Nomades, Luc Senay et sa conjointe vivent dans un VR
Daniel Daignault
Revenir à l’essentiel Luc Senay et sa femme, Janie Gaumond-Brunet, ont en quelque sorte choisi de faire table rase et d’adopter un autre style de vie. Cette volonté s’est traduite par la vente de leur résidence et de nombreux biens pour faire de leur véhicule leur nouvelle maison. Ils nous expliquent cette décision, qui n’est pas sans susciter plusieurs commentaires et interrogations!
Le couple vit à présent dans son VR CosyRoad. Ce projet a mûri durant quelques années. En 2017, Luc et Janie s’achètent un VR, pour voyager un peu partout au Québec et aux États-Unis. C’est le coup de cœur. En 2020, ils désirent traverser le Canada avec leur véhicule pour une série documentaire, mais le projet tombe à l’eau en raison de la pandémie. Puis, l’idée de vendre leur maison de Shefford a germé. «En général, on accumule avec les années. On se dit qu’on ramasse des trucs pour notre vieillesse et pour être en sécurité. Nous, on a décidé de faire tout le contraire, explique Janie, qui est réalisatrice et scénariste, et l’initiatrice du projet. Luc a eu une petite résistance au début et disait qu’on allait se garder un pied-à-terre.» La résistance n’a pas duré! Le couple n’a pas non plus entreposé une foule de choses dans un espace de rangement... en attendant. «On a vidé la maison un mois avant Noël. Il y avait beaucoup de choses dans cet entrepôt», dit Luc.
S’alléger, toujours plus
Tous deux ont donc entrepris de se départir de leurs biens, notamment en donnant des choses à une maman ukrainienne et sa fille qui venaient d’arriver. «Elles n’avaient rien. On leur a donné 15 bacs de vaisselle, des couvertures, des vélos, et on a vendu à d'autres gens les pièces majeures qu'on avait», dit Janie. Ils ont entrepris de remettre des objets, des cadeaux offerts aux gens concernés. «J'ai appelé une de mes ex qui m'avait offert une toile, raconte Luc. Je lui ai dit qu'on se défaisait de tout, et qu'avant de la donner à quelqu'un d'autre, je voulais savoir si elle désirait la ravoir. Elle était contente!»
Tous deux avouent que l'exerice a été plus facile qu'ils ne le pensaient. «J'avais environ 3000 photos et Luc avait des albums, des articles de journaux. J'ai tout numérisé. On a fait le ménage dans les meubles, les bijoux, les vêtements, les décorations de Noël, ce qu'on avait qui servait à cuisiner... Les trophées, les Gémeaux, on s'est demandé ce qu'on allait faire avec ça!» Janie a eu l'idée d'organiser un gala où monsieur et madame Tout-le-Monde pourraient se procurer un trophée tout en permettant d'amasser des fonds pour les membres de l'Union des artistes qui ne travaillent pas beaucoup. «On est contents, car nos biens connaissent une seconde vie. On a gardé le minimum pour aller dans le VR. Quand on se met à faire le ménage dans tout ce qu'on possède, on réalise qu'il y en a, du stock!»
Il a donc été convenu que le véhicule deviendrait leur maison sur roues ainsi qu'un lieu de travail. «Si Janie doit revenir ici pour le travail, on se déplace, elle fait ce qu'elle a à faire, et on s'en retourne ensuite.» «On a dû trouver des idées pour travailler dans notre VR, ajoute Janie. Le but est d’abord de documenter tout ce qu’on va faire dans le camion à l’aide de caméras, montrer qu’on peut vivre avec le strict minimum.» Janie et Luc ont de belles idées de projets reliés à leur nouveau mode de vie.
Un amour qui dure
En couple depuis 23 ans, ils se sont mariés en 2008. Leur chimie est indéniable, et il le faut pour entreprendre un tel changement de vie! «On voulait vivre une affaire différente, et on avait une petite idée de comment ça pouvait se passer parce qu’on l’a vécu avec le petit VR qu’on avait. On n’a pas voulu un Winnebago de 42 pi de long: notre véhicule en fait 22. C'est tout petit et, comme le dit Janie, c'est un ballet de vivre dans un VR, il faut se coordonner. Si elle est au lavabo, je n'y vais pas!» Et l'acteur d'ajouter: «Quand tu as ta maison, tu restes là. On était bien à cet endroit et on aimait mieux recevoir que d'aller chez les gens. Donc, avec une maison, tu attends que les chums viennent chez toi. Mais il y en a beaucoup que tu ne vois pas parce qu'ils n'ont pas le temps ou qu'ils sont comme toi et préfèrent rester chez eux. Ce qui est fantastique, c'est que là, on va pouvoir aller dans les cours de nos amis! J'ai l'impression qu'on va plus les voir...»
Il confie, au sujet de la décision de repartir, en quelque sorte, à neuf: «Robert Gravel disait: ''Tu ne peux pas faire le plein si tu n'as pas fait le vide.'' Ce vide-là ne me fait pas peur, car il apporte une forme de liberté. Ça me plaît de ne pas toujours voir les mêmes lieux.» Lorsqu'on se demander si, au bout d'un an, ils pourraient décider de rebrousser chemin, Luc répond qu'il ne sait pas, et Janie affirme: «Moi, je n'achèterai plus de maison, c'est sûr. On a mis tellement d'argent à faire des rénovations!» Fin 2022, le couple a pris la direction de la Floride, puis s'est rendu en Californie pour aller retrouver, entre autres, Michel Barrette. Janie y est restée, mais Luc est revenu de Las Vegas début janvier pour entamer la tournée de la pièce Le loup, dans laquelle il joue avec Maude Guérin. «Si Janie est encore aux États-Unis quand la tournée sera finie, le 18 mars, je prendrai l'avion pour aller la rejoindre où elle sera.» En 2023, l'acteur aura aussi, en principe, un rôle dans une série qui sera tournée aux îles de la Madeleine. «J'ai beaucoup travaillé en 2022; j'ai joué dans six séries, en plus d'un petit rôle dans Testament, le prochain film de Denys Arcand. Je pense que je n'ai jamais autant travail!» lance celui qui aurai 65 ans en novembre, en plus de célébrer 50 ans de carrière. Luc a aussi signé la mise en scène, avec Réal Béland, de La nature comique.
Suivez Luc Senay dans 5e rang le lundi, à 20h, à Radio-Canada.
On le verra aussi dans Mégantic dès le 9 février sur Club illico.
