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L'article provient de TVA Sports
Sports

Mondial féminin: l’expérience a parlé pour le Canada

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Tommy Thurber

2022-09-05T22:15:02Z
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Pour remporter l’or au Mondial de hockey féminin, le Canada devait museler une machine offensive américaine qui roulait à plein régime. La tâche était colossale, mais les joueuses de l’unifolié peuvent dire «mission accomplie».

Les Américaines ont outrageusement dominé certaines de leurs adversaires dans ce tournoi, décochant au moins 57 lancers contre le Japon, la Finlande, la Suisse et la Hongrie. La troupe de Troy Ryan n’a pas été épargnée, étant sèchement vaincue 5 à 2 en ronde préliminaire, notamment grâce aux 33 tirs des gagnantes.

Ainsi, l’objectif était clair pour la finale: empêcher la rondelle de se rendre au filet. Le plan a fonctionné puisqu’Ann-Renée Desbiens n’a été la cible que de 21 rondelles dans la victoire de 2 à 1, dimanche à Herning, au Danemark.

«Les États-Unis n’ont pas réussi à tirer autant qu’elles l’auraient voulu et qu’elles l’ont fait auparavant dans le tournoi, a analysé Danièle Sauvageau, lundi. On en a bloqué des tirs, et lorsqu’elles réussissaient à se rendre à Ann-Renée Desbiens, elle a été remarquable.»

Année particulière

Aux yeux de celle qui a mené l’équipe canadienne à la conquête de la médaille d’or aux Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002, cette victoire est également due à la résilience et a la faculté d’adaptation des joueuses.

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En effet, le Mondial n’avait pas lieu lors des années olympiques auparavant. Mais la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) a changé la donne lors d’un congrès en 2021, de sorte que les deux événements cohabiteront , à l'avenir.

«Les Canadiennes avaient bien progressé au cours de la semaine, a fait valoir Mme Sauvageau. Suivant les Jeux olympiques, elles ont été très sollicitées. Elles ont eu moins de temps que d’habitude pour faire ce qu’on appelle la période de transition et ensuite la préparation générale.»

Quoi qu’il en soit, l’expérience a fait la différence pour les Canadiennes dans les moments les plus importants. Et les plus jeunes étaient là pour s’en abreuver.

«Le dernier tir du match a été bloqué par nulle autre que Marie-Philip Poulin, a souligné avec justesse Mme Sauvageau. Les vétéranes ont continué de progresser et elles ont joué avec magie au moment où ça comptait le plus. Et les plus jeunes, qui avaient été mises de côté l’année dernière pour les Jeux olympiques, ont réussi à prendre leur place. [...] Quand on regarde les jeunes, je pense que le Canada n’a rien à envier à personne.»

Parité : une question de moyens

Sans s’insurger, Danièle Sauvageau ne cache pas qu’elle en a assez de se faire questionner sur le manque de parité sur la scène mondiale du hockey féminin tout en appelant à poursuivre les efforts pour faire grandir le hockey féminin.

Encore une fois, le Canada et les États-Unis ont occupé les devants de la scène mondiale lors d’un rendez-vous important. Avec les Championnats du monde et les Jeux olympiques, les deux pays se sont rencontrés 26 fois en 28 finales depuis 1990.

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Cette domination est due aux ressources déployées et à la structure de développement qui permettent aux joueuses de continuer à pratiquer le hockey après le parcours scolaire. En effet, encore trop peu de joueuses peuvent profiter d’infrastructures comme celles disponibles en Amérique du Nord, et quelques rares élues peuvent affirmer gagner leur vie grâce à leurs prouesses sur la glace.

«Imaginez un joueur de 23 ans repêché dans la Ligue nationale, mais qui n’a pas de structure pour se développer et pas de salaire, a imagé Mme Sauvageau, lundi. Est-ce qu’il continuerait à jouer? La réponse est non. Je pense que ce sont là les vraies questions, et évidemment les vraies réponses.»

Fierté

Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas aux Canadiennes de ralentir. Et pour ceux qui affirment que le manque de parité nuit au spectacle, Mme Sauvageau estime que l’essentiel repose au-delà du spectacle. Selon elle, c’est plutôt le sentiment de fierté que cette victoire canadienne devrait inspirer.

«J’ai l’impression d’être un record brisé, a lancé Mme Sauvageau. Est-ce qu’on a demandé à Serena Williams de ralentir? Je regardais de loin la Formule 1 en fin de semaine. C’est toujours deux, trois, quatre pilotes [qui luttent pour la victoire]. Alors là, on a deux pilotes: les États-Unis et le Canada. C’est le meilleur du hockey féminin. Il faut en être fiers, le soutenir et continuer à l’appuyer.»

Un Mondial formateur pour tous, même les arbitres

Les Américaines ont accusé leurs rivales du Nord de plonger pendant la finale du Mondial de hockey féminin. Il s’agit de déclarations de bonne guerre reflétant l’intensité de la rivalité, aux yeux de Danièle Sauvageau.

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L’attaquante Abby Roque avait été cinglante après la défaite. «Je crois que plusieurs membres de leur équipe jouent la comédie. Je trouve cela ridicule», a-t-elle amèrement lancé dimanche, selon la chaîne Sportsnet.

Sans cautionner ce genre d’allégations, la patronne du Centre 21.02 à Montréal croit que le sentiment d’injustice devient inévitable lorsque les arbitres jaugent leur niveau de tolérance aux enjeux de la partie.

«Les officielles ont décidé de laisser jouer comme elles avaient fait dans le premier match, a constaté Mme Sauvageau, lundi. À partir du moment où tu laisses aller des choses et qu’il y a une infraction qui est appelée, tout devient discutable des deux côtés.»

Progresser

L’arbitrage n’a peut-être pas été parfait, mais tout comme les joueuses, les femmes portant l’uniforme rayé doivent également avoir cette opportunité d’évoluer sur les plus belles scènes pour progresser. Élizabeth Mantha a notamment eu cette chance avant de briser le plafond de verre dans d’autres circuits tels que la Ligue américaine de hockey (LAH).

«Moi, ce que j’ai peut-être reproché aux arbitres, c’est de siffler trop rapidement avec la rondelle en jeu, a lancé Mme Sauvageau. Mais c’est une question de positionnement et d’habitudes.»

«Il faut s’assurer que ces femmes qui sont impliquées dans l’arbitrage soient aussi exposées au plus haut niveau possible. Comme on le voit ici au Canada, comme les Élizabeth Mantha de ce monde qui sont rendues à arbitrer des matchs du Rocket de Laval», a fait valoir Mme Sauvageau.

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