Nick Suzuki réconforte un pee-wee Ukrainien endeuillé
Benoît Rioux
Le temps d’un instant, cette rencontre entre un jeune joueur de l’Ukraine et Nick Suzuki aura, autant que faire se peut, allégé un terrible drame : celui d’avoir perdu son père à la guerre.
Yehor Kosenko, dont le papa est décédé durant l’invasion russe en Ukraine, a profité du passage de son équipe au Centre Bell, hier, pour partager un précieux moment avec le capitaine du Canadien.
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« Je n’ai pas de mots pour décrire à quel point j’étais excité de rencontrer Nick Suzuki, a témoigné le hockeyeur, encore les yeux brillants. C’est vraiment excitant d’être ici et c’était intéressant de voir les joueurs à l’entraînement, ce matin. »
Mis au courant du drame ayant affligé le jeune Kosenko, Suzuki a naturellement pris soin de lui offrir ses plus sincères condoléances et d’y aller de quelques mots d’encouragements. Ils ont ensuite pris une photo ensemble.
« Papa serait fier de moi »
Kosenko a souri. À n’en point douter, l’actuel périple des hockeyeurs ukrainiens, en marge du Tournoi pee-wee de Québec, vient mettre un baume au cœur de ces jeunes touchés par la guerre. Or, il n’efface pas tout.
Par l’entremise de l’entraîneur Yegueniy Pysarenko, qui servait d’interprète, le jeune Kosenko a accepté de parler brièvement au Journal de sa situation afin de rendre hommage à son père.
« C’est difficile pour moi de penser à lui, mais je sais que papa serait fier de moi, a-t-il dit, les yeux remplis d’eau et la gorge nouée par l’émotion. Je me considère vraiment chanceux de faire partie de ce voyage au Canada. »
« Impressionant »
Kosenko estime que son plus beau moment vécu jusqu’ici au Québec entoure la victoire de l’équipe ukrainienne à son premier match du tournoi, samedi, dans un Centre Vidéotron rempli. C’est d’ailleurs Kosenko qui avait inscrit le premier but de son équipe, sous les applaudissements de la foule, dans un gain de 3 à 1 contre une formation de Boston.
« Il y avait plusieurs personnes et on sentait le soutien des gens, a décrit Kosenko. C’était impressionnant, mais ça faisait du bien. »
« C’est une expérience fantastique, avec autant d’équipes de partout dans le monde », a résumé celui qui porte le numéro 10, à propos du tournoi de Québec.
La guerre se poursuit
Après l’entraînement matinal, la formation de l’Ukraine a assisté au match entre le Canadien et les Blackhawks de Chicago, en soirée.
Une autre expérience devant offrir de beaux moments. Une autre expérience qui, toutefois, n’allait pas faire oublier complètement tout le reste.
Car pendant ce temps, il y a encore deux autres joueurs de l’équipe ayant un père engagé dans le conflit contre la Russie. C’est le cas pour le petit Mykyta Staskevich, dont le papa, dans son habit de soldat, a fait parvenir une vidéo aux jeunes pour les encourager à distance.
« Ça fait chaud au cœur de voir cette équipe, a pour sa part réagi l’entraîneur-chef du Canadien, Martin St-Louis, qui a aussi posé avec les jeunes, en matinée. Mon père était à leur premier match samedi [à Québec]. Il a manqué le match du Canadien pour voir l’Ukraine. Ils ont gagné et ont aussi remporté leur deuxième match.
« On ne peut pas imaginer ce qu’ils vivent comme pays, a ajouté St-Louis. Les jeunes ont la chance de vivre une expérience normale dans un sport, comme des jeunes devraient vivre. Ce sont des moments pour oublier leur réalité. »
- Avec la collaboration de Jean-François Chaumont et Rodger Brulotte