Mystère avec la soirée de la Fierté
Jean-François Chaumont
Le Canadien a choisi la visite des Capitals de Washington jeudi soir au Centre Bell pour souligner la solidarité de l’organisation envers la communauté LGBTQ+. Mais à la veille de cet événement qui devrait rester rassembleur, il y avait encore bien des doutes.
En conférence de presse après un entraînement de près d’une heure, Martin St-Louis a entretenu le mystère sur les intentions de ses joueurs à endosser le chandail multicolore, emblématique de la Fierté.
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Questionné à savoir si les 20 joueurs de l’équipe sauteront sur la glace pour l’échauffement avec cet uniforme sur le dos, St-Louis a refusé d’y répondre directement.
«Je répondrai aux questions demain quand j’aurai toutes les informations, a dit l’entraîneur en chef. Je me préparerai à répondre aux questions difficiles. Mais le Canadien de Montréal prend cette journée très au sérieux. Il s’agira d’une belle journée. Nous en parlerons demain.»
«Toutes les causes sont importantes, a-t-il poursuivi. J’aime tout le monde, j’accepte tout le monde, peu importe ta religion, ta race ou ton orientation sexuelle. Je suis un gars qui souhaite la bienvenue à tout le monde. Dans le sport, c’est pareil, c’est comme ça.»
Plusieurs controverses
Quand St-Louis fait allusion à de possibles questions difficiles, il prépare possiblement le terrain à un geste de distanciation.
À Philadelphie, Ivan Provorov avait ouvert le bal au mois de janvier en refusant de participer à la période d’échauffement pour ne pas endosser le chandail arc-en-ciel.
John Tortorella avait défendu son joueur en disant qu’il avait fait ce choix pour des convictions personnelles et religieuses. Depuis cet incident avec les Flyers, d’autres joueurs ont décidé de renoncer à cette soirée de la Fierté.
Ilya Lyubushkin (Sabres), Andrei Kuzmenko (Canucks), Ilya Samsonov (Maple Leafs), James Reimer (Sharks) ainsi que les frères Eric et Marc Staal (Panthers) ont suivi le chemin de Provorov.
Reimer et les frères Staal ont invoqué leur foi et des passages de la Bible pour renoncer à cet événement. Du côté des joueurs originaires de la Russie, il y avait des motifs religieux, mais aussi une crainte pour leur sécurité en raison d’une loi russe qui interdit toute propagande sur les relations sexuelles non traditionnelles.
La vague de protestations a aussi frappé des équipes au complet. Les Rangers de New York, le Wild du Minnesota, les Blackhawks de Chicago et les Blues de Saint-Louis ont fait des X sur des soirées pourtant prévues au calendrier.
Une question de solidarité
À l’intérieur du vestiaire du CH, Jonathan Drouin, Samuel Montembeault, Chris Wideman et Cayden Primeau ont tous dit qu’ils endosseront l’uniforme multicolore. David Savard et Jordan Harris avaient également dit qu’ils voulaient y participer, mais ils resteront sur la touche en raison de blessures.
«Il y a des personnes qui ont de la misère à sortir du placard et qui vivent ça difficilement, a rappelé Primeau. Si nous pouvons montrer notre soutien et notre aide, ça peut devenir un geste simple qui aidera une personne. C’est juste un chandail, mais il y a une symbolique.»
«On en a parlé comme équipe, a renchéri Drouin. Je pense que tout le monde est ouvert. Notre équipe n’est pas une équipe qui ne veut pas mettre le chandail ou passer à autre chose. C’est important qu’on supporte cette cause-là, qu’on supporte tout le monde. Le Canadien est vraiment ouvert, on est pas mal tous unis. On va faire ce qu’on peut pour que tout le monde vienne au Centre Bell, que tu sois homosexuel ou peu importe, ça ne change rien dans ma vie. On est tous dans le même bateau.»
Un silence
Si Drouin a évoqué le souhait de voir toute l’équipe dans le même bateau, le CH n’a pas offert cette certitude.
Denis Gurianov, l’unique russe au sein du Tricolore, n’a pas rencontré les médias à la veille du match contre les Capitals. Il pourrait imiter certains de ses compatriotes en citant une crainte de représailles à son retour dans son pays.
L’histoire récente parmi les équipes de la LNH nous informe toutefois qu’il n’y a pas seulement les joueurs russes qui ont tourné le dos à la communauté LGBTQ+.