Coup d’éclat d’une militante russe: le vrai du faux démêlé
Agence QMI
Deux histoires distinctes seraient à prendre en considération dans l’histoire de la journaliste russe qui a interrompu un direct à la télévision pour faire passer un message sur le conflit en Ukraine, selon Yann Breault, chargé de cours au département de science politique de l’UQAM et codirecteur de l’Observatoire de l’Eurasie.
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La journaliste avait été arrêtée après son coup d’éclat et avait subi 14 heures d’interrogation. Elle a par la suite été libérée et condamnée à une amende de 30 000 roubles (près de 340 $), suscitant plusieurs interrogations quant à la véracité de cette histoire et sa possible mise en scène.
«L’histoire est drôlement relayée. Il y a deux choses ici qu’il faut distinguer: il y a son apparition théâtrale pendant l’émission de la première chaîne russe où elle sort avec son écriteau “Ne croyez pas à la propagande, on vous ment, non à la guerre” et elle a diffusé parallèlement une vidéo où elle explique pourquoi elle est indignée de cette guerre-là, où elle appelle les Russes à manifester», a expliqué M. Breault en entrevue mercredi à QUB radio.
L’amende en question est ainsi en lien avec la vidéo diffusée par l’intermédiaire d’une organisation non gouvernementale, et non son coup d’éclat à la télévision.
«Elle n’a pas encore été jugée pour sa décision de faire ce coup d’éclat là dans les médias. Et pour ce coup d’éclat là, elle est passible, selon la nouvelle loi, de 15 ans de prison», a-t-il précisé.
«Ce que le pouvoir a fait, c’est de dire on la libère rapidement, on la condamne à quelques centaines de dollars, mais c’est comme si on a compris que c’était pour son geste à la télévision», a ajouté l’expert.
Cette intervention en direct à la télévision russe a été relayée dans plusieurs grands journaux russes, ce qui appuie le fait que cette histoire est plausible.
«Les Russes sont partagés, sont divisés. C’est dur de croire à un narratif qui n’est pas celui qui est porté par l’État», a soutenu M. Breault. «La classe instruite, qui elle a quand même accès à l’information qui vient de l’extérieur [...], ils sont indignés de cette guerre-là pour la majorité.»