Misons sur le «Variant humain positif»
Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique, Québec
Les manifestations de camionneurs à Ottawa et bientôt à Québec pour « la liberté » reflètent ce que j’appelle maintenant le « Variant humain négatif ». Il est imprévisible et résistant à tous les vaccins.
Je ne le juge pas, car il reflète le ras-le-bol collectif face aux mesures de confinement. En effet, 90% de la population de 12 ans et plus au Québec est vaccinée et malgré ce résultat exceptionnel nous continuons à subir des mesures sévères de confinement.
Ne devrions-nous pas apprendre à vivre de façon permanente avec la COVID-19 et former ce que plusieurs spécialistes en santé appellent une « immunité collective » soutenue par un nouveau contrat social sanitaire? Pour y parvenir, misons sur nos forces plutôt que sur nos faiblesses. Pour caricaturer, je mise sur notre plus grande richesse, notre potentiel humain que je surnomme le « Variant humain positif ».
nous intéresse.
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Toutefois, le manque de ressources humaines en santé ou plutôt la mauvaise gestion de nos ressources humaines nous a amenés à bâtir un système de santé nettement dysfonctionnel. Le meilleur exemple est l’utilisation encore répandue d’agences privées pour combler le manque de souplesse des horaires de travail de notre réseau de santé actuel, et ce, malgré l’attractivité des bonus offerts pour les infirmières à temps plein, soit plus de 15 000 $.
Nous avons besoin d’un nouveau contrat social sanitaire, car malheureusement, l’Institut national de la santé publique (INSPQ) nous confirme ce que nous savions déjà, à savoir que le Québec est l’endroit dans le monde occidental où nous avons le plus haut taux de mortalité par personne et le moins de lits disponibles dans nos hôpitaux toujours en proportion de notre population. Alors, par où commencer? Le gouvernement prépare une refondation du système de santé, ne pourrait-il pas y ajouter des éléments hors de la structure actuelle? Voici mes 3 propositions basées sur une meilleure utilisation du « Variant humain positif ».
Un nouveau contrat social sanitaire en trois dimensions, l’une professionnelle, l’autre sociale et enfin celle du secteur privé.
La dimension professionnelle : un Réseau intégré de professionnels engagé en santé
Il est urgent de mettre tous les professionnels de la santé dans un même réseau engagé dans la santé, et ce, par région ou par communauté, regroupant les médecins, les infirmières, les pharmaciens, les psychologues, les physiothérapeutes, etc. Pensons-y, plus de 900 000 Québécois n’ont accès à aucun médecin de famille, de plus il y a l’engorgement des urgences, les longues listes d’attente en chirurgie, et ce, même avant la pandémie. Un Réseau intégré de professionnels engagés en santé favoriserait un désengorgement permanent de notre système de santé, puisque tous les intervenants travailleraient en collaboration et en réseau grâce à un guichet unique communautaire.
La dimension sociale : une force de réserve sanitaire
Dans le cadre de la refondation du système de santé, nous devrions mettre en place une force de réservistes disponibles et capables d’intervenir en situation d’urgence. Est-ce possible de permettre la mobilisation des ressources humaines vivant dans la communauté comme les retraités, les étudiants ou des employés du secteur privé en les intégrant dans un service civil volontaire?
La dimension privée : un partenariat avec les cliniques de santé privé
Notre système de santé pourrait faire davantage appel à la contribution du secteur privé dans le cadre d’un partenariat avec des cliniques privées ou nous maintiendrions le même accès universel gratuit grâce au Régime d’assurance maladie du Québec.
Somme toute, le Québec a beaucoup de compétences en santé, il s’agit d’utiliser notre meilleure arme pour combattre le virus en misant sur notre « variant humain », notre plus grande richesse.
Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique, Québec