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Mycoplasma pneumoniae: le Québec doit-il craindre une épidémie de pneumonie comme en Chine?

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Photo portrait de Jean-Michel  Clermont-Goulet

Jean-Michel Clermont-Goulet

2023-11-30T20:35:12Z
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En Chine, des hôpitaux sont submergés d'enfants malades alors qu’une épidémie de pneumonie, possiblement provoquée par la bactérie Mycoplasma pneumoniae, se propage dans tout le pays. Des cas ont aussi été répertoriés en Europe. Est-ce une question de temps avant qu'une telle épidémie survienne au Québec? La bactérie est-elle dangereuse? Des experts répondent à nos questions. 

• À lire aussi: Hausse des cas de mycoplasma pneumoniae en France

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Qu’est-ce que la Mycoplasma pneumoniae?

Mettons d'abord une chose au clair: cette bactérie est connue depuis longtemps, explique à 24 heures le Dr Jasmin Villeneuve, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

La bactérie revient tous les trois à cinq ans, principalement entre l'automne et l'hiver, tout dépendant de la région du monde.

La Mycoplasma pneumoniae, qui se propage d’humain à humain par l'entremise de sécrétions respiratoires, provoque diverses formes d’infections, dont des pneumonies. Elle infecte davantage les enfants que les adultes et se soigne avec des antibiotiques.

Le Québec se dirige-t-il vers une (autre) épidémie?

Pas nécessairement. Il faut savoir que les Chinois vivent leur premier hiver sans restrictions sanitaires depuis la pandémie de COVID-19. Une flambée d’infections respiratoires comme celle qui survient actuellement n'a donc rien de surprenant. 

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«C’est un peu comme lorsqu’un enfant commence la garderie, il pogne tout, illustre le Dr Villeneuve. L’hiver passé, c’est ce qu’on a vécu, au Québec. Il y avait beaucoup d’enfants malades avec des virus respiratoires, probablement liés à la levée des mesures sanitaires en place.»

Le Dr Donald Vinh, médecin infectiologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), ne serait pas surpris d’apprendre que la Mycoplasma pneumoniae soit déjà dans la province. C'est toutefois difficile à savoir, parce que l'infection provoquée par la bactérie n'est pas une maladie à déclaration obligatoire (MADO).

Il est aussi difficile de savoir si la bactérie est déjà présente au Québec, parce que d'autres virus respiratoires actuellement en circulation (Influenza, virus respiratoire syncytial, COVID-19) peuvent provoquer des symptômes similaires et mener à des hospitalisations. 

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Comment se manifeste la bactérie?

Après la période d’incubation, qui peut durer jusqu’à trois semaines, la Mycoplasma pneumoniae peut causer différentes infections s'apparentant à un rhume, à une bronchite ou (la plupart du temps) à une pneumonie. 

«Quand on regarde dans nos gros bouquins de médecine, on parle de pneumonie atypique, c’est-à-dire qui ne se manifesteront pas toujours de la même manière d’une personne à l’autre», précise le Dr Villeneuve. 

Une personne infectée peut être asymptomatique. 

Pourquoi les enfants sont-ils plus affectés?

En Chine, la plupart des personnes infectées par la bactérie semblent être des enfants. Pourquoi? Parce que «les enfants sont sales», lance en riant Dr Vinh.

Les enfants ont tendance à se partager tout, à se tenir près les uns des autres et à se mettre les doigts (et toutes sortes d'objets) dans la bouche. 

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«Les enfants en bas âge sont d’excellents véhicules de propagation de microbes», souligne le médecin. 

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La Mycoplasma pneumoniae est-elle dangereuse?

Il ne faut pas prendre la bactérie à la légère, insiste le Dr Vinh. 

«C’est loin d’être bénin, car un pourcentage de personnes développeront une forme grave nécessitant une hospitalisation, rappelle le médecin. Des décès peuvent également survenir.»

«Quand on parle d’une infection, il n’y en a pas une qui est moins bonne pour nous, dit-il. C’est comme se demander si c’est fatal d’aller nager avec des dragons de Komodo. Certaines personnes n’auront pas de problème, alors que d’autres ne ressortiront pas indemnes de leur baignade», détaille-t-il. 

La pandémie de COVID-19 a-t-elle freiné Mycoplasma pneumoniae?

Même si les autorités sanitaires du Québec n'ont pas de données précises sur la Mycoplasma pneumoniae, les plus récents cas répertoriés datent d'avant la pandémie. On est peut-être dû, puisque la bactérie revient tous les trois à sept ans. 

Comme pour d'autres virus et bactéries, la pandémie de COVID-19 et les règles sanitaires ont néanmoins freiné la propagation. 

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