Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Mourir dans la dignité

Partager
Photo portrait de Danièle Lorain

Danièle Lorain

2022-12-04T10:00:00Z
Partager

Ayant quitté ce monde dimanche dernier, c’est ma première chronique qu’elle ne lira pas.

Louise-Odile, Zodile comme nous l’appelions tous, souffrait depuis quelques années du déficit en Alpha1- antitrypsine. Une maladie héréditaire affectant les poumons et le foie, qui la tenait prisonnière d’une bonbonne d’oxygène.

Début novembre elle nous a appelés, ses proches, pour nous faire part de la date de son décès, fixée au 27 novembre vers 14 heures.

Un compte à rebours.

Que dire à ton amie de jeunesse qui t’annonce sa mort programmée comme s’il s’agissait d’un voyage en train.

Elle nous parle au téléphone d’une voix claire et assurée, se régale de gâteau au chocolat, s’amuse comme une adolescente avec ses jeux vidéo, apprécie les films, les livres et la bonne compagnie, éclate encore de rire pour un bon mot. Pas vraiment une grabataire.

Mais en sa présence, cette pâleur, ce fil à oxygène dans ses narines, son souffle court, la dure réalité de ses années de confinement.

Dimanche dernier, nous étions quelques parents et amis dans son salon à Longueuil. Elle s’était bien assuré auparavant que nous nous sentirions capables de partager ces derniers moments avec elle en mangeant des petits sandwiches pas de croûte. Nous parlions de tout, et en buvant son grand verre de lait, elle nous disait combien la vie est belle.

Des instants, suspendus dans une dimension parallèle...

Puis, l’arrivée du médecin et de l’infirmière.

Elle s’est discrètement retirée dans sa chambre et m’a appelée à son chevet. Nos mains jointes, son regard bleu myosotis dans le mien, elle m’assure quitter ce monde en toute sérénité. Je suis sortie, son frère et ses cousins sont entrés, suivis du médecin et de l’infirmière.

Un long silence, rompu par le bruit de son long fil à oxygène glissant sur le plancher.

Dernière image 

Son visage sur l’oreiller, sur la table de chevet, ses lunettes, sa bouteille d’eau et au sol, bien rangées, ses pantoufles...

Publicité
Publicité