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Culture

Nour Belkhiria revient sur son arrivée au Québec à l’âge de 18 ans

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Marie Poupart

2023-06-26T12:00:00Z
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Quand elle jouait du Molière à l’école, à 14 ans, rêvant de devenir un jour comédienne, Nour Belkhiria ne se doutait pas que, des années plus tard, elle tiendrait un rôle dans une quotidienne populaire. Pourtant, rien ne prédestinait cette jeune femme originaire de Tunisie à une carrière d’actrice. Quand on lui a proposé d’interpréter Inès, Nour œuvrait à titre d’avocate. Elle a décidé de ne pas rater cette chance de concrétiser son rêve, qu’elle croyait inatteignable.

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Nour, le public vous a connue dans la quotidienne Indéfendable. Votre personnage reviendra-t-ildans la saison 2?
En effet, surtout qu’Inès a été engagée par la firme d’avocats. On pourra être témoins des nouveaux défis qu’elle devra relever dans sa pratique. J’adore l’incarner, parce qu’elle est très proche de ses émotions et très authentique. Inès a des défauts, mais elle suit toujours son cœur, et c’est ce qui doit plaire au public. Elle apprend de ses erreurs, tout en restant fidèle à elle- même. Voir cet engouement autour d’elle me fait énormément plaisir et donne un sens à mon travail. 

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Diriez-vous qu’Inès vous ressemble?
Comme elle, je prends les choses à cœur, je suis mon instinct pour prendre des décisions et je considère être une personne entière. Enfin, on est toutes les deux un peu maladroites et on est spontanées. Parfois, on pourrait nous accuser de manquer un peu de tact. (rires)

Vu les cotes d’écoute élevées, vous êtes devenue connue du jour au lendemain...
Oui, j’ai encore du mal à réaliser que le public a vu mon visage presque tous les soirs à l’écran. J’ai fait mes études de droit et je travaillais comme avocate avant d’obtenir ce rôle. Il m’arrive de me pincer en pensant que j’ai réussi à réaliser ce rêve de petite fille d’être actrice que je pensais inatteignable! Je l’aurais regretté si je n’avais pas accepté ce rôle. J’estime avoir pris la bonne décision. 

Le fait d’avoir étudié en droit a dû vous aider à interpréter une avocate, non?
Pour chaque projet, il y a un travail de recherche et d’élaboration d’un personnage qui doit être fait. Dans mon cas, une grosse partie du vécu d’Inès avait déjà été explorée. Je comprenais d’emblée ce que ça lui avait pris pour en arriver là où elle était. Il faut beaucoup de sacrifices, de rigueur et de résilience pour devenir avocat. Le chemin peut être long et semé d’embûches, mais ça te forge en tant que personne. 

D’où vous vient ce rêve de devenir comédienne?
Ça date de l’époque où j’ai découvert le théâtre, à 14 ans, alors que j’étudiais dans un lycée à Tunis. Ma professeure était une passionnée de théâtre, et nous avons joué l’une des scènes de L’avare de Molière. Ç’a été une véritable épiphanie; je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. 

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Vos parents vous ont toutefois suggéré des études plus «traditionnelles»?
Oui. J’avais 17 ans et j’aurais préféré aller à l’école de théâtre, mais je suis heureuse d’avoir eu la présence d’esprit de me dire qu’ils n’avaient peut-être pas tort. De plus, les études de droit me rejoignaient tout à fait, car je n’aime pas les injustices. Enfin, j’ai pensé que de devenir avocate n’allait pas m’empêcher de devenir actrice. 

Photo : Patrick Seguin
Photo : Patrick Seguin

Que s’est-il passé pour que vous ayez votre première chance dans le métier?
Je me suis inscrite à la troupe de théâtre de la Faculté de droit de l’Université de Montréal et, de fil en aiguille, j’ai passé des auditions. J’ai fait mes débuts en jouant dans deux films et j’ai décroché un petit rôle dans la série Doute raisonnable. Mon premier rôle, je l’ai obtenu en 2019 pour le film Antigone (pour lequel elle a remporté le prix de la meilleure soutien aux Prix Écrans canadiens). Les producteurs étaient à la recherche d’acteurs pour jouer des personnages d’origine maghrébine formant une famille, et j’ai obtenu le rôle d’Ismène. 

Vous êtes tunisienne, et vos parents ont pris la décision de déménager au Québec alors que vous aviez 18 ans. Comment s’est déroulée votre arrivée ici?
Ils voulaient assurer un avenir meilleur à leurs trois filles (Nour a deux sœurs, âgées de 19 et 24 ans). En 2011, il y a eu la révolution en Tunisie, et il s’est ensuivi beaucoup d’instabilité économique et de questionnements par rapport à l’avenir du pays, alors ils ont fait ce choix. J’ai dû m’habituer à un climat qui n’est pas du tout le même. J’ai aussi vécu un choc culturel. Quand mes amis faisaient des blagues, je ne savais pas toujours de quoi ils parlaient. En même temps, comme les Tunisiens, les Québécois sont des gens très chaleureux, accueillants et serviables, alors je me suis très vite sentie à la maison.

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Le Québec est reconnu pour son accueil envers les immigrants, mais avez-vous tout de même vécu des expériences négatives depuis votre arrivée ici?
Non, je n’ai jamais fait face à quelque forme de racisme ou de discrimination que ce soit. Dans mon cas, ça s’est toujours bien passé. Aujourd’hui, le Québec, c’est chez moi, et quand je pars en voyage et que je reviens, je me dis que je rentre à la maison.

Vos parents ont pris la décision de retourner vivre en Tunisie...
En effet, ils sont repartis en 2019 avec mes sœurs. Mon père est chirurgien plasticien, et ma mère, médecin biologiste. En raison de la complexité des équivalences exigées par le Collège des médecins, il aurait été très dur pour mon père de travailler ici. Quant à ma mère, elle a refait des études au Québec et a travaillé quelques années dans un autre domaine lié à la santé. Mais finalement, ils ont décidé de repartir.

Indéfendable sera de retour à TVA cet automne pour une deuxième saison.

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