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Guerre en Ukraine: voici pourquoi nous utiliserons le nom Kyïv plutôt que Kiev

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Photo portrait de Nora T. Lamontagne

Nora T. Lamontagne

2022-03-01T19:44:52Z
2022-03-01T20:11:54Z
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Les médias de Québecor utiliseront dorénavant la graphie «Kyïv», plutôt que «Kiev», pour désigner la capitale de l’Ukraine.

Il faut savoir que «Kiev» est la translittération du nom russe de la ville, «Киев». En ukrainien, son nom est «Київ», traduit par «Kyïv» en français et prononcé «ki-ïve». 

«Par souci d’authenticité, il serait donc plus exact d’écrire Kyïv», explique le spécialiste de la traduction des toponymes étrangers André Racicot. 

Or, cette décision, tout orthographique qu’elle soit, est aussi politique. 

L’appellation «Kiev» rattache l’Ukraine à son passé soviétique: on la désignait ainsi quand elle était sous le joug de l’URSS et que la langue ukrainienne était réprimée.

«Quand on écrit “Kiev”, on a tendance à appuyer, inconsciemment, la russification de l’Ukraine», souligne M. Racicot. 

Prendre ses distances

En conséquence, l’Ukraine cherche à se distancier de ses noms de lieux à consonance russe depuis qu’elle a déclaré son indépendance, en 1991. 

Peu après l’invasion russe en Crimée en 2018, le ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine a même lancé la campagne «Kyiv not Kiev» pour sensibiliser le reste du monde à cet enjeu. 

Il a aussi recommandé d’utiliser le nom ukrainien «Kharkiv» pour remplacer «Kharkov», qui est la deuxième plus grande ville du pays, et «Lviv» pour remplacer «Lvov», l’un de ses centres historiques.  

«L’orthographe russe nous a été imposée», rappelle l’historienne canadienne d’origine ukrainienne Stella Hryniuk. 

«Logique»

«Le nom de Kiev est très ancien. Mais dans le contexte actuel, je pense qu’il est logique d’adopter le nom en ukrainien», croit Marie-Éva de Villers, auteure du Multidictionnaire de la langue française, en saluant l’initiative du Journal

Dans les dernières années, de grandes publications anglophones comme le New York Times ou encore le Wall Street Journal ont adopté l’orthographe «Kyiv». 

Depuis le début de l’invasion russe, plusieurs autres médias, comme la BBC, ont emboîté le pas, mais très peu de médias francophones ont fait de même.

«Ce changement d’appellation commence aujourd’hui à l’Agence QMI et par conséquent chez tous nos sociétaires», résume Stéphane Waffo, rédacteur en chef de l’Agence.

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