«Mon avenir, je ne sais pas il est où» - Marc Bergevin
Jean-François Chaumont
Marc Bergevin a testé positif vendredi à la Covid-19. Pour reprendre ses mots, c’était la cerise sur le sundae à un horrible début de saison.
Frappé par ce satané virus, l’homme de 56 ans a ressenti de légers symptômes.
Voyez Bergevin en entrevue avec Renaud Lavoie dans la vidéo ci-dessus.
- À lire aussi: COVID-19 : progrès significatif chez les Sénateurs
- À lire aussi: Price ne sera pas de retour la semaine prochaine
«J’ai eu des symptômes, mais je me sens beaucoup mieux aujourd’hui (samedi). J’ai juste beaucoup mal dans le dos, je suis courbaturé. Et j’ai une petite toux. Hier (vendredi), j’ai eu des frissons. Heureusement, j’ai reçu mes deux doses pour le vaccin. »
«Je resterai à l’écart de l’équipe pour dix jours, on commencera le décompte probablement à partir de jeudi. Je serai à la maison pour les dix prochains jours. Je ne peux pas sortir. Si je pars au IGA, le IGA se videra rapidement puisque tout le monde sait que j’ai testé positif à la COVID-19!»
Bergevin garde son sens de l’humour tant bien que mal. Mais on le sent grugé à l’intérieur par les déboires de son équipe. Il sait que le bateau coule de partout. Cette équipe qui se retrouvait à seulement trois victoires d’une 25e conquête de la Coupe Stanley au mois de juillet dernier a maintenant plus de chances de gagner la loterie pour le repêchage que de participer aux séries.
Comme architecte de l’équipe, Bergevin attirera les réflecteurs en sa direction pour décrire ce triste départ. Quand on lui demande si Dominique Ducharme reste son homme de confiance ou que si Trevor Timmins demeure le gourou du repêchage, il offre une réplique assez rapide.
«Dom est toujours un bon coach, ça n’a pas changé en quatre mois. Il n’a pas perdu sa chambre. Et tu me parles de Trevor, il est aussi toujours mon homme en ce moment. Mais si on cherche des coupables, je prendrai toute la chaleur (the heat) comme DG. Je peux mettre ça sur mon dos.»
Un avenir en doute
Il y a un autre éléphant dans la pièce. Et c’est l’avenir de Bergevin à Montréal. Geoff Molson, le silencieux propriétaire et président du CH, n’a toujours pas fait la lumière sur ce dossier. Comme il l’avait fait en début de saison, l’ancien défenseur a réitéré son amour pour le Tricolore sans toutefois y aller d’une orientation précise sur son futur.
«Mon avenir, je ne sais pas il est où, a répliqué Bergevin. Mais je peux dire une chose et c’est que j’ai cette équipe et l’organisation à cœur. Je suis un passionné. Autant les succès de l’équipe en séries m’ont rendu heureux. Je le démontrais comment je me sentais. Autant les déboires de l’équipe en ce début de saison viennent me chercher.
«Même si c’est ma dernière année, et ça je ne le sais pas encore, je veux le succès du Canadien. L’an prochain que je sois à l’épicerie, que je me retrouve chez moi ou que je travaille pour une autre équipe, je veux le succès du Canadien puisque j’ai construit cette formation au cours des dernières années. J’aime les joueurs de cette équipe.»
Reconnaître le problème
À la veille du match contre les Predators de Nashville au Centre Bell, Josh Anderson a admis que la situation contractuelle du DG de l’équipe pesait sur le moral des joueurs. Mais le gros ailier a également tenu à dire que le blâme reposait sur les joueurs, non pas sur les entraîneurs ou les gestionnaires de l’équipe.
«J’aime ça comme réaction de la part de Josh, a affirmé Bergevin. C’est comme une personne qui a un problème de consommation. Tant que tu ne fais pas face à ton problème, tant que tu ne t’avoues pas à toi-même que tu as un problème, tu restes dans le trouble. C’est un premier pas pour les joueurs de l’admettre. Ils ont une partie du blâme. Ce sont les joueurs qui embarquent sur la glace. Il y a des matchs où ils ne sont pas capables de réussir des jeux très simples comme une passe de dix pieds sur la palette. Ça reste de l’exécution.
«Oui, il y a un problème de confiance, mais aussi d’exécution. J’ai vu des erreurs qu’on ne voit pas souvent pour des joueurs de la LNH. Souvent, j’ai le sentiment qu’on ne s’applique pas, qu’on ne fait pas attention aux détails. Et je remarque ça depuis le début du camp.»
En entrevue au collègue Pierre Lebrun, du site The Athletic, Bergevin a décrit la perte de Carey Price avant le premier match de la saison comme une brique qui tombait sur la tête des joueurs. Il a réitéré les mêmes propos au Journal.
«J’ai parlé à quelques joueurs après le départ de Price pour le programme d’aide de la LNH. Il y a un sujet qui revenait souvent. Les gars se sentaient mal, il y avait un gros sentiment de culpabilité. Ils auraient aimé percevoir des signaux pour aider leur coéquipier, leur ami. Dans leurs yeux à eux, il était trop tard.
«Quand je suis sorti de cette rencontre, où j’ai annoncé le départ de Carey pour le programme d’aide de la LNH, je sentais les gars assommés. Je l’avais dit à Dom et aux adjoints. C’est comme si on venait de couper les jambes à plusieurs gars.»
Même si Price est de retour dans l’entourage du CH, les joueurs n’ont toujours pas retrouvé leurs jambes.