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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

N’aurait-on pas dû voir venir?

Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2021-12-17T10:00:00Z
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On s’attendait à un coup de massue.

À l’annulation totale de Noël et du jour de l’An. Sans fête aucune.

Finalement, le gouvernement Legault, bien qu’il dit « piler » sur son orgueil et recule sur des allègements annoncés, évite la matraque.

De toute manière, après presque deux ans de pandémie, les citoyens auraient-ils obtempéré ?

Pas des menaces policières, comme en 2020. François Legault insiste sur la responsabilisation, le « jugement ».

Déjà, bien des Québécois avaient compris : annulation de leur réservation au restaurant, leur 5 à 7 de fin d’année, leur party de bureau, leurs déplacements.

Le coup de massue, il est là : pour les commerces, qui devront fermer ou renouer avec des capacités réduites à 50 %.

Comme l’an passé

Le gouvernement, lui, s’est fait avoir par la COVID à Noël pour une deuxième année de suite.

L’an passé, il avait dû annuler un plan bancal.

Cette année, le 29 novembre, alors que le variant Omicron était identifié, le premier ministre a spéculé sur la possibilité de tenir des rassemblements de 20 à 25 personnes pendant les fêtes. Son ministre, le même jour, rappelait la règle : 10 maximum.

Cela créa de la confusion, une fausse impression de sécurité. Et entraîna peut-être des dérapages : des groupes qui ont tenu dans les derniers jours des fêtes à 25, 50 personnes, multipliant les infections.

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On comprend le premier ministre d’être « tanné ». Nous le sommes tous, mais l’on ne peut s’empêcher d’avoir l’impression que cet automne, il a pris à la légère certains aspects de la lutte.

Il n’est pas le seul : Justin Trudeau, le 23 novembre, dans son discours du Trône, affirmait : « Les Canadiens veulent mettre la pandémie derrière eux. » Comme si c’était possible ! Non, c’est le virus qui décide !

M. Legault aussi, s’échappait, parlait parfois de la pandémie au passé, semblant prendre ses désirs (et les nôtres !) pour des réalités.

Le pire

Dans son discours d’ouverture, le 19 octobre, il déclarait tout de même que « cette longue bataille qu’on a livrée au virus n’est pas encore finie. » Mais ajoutait : « Je suis plus confiant que jamais depuis le début de la pandémie que le pire est derrière nous. »

Or, le pire (nombre de cas) est souvent dépassé, dans bien des endroits de la planète, en raison du variant Omicron. Il le sera peut-être aujourd’hui au Québec.

Le pire, c’est aussi se dire : mais ne savions-nous pas depuis 2020 que ce qui arrive en Europe finit par survenir ici ? N’aurait-on pas dû en profiter pour voir venir ?

Dans son discours d’ouverture, François Legault insistait pourtant : « Il va falloir rester vigilants, faire preuve de prudence, de prévoyance. »

Est-ce que ce fut vraiment le cas ? Pas sûr.

Exemples : fermeture de sites de vaccination. Hésitations étranges dans deux domaines : la ventilation des espaces clos (notamment des salles de classe), l’analyse (le fameux criblage) des virus.

Bien sûr je fais partie des nombreux « gérants d’estrade » en ces matières.

Mais il y a dans les reculs d’hier soir une sorte d’aveu d’impréparation qui, avec le temps, avec les enquêtes sur la première vague, pourrait finir par occulter les réels succès de ce gouvernement lors des deuxième, troisième et quatrième vagues.

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