de guerre. «Ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Nous resterons solidement dans notre patrie», ajoute cet homme de 41 ans.
Ahmed al-Minaoui est lui aussi rentré chez lui avec sa famille à la faveur de la trêve entre Israël et le Hamas entrée en vigueur le 19 janvier, après avoir fui les combats pendant des mois.
«Nous sommes revenus malgré les destructions massives, le manque d’infrastructures, d’eau et de produits de base. Nous sommes revenus parce que nous rejetons catégoriquement d’être déplacés», assure le jeune homme, 24 ans.
Le nord de la bande de Gaza a été particulièrement touché pendant la guerre, notamment lors d’une offensive israélienne violente lancée en octobre dernier.
Beaucoup des centaines de milliers de personnes revenues dans leurs quartiers ont dû camper dans des tentes plantées au pied des ruines.
Le Programme alimentaire mondial de l’ONU a estimé que 500 000 personnes étaient rentrées dans la partie nord du territoire «en quatre ou cinq jours», soulignant aussi les énormes besoins en matière de reconstruction et de distribution alimentaire.
Comme beaucoup d’autres, Ahmed al-Minaoui évoque la guerre israélo-arabe de 1948, au cours de laquelle des centaines de milliers de Palestiniens ont dû fuir leurs maisons lors de la création d’Israël. Les Palestiniens l’appellent la Nakba («la catastrophe»).
Selon l’ONU, la majorité des habitants de Gaza descend de ces réfugiés-là. «Nous luttons contre le déplacement depuis 1948», insiste M. Minaoui.
«Dormir sur les décombres»
Tous ceux interrogés par l’AFP réagissent avec la même conviction aux suggestions du président américain. Aucun n’évoque sa proposition de créer une «Riviera du Moyen-Orient», un monde de luxe érigé sur les ruines de Gaza, sous gestion américaine.
«Vous voyez, ma maison a été détruite mais je peux dormir sur les décombres», déclare Badri Akram, 36 ans, en pointant derrière lui un amas de pierres, de béton et de sable.
Malgré la destruction, les rues de Gaza étaient à nouveau animées mercredi : les marchés étaient vivants, les vendeurs bordaient les routes et les véhicules de transport circulaient aux côtés des piétons.
Donald Trump a suggéré de déplacer les Palestiniens vers la Jordanie et l’Égypte, qui ont tous deux fermement rejeté cette proposition. Le Qatar, pays médiateur aux côtés du Caire et de Washington, s’est également opposé avec vigueur au projet américain.
Et dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie occupée, territoire palestinien séparé de Gaza par Israël, les Palestiniens interrogés par l’AFP sont tout aussi indignés.
«Même pas en rêve ! Même les frappes aériennes n’ont pas pu les forcer à partir», constate Oum Mouhammad al-Baytar, une femme âgée de Ramallah. «Nous ne quitterons pas notre terre, même s’ils viennent avec tous les tanks du monde.»