«Nos droits sont précaires»: des membres de la communauté LGBTQ+ veulent leur ministre
Léa Martin
«Nos droits sont précaires et aussi importants que n'importe qui d'autre»: comme d’autres membres de la communauté LGBTQ+, l’autrice et militante trans Gabrielle Boulianne-Tremblay souhaite que le gouvernement du Québec nomme un ou une ministre responsable de la Lutte contre l'homophobie et la transphobie.
Elle estime qu’il est important et même urgent d’agir. C’est pourquoi elle a signé et partagé la pétition pour la nomination d’un tel ministre, déposée par la porte-parole libérale pour la communauté 2SLGBTQIA+, Jennifer Maccarone.
Mise en ligne le 17 mars dernier, la pétition a récolté près de 5000 signatures.
Avant la dernière élection – et depuis 2008 –, la responsabilité de la lutte contre la transphobie et l’homophobie relevait du ministre de la Justice, qui en était le ministre responsable. Cette tâche a depuis été attribuée au Secrétariat à la condition féminine et à la ministre Martine Biron, et le titre de ministre responsable, quant à lui, a été abandonné par la Coalition Avenir Québec (CAQ).
La députée Maccarone dénonce que la lutte pour les droits LGBTQ+ n’ait plus son ministre attitré.
«Ce n’est rien contre Madame Biron, je ne dis pas que ce n’est pas une bonne personne», insiste l’élue libérale.
«Ce n'est pas un ministère comme le ministère de l'Éducation, par exemple. Là, on a un secrétariat qui est à la remorque d'un autre secrétariat quand on parle de la condition féminine», poursuit-elle.
Ni sur le site de l’Assemblée ni sur sa page sur le site de la CAQ, il n’est en effet indiqué que Martine Biron est la ministre responsable de la Lutte contre l’homophobie et la transphobie.
«C'est incroyable. Même dans mon discours d'ouverture, notre premier discours inaugural, je ne savais pas qui était mon vis-à-vis», regrette Jennifer Maccarone.
Protéger les droits des personnes LGBTQ+
Comme Gabrielle Boulianne-Tremblay, Gabriel Paquette croit qu'il faut agir pour protéger les droits de la communauté LGBTQ+, surtout avec la hausse de la haine contre les personnes trans aux États-Unis et au Royaume-Uni.
«Ces deux pays-là étant nos grands frères politiques, au Québec, on veut garder notre statut d'emblème de conservation des droits humains», indique-t-iel.
Gabriel a publié une vidéo sur TikTok et Instagram pour que plus de gens signent la pétition de Jennifer Maccarone.
@angelgabriel.html Que celleux qui sont tanné•e•s des petites vites de la CAQ lèvent la main 😒 #montreal #quebec #transgenre #nonbinaire #allié #lgbt ♬ Bach balance rhythm clavier No. 1 piano performance - moshimo sound design
«J’ai fait cette vidéo et là j'essaie de la pousser le plus possible, pour que, même si on n'a pas des milliers et des milliers de signatures à la pétition, au moins, la population québécoise soit plus au courant», explique le créateur de contenu trans non binaire.
Gabrielle Boulianne-Tremblay s'inquiète, elle aussi, du climat d’intolérance aux États-Unis, dont les échos commencent à se faire percevoir jusqu’au Québec et au Canada.
L'une des preuves de cette situation, selon elle: la popularité de la pétition lancée par Éric Duhaime, mercredi dernier, qui demande notamment au gouvernement de cesser le financement des activités exposant les enfants à des drag-queens.
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«Ce qui est aberrant, c'est le nombre effarant de signatures qu'une pétition instillant la peur de l'autre a récolté, comparativement à cette pétition [celle de la députée libérale] qui appelle simplement à la bienveillance», regrette Gabrielle Boulianne-Tremblay.
Bientôt un nouveau plan?
Gabriel Paquette et Jennifer Maccarone se disent inquiets du retard que prend la présentation du nouveau Plan d'action gouvernemental de lutte contre l'homophobie et la transphobie. Le dernier plan d’action 2017-2022 avait été prolongé d'une année, jusqu'au 31 mars 2023.
Interrogé à ce sujet, le cabinet de Martine Biron a affirmé à 24 heures que «les équipes travaillent sur un nouveau plan». «La ministre, qui a la responsabilité du bureau de lutte, le dévoilera en temps et lieu», nous a-t-on dit.