Nos vedettes d'ici réagissent au scandale lié à Pizza Salvatoré et la culture québécoise
Anne-Sophie Poiré, Sandrine Faucher et Sarah-Maude De Rive
Alors qu'au mois d'octobre une entreprise québécoise de boissons de thé aux perles prêt-à-boire se retrouvait au cœur d’une grande controverse après avoir passé à l’émission Dragon’s Den, c'est au tour de l'entreprise québécoise Pizza Salvatoré de se retrouver dans une position similaire après avoir été accueilli à l'émission Tout peux arriver sur ICI Première.
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C'est l'un des frères du Groupe Abbatiello, Guillaume Abbatiello, qui a eu des propos dérangeants après son passage à l'émission sur les ondes de Radio-Canada dans une vidéo partagée sur TikTok, et filmée depuis sa voiture. Selon lui, la culture québécoise est « de la marde ». Depuis, la vidéo a été retirée, des suites des dommages causés à l'entreprise, et plusieurs ont partagé leurs réactions à ces propos polarisants.
En effet, si le milieu culturel québécois crie famine et doit «toujours demander de l’argent» au gouvernement, c’est peut-être parce que le contenu est «de la marde». C’est l’hypothèse avancée par l’un des dirigeants de Pizza Salvatoré dans une vidéo publiée sur TikTok. Ses propos ont semé la colère de plusieurs acteurs du milieu artistique, dont le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe.
«J’avais l’air d’être avec une gang d’extraterrestres, ça n’avait aucun bon sens. Ils [les acteurs du milieu de la culture] reçoivent déjà des millions et des millions et des millions et des millions, pis il n’y a personne qui s’intéresse à ce qu’ils font. La seule chose qu’ils disent, c’est qu’ils n’ont pas assez d’argent», a lancé Guillaume Jr Abbatiello à la caméra de son téléphone cellulaire, assis dans sa voiture.
Le coprésident du Groupe Abbatiello participait samedi à l’émission Tout peut arriver, diffusée sur les ondes d’ICI Première, où il a partagé le micro avec le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe.
La question du manque de financement du milieu culturel québécois a largement été abordée dans le studio de Radio-Canada. Mais, plutôt que de donner son opinion, il a préféré attendre d’être dans son véhicule pour tourner une vidéo dans laquelle il s’exprime sur le sujet: «Quand nos affaires ne fonctionnent pas, on ne va pas dire au gouvernement de nous donner de l’argent», dit-il, en proclammant qu'il était «le seul entrepreneur autour de la table».
Il suffit de se demander «pourquoi ça ne fonctionne pas» et si «le contenu qu’on fait est de la marde», plaide-t-il dans sa vidéo, qui comptait plus de 60 000 visionnements avant d’être effacée mardi après-midi.
De l’argent gaspillé
L’homme d’affaires croit que l’argent investi dans la culture est un «gaspillage» qu’il compare aux centaines de millions perdus dans le scandale SAAQclic: «C’est complètement déconnecté comme discours, jamais d’introspection. Ça me fait capoter. C’est dans la lignée de SAAQclic. C’est pareil. L’argent du peuple est dilapidé ben raide», analyse Guillaume Jr Abbatiello.
Il explique qu’avec des téléphones «Samsung et des iPhone à 1000 piasses», son entreprise est capable de faire mieux que Tout le monde en parle et ses quelque 600 000 «cotes d’écoute». Le Groupe Abbatiello générerait 83 millions de visionnements par mois sur les réseaux sociaux, selon lui.
Le copropriétaire de Pizza Salvatoré n’a cependant pas manqué de rappeler l’apparition de son entreprise au dernier Bye Bye, devant ses quelque 3 millions de téléspectateurs: «Être parodié au Bye Bye, c’est très bon pour les affaires», a-t-il mentionné dès le début de son entrevue avec Marie-Louise Arsenault, samedi.
Le milieu en colère
Dans une vidéo diffusée mardi après-midi sur Instagram, le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, s’est dit «profondément en désaccord» avec les propos de Guillaume Jr Abbatiello et «franchement insulté». Il souligne que «nos auteurs, nos autrices s’illustrent plus que jamais sur la scène internationale, nos films fracassent des records, remplissent les salles au Québec, mais gagnent aussi des prix à l’international».
En plus du ministre de la Culture, des dizaines d’artistes ont réagi à la vidéo sur les réseaux sociaux, et divers acteurs qui baignent de près ou de loin dans le milieu ont également partagé leur colère à travers des stories. Quelques personnalités qu'on adore suivre, comme Marie-William Bourgeois et Roxane Bruneau, ont repartagé la vidéo du ministre de la Culture sur Instagram, question de vocaliser leur soutien.
«Il y a bien des artistes qui vont manger du Domino’s», a aussi commenté Kim Lévesque-Lizotte, propos que Marie-Philippe Jean a aussi soutenu, en invitant les gens du milieu artistique à éviter les commandites avec la compagnie qui fait polémique.
Par ailleurs, Guillaume Abbatiello s'est aussi fait recadrer par Louis Morissette, qui a affirmé vouloir mettre fin au partenariat d’affaires entre la chaîne Salvatoré et son balado Entre la poire et le fromage. C'est par l'entremise de ses stories Instagram et un statut Facebook qu'il a annoncé le tout, en invitant d'ailleurs cordialement Guillaume à avoir une discussion d'entrepreneurs à propos de la culture, disant que «ça lui ferait plaisir qu'on en jase.»
La réponse du Groupe Abbatiello
C'est aux alentours de 21h mardi soir qu'une courte déclaration sur la page de Pizza Salvatoré a été mise en ligne: «Pizza Salvatoré a été et est toujours reconnu comme un précurseur envers la culture québécoise, s'engageant toujours plus chaque année auprès des productions du Québec. Le budget marketing est grandement investi auprès d'artistes et de producteurs du Québec.»
«Nous répondrons officiellement sous peu.»
Cette déclaration a encore une fois suscité une foule de commentaires et de réactions. Ce n'est que quelques heures plus tard qu'une vidéo dans laquelle se prononçait Élisabeth Abbatiello, Vice-présidente communication et au rayonnement de l'entreprise, a été publiée sur le compte de Pizza Salvatoré. Elle commence en disant que «Les propos de Guillaume ne sont pas les propos de la famille, ni ceux de l'entreprise.»
C'est finalement hier, le 5 mars, que Guillaume Abbatiello a partagé un vidéo qui présentait ses excuses officielles.Revenant sur ses propos qui ont tant fait jaser, il explique que son but n'avait pas été de dénigrer la culture ou d'inciter à ne pas la subventionner, mais plutôt de se questionner à savoir si l'argent qui y est placé «est dépensé optimalement». Il précise donc qu'il ne souhaitait pas vexer les personnes impliquées dans le milieu artistique, et a à nouveau rappelé que le Groupe Abbatiello était probablement l'une des entreprises qui investissent le plus dans les émissions québécoises.
Ça brasse pour le Groupe Abbatiello actuellement, qui avait reçu une mise en demeure pour le réçent lancement de sa plateforme immobilière, Ubee, un compétiteur direct à Centris et DuProprio.
