Notre palmarès des 25 plus grands joueurs du Masters: qui de Tiger Woods ou Jack Nicklaus trône au sommet?
Les positions 25 à 21
François-David Rouleau
Jack Nicklaus ou Tiger Woods? Tiger ou Jack? Et Gary Player, Arnold Palmer, Phil Mickelson? Dresser le palmarès des 25 plus grands joueurs de l’histoire du prestigieux Masters est un exercice ardu. Surtout, le coiffer du plus grand golfeur à avoir déambulé sur les allées de l’Augusta National depuis 90 ans. Les six vestons verts et les exploits du Golden Bear surpassent-ils ceux du Tigre et ses cinq sacres qui ont marqué les 30 dernières années? La question fait toujours jaser et anime les débats entre amateurs.
Chaque printemps depuis 1934, la tradition veut que les plus grands noms du golf soient réunis au magnifique parcours de l’Augusta National, en Géorgie, pour faire vibrer et rêver les amateurs de la petite balle blanche.
Que ce soit le Tigre, le Golden Bear, le Dark Knight, le King, Lefty ou d’autres, ils ont marqué l’histoire à leur manière. Certains plus que d’autres. Ils ont tous contribué au prestige du Tournoi des Maîtres.
Pour lancer la couverture du tournoi qui prendra son envol jeudi, Le Journal a demandé à de fins connaisseurs de dresser leur liste personnelle des 25 plus grands golfeurs de cette riche histoire.
Les juges
Figure connue du golf québécois en ayant rayonné tant sur les allées de la province qu’à l’international, Rémi Bouchard a bien voulu se prêter au jeu. Maintenant directeur au club Hillsdale, en banlieue de Montréal, il a hésité avant de sélectionner le plus grand joueur de l’histoire du Masters.
«C’était serré, mais Jack a gagné six vestons et son dernier, remporté à l’âge de 46 ans, a fait pencher la balance en sa faveur. J’ai grandi dans l’ère de Jack. C’était lui le plus dominant, a expliqué l’homme de 61 ans. Tiger a eu un gros impact sur l’histoire du tournoi et il a gagné très jeune, mais Nicklaus le dépasse avec tous ses exploits.»
La golfeuse professionnelle du Mirage, enseignante et voix dominante du golf féminin Debbie Savoy-Morel a quant à elle placé le Tigre au sommet de son palmarès en se distinguant des trois autres «juges».
«C’était une décision difficile, mais j’ai regardé tous les records qu’il a établis ainsi que l’impact qu’il a fait sur l’industrie du golf dans cette nouvelle ère. Il dépasse Jack», a argumenté la dame avec l’aplomb de ses nombreuses heures de travail sur ce palmarès.
Véritable plaidoirie
Véritable passionné du Tournoi des Maîtres, Bruno Lachance a surnommé son incroyable «man cave» de la Vieille Capitale «Home of The Masters» en tapissant une section complète d’artefacts au logo jaunâtre.
Si, dans sa tête, les prouesses de Jack surpassent celles de Tiger par un mille, il a mené de sérieux débats avec sa conscience sportive en arrivant à de déchirantes décisions. Les exploits des grands de l’époque ont souvent pris le dessus sur ceux des 20 dernières années.
«J’en ai mangé des données pour dresser cette liste, a reconnu celui qui a souligné plusieurs performances, dont celles de Cary Middlecoff, champion de 1955. Selon moi, Tiger n’arrive même pas proche de Jack qui, en plus de ses six victoires, est arrivé quatre fois au second rang.
«N’importe quand, je défendrais mes arguments en plaidant ma décision devant juge et jurés, a plaisanté celui qui visitera une sixième fois la "terre sainte" de l’Augusta National cette semaine. J’ai éprouvé des difficultés en plaçant certains noms dans le classement, mais chaque fois, j’ai décidé en vertu des statistiques, de l’époque et des rivaux.»
Quant à l’affection que porte l’adepte du Masters derrière le journaliste et auteur de ces lignes, deux grands débats ont animé mes décisions définitives. En feuilletant les records du guide média de quelque 450 pages et les grands faits saillants de l’histoire, l’efface fut nécessaire au sommet du tableau à plusieurs reprises. J’ai adopté le golf en 1997 grâce à Woods et été témoin de cette retentissante victoire en 2019.
Mais j’ai toujours reconnu que Jack était le plus grand joueur de l’histoire. Il fallait donc le placer au sommet. J’ai aussi hésité dans mon top 5 en plaçant Gary Player devant Arnold Palmer et en préférant les légendes de Ben Hogan et de Sam Snead aux prouesses de Phil Mickelson.
Méthodes
Justement, abordons la méthodologie. Chacune des positions au classement valait un point. Donc la première place donnait 25 points et une 25e place, un point. Les pointages des juges à chacun des golfeurs étaient ainsi additionnés pour livrer une note finale sur 100. En cas d’égalité, comme ce fut le cas aux sixième et 17e rangs, le pointage moyen en carrière fut utilisé.
Mention honorable aux Mike Weir, Greg Norman et Jon Rahm, qui ont reçu une poignée de points.
Allez-y, jouer le jeu en dressant votre top 25. En plongeant dans l’histoire, vous découvrirez une tonne d’informations intéressantes et méconnues.
Voici les golfeurs figurant aux positions 25 à 21
25) Dustin Johnson
4 points
Présences: 14
Victoire: 1 (2020)
Tops 10: 5
Score moyen: 71,80
DJ est nul autre que celui qui a ramené le meilleur score depuis 1934 au ANGC. Son -20 à l’édition automnale de 2020 en raison de la pandémie est le meilleur pointage par rapport à la normale dans l’histoire du Grand Chelem. Cam Smith l’a rejoint deux ans plus tard en gagnant l’Open à -20. N’eût été une étrange blessure à l’orée de l’édition 2017 alors qu’il était au sommet du classement mondial, il pourrait très bien compter deux vestons verts. À ses 14 passages à Augusta, l’Américain de 40 ans s’est démarqué dans tous les critères de succès, que ce soit avec ses bois, ses fers ou son «putter» pour non seulement gagner, mais aussi tourner autour du top 5 à cinq autres reprises.
24) Jordan Spieth
17 points
Présences: 11
Victoire: 1 (2015)
Tops 10: 6
Score moyen: 70,95
Il est le premier à avoir menacé le record que Tiger Woods avait établi à Augusta dans sa conquête de 1997. Son score final de -18 lors de son sacre en 2015, le premier majeur de sa jeune carrière dans une saison auréolée de succès, a tenu durant cinq ans. De plus, à cinq de ses 11 départs, il a menacé dans le sommet du tableau. Ses deux rondes de 64 figurent parmi les meilleures de l’histoire. Si Jordan est capable du meilleur à Augusta, il est aussi capable du pire. Il suffit de penser à la défense de son titre en 2016, quand il s’est écroulé au cœur du Amen Corner, anéantissant tous ses espoirs de ravir un second veston vert. Mais avec 55% de ses résultats dans le top 10, son nom a figuré sur les quatre bulletins de vote.
23) Horton Smith
20 points
Présences: 27
Victoires: 2 (1934-1936)
Tops 10: 11
Score moyen: 76,33
Le champion de l’édition inaugurale en 1934, appelée l’«Invitation du Augusta National» alors que le Masters n’avait pas encore été baptisé, avait calé un roulé de 20 pieds au 17e trou (aujourd’hui le 8e) pour la médaille d’or. Le veston vert n’était pas décerné. Avec Gene Sarazen et Fuzzy Zoeller, il est le seul à avoir gagné ce tournoi dès sa première présence. Deux ans plus tard, il a rappliqué en remportant le tournoi de façon spectaculaire grâce à une approche parfaite de 50 pieds qui est tombée dans le fond de la coupe au 14e. Puis il a enchaîné avec un oiselet, pour devancer de justesse Harry Cooper. Ayant participé à son dernier Masters en 1963, il est mort six mois plus tard d’un lymphome de Hodgkin.
22) Walter Hagen
24 points
Présences: 6
Victoire: 0
Top 10: 0
Score moyen: 75,10
Figure emblématique du golf américain dans les années 1910 et 1920, il n’a jamais réussi à percer le top 10 à ses six présences au début de l’histoire du tournoi alors qu’il y a participé vers la fin de sa glorieuse carrière. Le titre à Augusta est le seul qui manque à sa grande collection de 11 conquêtes du Grand Chelem. Son nom apparaît sur le bulletin de vote de deux des quatre juges davantage pour ses exploits et son héritage au sport.
21) Gene Sarazen
25 points
Présences: 34
Victoire: 1 (1935)
Top 10: 4
Score moyen: 75,76
L’auteur du premier albatros au Augusta National est associé à la célèbre phrase lancée sur les ondes radio «The shot heard around the world» alors que seule une poignée de gens l’ont vu, dont Walter Hagen, Bobby Jones et Byron Nelson. Ce moment historique est survenu sur la normale 5 du 15e trou, à 235 verges de l’objectif avec un bois 4 en main. C’est grâce à ce coup de génie en ronde finale qu’il a pu créer l’égalité avec Craig Wood et ensuite le battre par cinq coups dans l’unique prolongation de 36 trous de l’histoire du tournoi, qu’il a réussi à propulser. C’était alors son 7e et dernier titre majeur en carrière. Le pont surplombant l’étang devant le vert du 15e porte son nom depuis 1955. Sarazen, l’une des légendes du golf moderne, a frappé l’une des balles protocolaires du Masters de 1981 à 1999.