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Moscou aurait perdu plus du quart de ses tanks en Ukraine

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Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2022-07-08T20:55:24Z
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L’invasion de l’Ukraine coûte cher à la Russie. Après quatre mois et demi de combat, Moscou pourrait avoir perdu plus du quart de ses tanks disponibles en raison d’un défaut majeur de conception et d’une stratégie défaillante.

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La Russie possédait environ 3000 chars en état de combattre lorsqu’elle a lancé l’offensive en Ukraine, le 24 février dernier, selon plusieurs médias occidentaux.

En date du 8 juillet, après 135 jours de combats, la flotte de Moscou aurait perdu 848 chars, soit plus du quart de ses effectifs, selon Oryx, un blogue sur l'armée et le renseignement qui comptabilise et confirme les pertes russes en Ukraine sur la base de photographies envoyées de la zone de guerre, devenu une référence auprès des grands médias.

Des Ukrainiens observent la carcasse d'un char russe près de Kyïv, le 30 mai 2022.
Des Ukrainiens observent la carcasse d'un char russe près de Kyïv, le 30 mai 2022. AFP

Les responsables occidentaux et ukrainiens évoquent quant à eux des pertes «colossales» de plus de 1400 chars, alors que Moscou s’abstient de dévoiler l’état de ses effectifs sur le terrain. L’Ukraine aurait quant à elle perdu 200 de ces véhicules jusqu’à présent.

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La valeur d’un char soviétique oscillant autour d’un million US$, il pourrait s’agir de pertes totales d’une valeur de plus de 848 millions US$- soit l’équivalent d’un peu plus d’un milliard de dollars canadiens- pour l’armée russe, dans le scénario le moins pessimiste. 

À titre comparatif, l’armée soviétique n’avait perdu que 340 blindés en plus de 10 ans pendant la guerre en Afghanistan, entre 1979 et 1989.

Des tanks «décapités»

Ce qui semble particulièrement frapper les internautes en voyant les images qui proviennent des villes ukrainiennes où ont été abandonnées les carcasses de tanks russes, c’est l’état de destruction dans lequel se trouvent plusieurs d’entre eux. 

Complètement détruits, souvent qualifiés de «décapités» en raison de l’absence de la partie supérieure où se trouvent habituellement leurs canons, ces chars ont été, pendant la première phase de l’invasion russe, l’un des symboles forts de la déroute initiale des forces de Vladimir Poutine. 

Un vieux système de munitions défaillant

Mais comment expliquer que l’armée d’un pays longtemps considéré comme une grande puissance militaire essuie de tels dommages aux mains d’une adversaire que plusieurs croyaient battue d’avance ?

« Une des raisons pour lesquelles ils ont perdu autant de véhicules, c’est que la plupart des chars russes, à l’exception de quelques modèles, datent de l’époque soviétique. Ils sont vieux et désuets, comparativement à l’équipement fourni à l’Ukraine pour les repousser», explique le Dr Éric Ouellet, professeur spécialisé en commandement militaire stratégique et en prise de décision au Collège des Forces canadiennes. 

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Un problème de conception majeur de ces vieux chars, connu par les Occidentaux depuis la guerre du Golfe, a été mis en évidence sur le champ de bataille ukrainienne. 

Dans les tanks soviétiques, les munitions sont entreposées dans la partie supérieure du véhicule, là où le blindage est plus mince, ce qui rend les munitions vulnérables aux tirs ennemis. Lorsqu’un tir atteint ces munitions, l’explosion crée une réaction en chaine qui tue l’équipage et décapite le tank, expliquait au Washington Post Robert E. Hamilton, un analyste militaire du United States Army War College, en mai dernier.

L’armée russe aurait tenté de résoudre le problème en entourant les tourelles d’une boîte blindée additionnelle, que les systèmes de défense antitanks occidentaux livrés aux Ukrainiens «contournent en attaquant les chars par le haut», indique M. Ouellet. 

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Des véhicules lourds laissés à eux-mêmes 

Les forces russes ont également subi de nombreuses embuscades qui leur ont coûté cher en véhicules lourds. Jusqu’à récemment, les blindés et autres véhicules de combat russes semblaient avancer rapidement en territoire ennemi, sans soutien d’infanterie. Une grave erreur, note Éric Ouellet. 

«Il doit y avoir une symbiose entre les différentes forces, c’est bien connu depuis la Deuxième Guerre mondiale. Si un escadron de chars détecte des ennemis armés de missiles antichars, ils envoient l’infanterie pour neutraliser la menace. Une fois que le chemin est libre, les tanks peuvent avancer. Sinon, ils deviennent vulnérables. Les bataillons russes ne l’ont pas fait, et ils ont perdu énormément de véhicules blindés pour cette raison», détaille-t-il.

À la fin du mois de juin, l'Ukraine a annoncé qu’elle prévoyait de faire tourner une exposition de véhicules militaires russes détruits à travers l'Europe, dans le but de maintenir l’attention du public sur le conflit. 

Un des chars russes détruits est exposé à Varsovie, en Pologne.
Un des chars russes détruits est exposé à Varsovie, en Pologne. AFP

Deux de ces tanks sont actuellement exposés à Varsovie, en Pologne, et devraient ensuite prendre la direction de Berlin, Paris, Madrid et Lisbonne. 

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