«Notre système alimentaire est ultra-rigide»: une épicerie forcée de jeter de la nourriture
Après un bris d’équipement, les denrées n’ont pas pu être données en raison des protocoles sanitaires


Anouk Lebel
Une épicerie de Bromont a été forcée de jeter de la nourriture à cause d’un bris d’équipement, une situation qui témoigne de la difficulté d’éviter le gaspillage au Québec, selon un expert.
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«Notre système alimentaire est ultra-rigide. Il n’y a pas de plan B quand un maillon fait défaut. On fait juste se dire que ça n’arrive pas souvent, ça génère du gaspillage et on trouve ça normal», s’inquiète Éric Ménard, chercheur indépendant et fondateur du Réseau contre le gaspillage alimentaire à Montréal.
Le IGA Extra Bromont Famille Patry a dû jeter de la nourriture après un bris des systèmes de récupération et de congélation survenu mercredi en début de matinée et qui a perduré jusque dans la nuit de jeudi à vendredi.
Appelée à expliquer la situation, la direction nous a renvoyés aux relations publiques de Sobey’s, qui regroupe les 300 IGA de la province. Il n’a toutefois pas été possible de savoir quelle quantité de nourriture s’est retrouvée aux poubelles.
Procédures
«On essaie de garder tout ce qu’on peut, selon les procédures à respecter, mais c’est sûr que certains aliments doivent être jetés. La priorité, c’est la sécurité alimentaire [des consommateurs]», a signifié Anne-Hélène Lavoie, conseillère principale aux communications.
Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimention impose que les aliments périssables soient jetés s’ils sont exposés à une température de plus de quatre degrés Celsius, a-t-elle souligné.
«On a envoyé, en fin de journée, deux remorques, un camion réfrigéré et un camion pour les surgelés», a-t-elle dit, précisant que ce type de panne est rare.

Deux organismes de la région sont venus chercher «tout ce qu’ils pouvaient», a-t-elle ajouté.
Mais les bénévoles du Centre Marguerite Dubois ne sont pas repartis avec plus de denrées que d’habitude.
«C’est correct, on ne veut pas contaminer nos usagers non plus», mentionne Valérie Marin, qui souligne que l’épicerie donne chaque semaine des kilos de produits non périssables, mais aussi des fruits et légumes, produits de boulangerie, produits laitiers et viandes congelées.
Goutte dans l’océan
Il n’y a pas de protocole pour éviter le gaspillage, déplore Éric Ménard.
Près du tiers des produits alimentaires seraient gaspillés à l’échelle du pays. Le gaspillage se produit à toutes les étapes de la chaîne: de la ferme à la poubelle du consommateur, en passant par les transformateurs et les détaillants.
«Chaque fois que ça arrive, ça me brise le cœur», se désole l’expert.
Il estime que Québec pourrait en faire plus pour éviter ce type de situation en mettant en place un protocole pour éviter les pertes en cas de bris.
«On pourrait mandater des organismes dans chaque région pour entreposer les surplus quand ça arrive», évoque-t-il en guise de solution.
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