Pensionnats autochtones: a-t-on appris?


François-David Bernier
«Le présent est l’élève du passé», selon un vieux proverbe allemand. Le Canada doit tirer des leçons de son passé lié aux Premières Nations, victimes de discrimination et d’injustice systémiques. A-t-on appris de nos erreurs? Est-ce que l’affaire Joyce Echaquan vient nous rappeler que plus ça change, plus c’est pareil, et que le racisme systémique envers les autochtones est toujours présent? Jeudi le 30 septembre sera la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Ne pas oublier pourrait être la solution.
Quelque 150 000 enfants autochtones, métis et inuits ont été enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans ces pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture.
Beaucoup d’entre eux ont été soumis à de mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4000 y ont trouvé la mort, selon la Commission de vérité et de réconciliation du Canada, qui a conclu qu'il y a eu un véritable «génocide culturel» de la part du Canada.
La mise en œuvre de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens est l’un des plus importants règlements de recours collectif de l'histoire du Canada. La Convention de règlement prévoyait notamment l'établissement de la Commission de vérité et réconciliation du Canada afin de faciliter la réconciliation entre les anciens élèves des pensionnats autochtones, leurs familles, leurs communautés et tous les Canadiens.
À l’été 2021, la douleur du passé s’accentue pour les communautés autochtones après la découverte, par des fouilles géoradar, de centaines de tombes autochtones et de fosses communes sur différents sites de pensionnats autochtones.
Que dire de cette situation? C’est du passé et nous avons appris de nos erreurs? Pourtant, en plein été 2021, presque en même temps que la découverte des tombes des pensionnats autochtones, l’enquête publique du Bureau du coroner sur l’affaire Joyce Echaquan nous apprend les horreurs concernant la mort de cette femme autochtone. Des comportements indignes, qui relèveraient d’un racisme systémique envers les autochtones. Comment ça, ça existe encore, même après toutes les horreurs du passé mises au grand jour?!
J’espère donc que maintenant ça changera pour de bon et que nous pourrons vivre en harmonie afin d’éviter de telles atrocités. Le passé doit nous éduquer pour le futur, et ne pas oublier pour que ça ne se reproduise plus jamais pourrait être une grande partie de la solution. Comme avec les Guerres mondiales, l’oubli, qui revient à perdre l’enseignement du passé, est le danger qui nous guette.
C’est pourquoi la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation le 30 septembre prochain est très importante. C'est maintenant une journée commémorative nationale et officielle. Elle est maintenant là pour nous rappeler de ne pas faire les mêmes erreurs. La réconciliation est possible, mais il faut être vigilants 365 jours par année, et il y a encore du travail à faire.
Un message de Jean-Claude Therrien-Pinette (directeur de cabinet du chef des Uashat-Mani-utenam), sur sa page Facebook, résume bien cette volonté de réconciliation et du vivre-ensemble harmonieux: