NFL: une entrevue bidon teintée de racisme
Agence QMI
La règle Rooney n’est qu'un écran de fumée selon une poursuite civile déposée mardi par l’entraîneur Brian Flores, qui reproche à la NFL et à trois de ses équipes leur discrimination raciale pendant des processus d’embauche.
L’ancien pilote des Dolphins de Miami poursuit ainsi ses anciens employeurs, les Broncos de Denver et les Giants de New York, réclamant un recours collectif.
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Mise en place en 2003, la règle Rooney requiert que chaque équipe qui cherche à pourvoir le rôle d’entraîneur-chef – et depuis 2020 ceux de coordonnateur et de directeur général – fasse passer une entrevue à au moins un candidat d’une minorité visible.
«Alors que les barrières raciales ont été érodées dans de nombreux domaines, la NFL vit dans le passé, peut-on lire dans la déclaration d’ouverture de la poursuite. La NFL reste en proie au racisme, en particulier en ce qui concerne l'embauche et la rétention des entraîneurs-chef, coordonnateurs et directeurs généraux noirs.»
«Des règles ont été implantées, des promesses ont été faites, mais rien n'a changé. En effet, la discrimination raciale n'a été qu'aggravée par l'engagement fallacieux de la NFL en faveur de l'équité sociale.»
Une entrevue bidon
La semaine dernière, les Giants auraient en effet choisi d’embaucher Brian Daboll comme entraîneur-chef avant même l’entrevue prévue avec Flores. C’est nul autre que le pilote des Patriots de la Nouvelle-Angleterre Bill Belichick qui lui en a fait l’annonce par message texte. Cette mascarade permettait malgré tout aux Giants de respecter la règle Rooney.
«Les Giants s’en seraient probablement tiré avec cette forme la plus insidieuse de discrimination si l'entraîneur Bill Belichick ne l'avait pas divulguée par erreur à M. Flores dans des messages textes», peut-on lire dans les documents déposés dans un tribunal de New York.
Les Broncos lui auraient joué le même tour en 2019.
En Floride, Flores a été congédié au mois de janvier après deux saisons consécutives avec une fiche gagnante. Il reproche maintenant au propriétaire Stephen Ross de lui avoir promis 100 000 $ pour chaque défaite en 2019 afin de procéder à une reconstruction (NDLR : «tanking»), ce qu’il a refusé. Ross aurait ensuite terni la réputation de Flores en le qualifiant de «personne avec qui il est difficile de travailler».
«Comme une plantation»
En date de mardi, seulement un pilote de la NFL est noir et il s’agit de Mike Tomlin (Steelers de Pittsburgh). Six DG sont noirs. Pourtant, 70 % des joueurs des 32 équipes sont noirs, selon la poursuite. Et selon celle-ci, le tout s’explique par de claires démonstrations de racisme.
«À certains égards, la NFL est gérée comme une plantation», affirme la poursuite.
«En termes simples, la NFL a adopté la position selon laquelle les Blancs ont simplement de meilleures capacités cognitives que les Noirs. C'est la définition même du racisme – l'hypothèse selon laquelle quelqu'un n'est pas aussi intelligent qu'une autre personne à cause de la couleur de sa peau.»
La NFL réagit
Peu de temps après le dévoilement de la poursuite de Flores, la NFL a publié un très bref communiqué.
«La NFL et ses clubs sont profondément engagés à garantir des pratiques d’emploi équitables et à continuer de progresser en offrant des opportunités équitables dans l’ensemble de nos organisations. La diversité est au cœur de tout ce que nous faisons. Il y a peu de problèmes sur lesquels nos clubs et notre équipe de direction interne passent plus de temps. Nous nous défendrons contre ces réclamations, qui sont sans fondement», a réagi le circuit du commissaire Roger Goodell.
Pour la cause
En saisissant la justice contre la NFL, Brian Flores est conscient qu’il devra peut-être faire une croix sur sa carrière au sein du circuit. Mais il est prêt à se sacrifier pour faire avancer les choses.
«Dieu m'a doté d'un talent spécial pour être entraîneur au football, mais le besoin de changement est plus grand que mes objectifs personnels», peut-on lire dans une déclaration publiée par ses avocats.
«En prenant la décision de déposer une plainte pour un recours collectif aujourd'hui, je comprends que je risque [de ne plus être] entraîneur dans le sport que j’aime et qui en a tant fait pour ma famille et moi. Mon souhait sincère est qu'en se dressant contre le racisme systémique dans la NFL, d'autres se joindront à moi pour veiller à ce que des changements positifs soient apportés pour les générations à venir.»
Flores a passé 11 ans dans l’organisation des Patriots dans divers rôles, remportant quatre Super Bowl. Il a accepté un premier poste comme entraîneur-chef en 2019 avec les Dolphins de Miami. Il a conservé un dossier de 24-25 à la tête du club floridien.