Lutte serrée dans Berthier–Maskinongé
Anne-Sophie Poiré
La candidate vedette du NPD Ruth Ellen Brosseau cause la surprise dans Berthier–Maskinongé coude à coude avec le député sortant du Bloc québécois Yves Perron.
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« C’est stressant ! On garde espoir, mais il n’y a encore rien de gagner », lance Ruth Ellen Brosseau, fébrile dans l’attente des résultats du dépouillement des votes.
La femme de 37 ans a décidé de recevoir les militants du NPD chez elle à Yamachiche, à la ferme Le rieur sanglier qu’elle possède avec son conjoint Nicolas Gauthier.
« J’ai pris racine dans Berthier–Maskinongé. Ici, il y a mon conjoint, ma famille, mes bêtes, mes poules, de grandes amitiés », raconte celle qui tente de regagner le siège qu’elle a occupé aux Communes pendant huit ans, ravi par le Bloc québécois lors de l’élection de 2019.
Et « tout le monde a mon numéro de cellulaire », ajoute Mme Brosseau à la blague.
« Faire mentir les sondages »
Dimanche, la candidate néo-démocrate détenait 26 % des intentions de vote contre 37 % pour le député bloquiste Yves Perron, qui ne s’inquiète pas des résultats très serrés du dépouillement des votes.
« Ça a fait la même chose en 2019 », rappelle le député sortant et président de la campagne du Bloc québécois.
Rien n’indiquait donc que Ruth Ellen Brosseau pourrait être élue dans Berthier-Maskinongé.
Mais dans cette circonscription campée entre la couronne nord de Montréal et la ville de Trois-Rivières, « Ruth Ellen a toujours fait mentir les sondages », souligne Charlène Guertin, la directrice de campagne de la néo-démocrate.
« On le voit sur le terrain, poursuit-elle. Quand les gens l’aiment, ils l’aiment tellement ! »
Ainsi, le pari des néo-démocrates d’obtenir au moins un député en plus au Québec pourrait être tenu si Ruth Ellen Brosseau réussit à rejoindre le chef adjoint du NPD Alexandre Boulerice réélu dans Rosemont, à la Chambre des communes.
« Il y a deux ans, il y a beaucoup de gens qui ont été déçus de perdre Ruth Ellen Brosseau comme député. [La] rajouter, ce serait une belle victoire », a d’ailleurs lancé M. Boulerice quelques minutes après sa victoire.
La courte « campagne de terrain » menée par Mme Brosseau pourrait finalement d’être payante.
« Ruth incarne l’accessibilité et l’authenticité de la nouvelle vague de politiciens. C’est une femme qui s’implique, qui répond aux questions. Elle était partout pendant la campagne », fait valoir Maxime Pelletier, un bénévole pour la campagne de Mme Brosseau.
De fantôme à résidente
Ruth Ellen Brosseau a d’abord été élue en 2011 portées à Ottawa par la vague orange, alors qualifiée de candidate « fantôme » et de candidate « poteau ». Elle ne parlait pas français et n’avait jamais mis les pieds dans la circonscription.
Mais, les choses ont bien changé depuis.
En 2011, « elle ne savait pas ce qu’elle faisait et maintenant, elle fait son travail mieux que tout le monde », souligne Arthur Potter, 20 ans, qui a fait la route depuis Gatineau pour soutenir Ruth Ellen Brosseau.
Elle était parmi les 44 candidats néo-démocrates sur 103 à être réélue au parlement en 2015, un siège aisément reconquis avec plus de 42 % des votes.
Pour la présente campagne, Ruth Ellen Brosseau a ressorti de la grange les pancartes et les pamphlets remis aux électeurs en 2019 « parce que les enjeux sont les mêmes », selon elle : doter la région d’une meilleure couverture cellulaire, s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre et soutenir davantage au milieu agricole.
