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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Meurtre de Serge Boutin: des témoins décrivent les dernières heures avant son enlèvement

Capture d’écran TVA NOUVELLES
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Guillaume Cotnoir-Lacroix

2025-01-29T23:46:35Z
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Les heures qui ont précédé l’enlèvement de Serge Boutin sont de plus en plus limpides, au procès pour meurtre au premier degré de Charles Lassonde. Des témoins qui ont vu l’accusé, sa conjointe Lana Dubois ou la victime dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 ont pris la barre aujourd’hui, pour la suite du procès.

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Jean-Denis Desloges était un ami de consommation de la victime Serge Boutin. Il a expliqué aux 13 jurés que dans la nuit fatidique, Serge Boutin lui avait dit qu’il avait « fait un coup de cochon à Lana », soit Lana Dubois, la conjointe de l’accusé. Boutin pensait toutefois se faire pardonner en raison de sa longue amitié avec elle.

Quand toutefois aux petites heures du matin, Lana Dubois et Charles Lassonde les ont retrouvés, aux abords d’un immeuble à logements de Val-des-Sources, Jean-Denis Desloges, a vite compris le sérieux du couple. Selon son récit, Boutin était alors entré dans un des logements de l’immeuble alors que lui l’attendait dans une voiture. Lassonde et Dubois se seraient stationnés derrière lui, avec leur Jeep.

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Lassonde serait débarqué de sa voiture et aurait sommé Serge Boutin de sortir du logement dans lequel il se trouvait. À sa sortie à l’extérieur de l’immeuble, Lassonde aurait agrippé Serge Boutin par l’épaule avant de le frapper avec ce que le témoin a appelé un « bâton », sans pour autant pouvoir en préciser le type.

La victime, diabétique, aurait même demandé à pouvoir récupérer son insuline avant d’être enlevée. Charles Lassonde lui aurait répondu qu’il « n’en aurait plus besoin ». En contre-interrogatoire, Me Martin Latour, qui représente Lassonde, a toutefois montré que Desloges a parfois dit dans certaines de ses déclarations précédentes que c’était plutôt Lana Dubois, la conjointe de l’époque de Lassonde, qui avait tenu ces propos. Le témoin a toutefois maintenu sa version selon laquelle c’est Lassonde qui avait lancé ces paroles.

Serge Boutin aurait été embarqué de force dans la voiture du couple, qui aurait ensuite quitté les lieux.

M. Desloges a en outres décrit le mode de vie de Serge Boutin qui habitait parfois à une place, parfois ailleurs, jamais très longtemps. « Il était malcommode un peu, Serge », a-t-il témoigné, sourire en coin.

Un autre témoin, Stéphane St-Cyr, habitait le logement dans lequel se trouvait Serge Boutin, au moment d’être retracé par Charles Lassonde et Lana Dubois aux petites heures du matin.

« Serge débarque et vient me voir chez nous. Il a toujours été de même, il arrive comme un cheveu sur la soupe. Je pensais qu’il venait m’emprunter de l’argent », a-t-il débuté.

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« C’est pas ça qu’il m’a demandé. Il avait l’air nerveux », a lancé le témoin. « Il me disait que [Lassonde et Dubois] l’accusaient d’avoir hacké le téléphone », a continué M. St-Cyr.

« Charles s’est présenté dans la fenêtre de salon. Il a dit ‘’Serge vient ici faut que je te parle’’ », a expliqué le témoin, qui a décrit un ton « fâché » de Lassonde. La victime serait alors sortie à l’extérieur et lui serait resté à l’intérieur du logement.

« Je reste assis à ma table parce que je pense qu’il va rentrer après. Après ça, ça s’est mis à crier, ça parlait fort. Mon châssis était ouvert », a-t-il détaillé.

« J’entendais crier et monter le ton », a poursuivi M. St-Cyr, ajoutant qu’il s’agissait de « voix d’hommes ».

Le témoin a expliqué avoir voulu sortir à l’extérieur pour dire aux personnes impliquées « d’arrêter de crier ». Or, au moment de sortir, Jean-Denis Desloges était déjà à l’intérieur du bloc appartement, a-t-il indiqué.

« Avant même que je puisse aller dehors voir ce qui se passait, leur dire de baisser le ton, [Lassonde, Dubois et la victime] avaient déjà quitté ».

Stéphanie Fennety, 49 ans, avait été la première à se présenter à la barre, mercredi matin. Elle a d’abord expliqué aux 13 jurés que sa vie a beaucoup changé depuis les événements.

« Cette période-là n’est pas la même qu’actuellement dans ma vie. À l’époque des événements, j’étais en consommation, j’étais en rechute. Aujourd’hui, je suis en abstinence complète, a-t-elle témoigné. Elle a aussi témoigné qu’elle vendait des stupéfiants pour s’en payer elle-même, à l’époque.

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Le 7 juillet 2021, vers 1-2h du matin, elle jouait au SkipBo avec un ami à son domicile de Val-des-Sources. Les deux prennent alors un verre et « consomment » lorsque deux individus cognent à la porte.

« C’est Charles et Lana qui arrivent chez moi et qui me demandent si Serge est chez moi. Je dis non, il n’est pas ici. Je les sentais stressés, je sentais qu’il y avait quelque chose. » - Stéphanie Fennety, témoin au procès de Charles Lassonde

Les deux l’auraient alors informée que Serge Boutin souhaitait les pirater eux, mais elle aussi. En contre-interrogatoire, Mme Fennety a reconnu que c’est Lana Dubois qui racontait l’histoire. « Oui, c’est elle qui prenait les devants et c’est avec elle que je parlais le plus », a-t-elle indiqué.

Devant Lassonde et Dubois, elle aurait appelé sur le cellulaire de Jean-Denis Desloges, le sachant avec Serge Boutin. « Il m’a mis sur haut-parleur, j’ai dit à Serge ‘’peux-tu venir chez moi, j’ai besoin de te parler c’est super important, c’est urgent’’. J’étais ferme. Je pense qu’il a compris le message mon ami », a-t-elle expliqué.

« Pendant que je parle au téléphone, Lana fait un signe en disant ‘’ne dit pas que je suis là’’ », a-t-elle aussi expliqué.

« Tout de suite après ça, [Lassonde et Dubois] sortent de chez moi. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je regarde mon ami qui est chez moi et je lui dis ‘’pourquoi ils sont partis?’’ », a expliqué la témoin.

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Boutin serait parti de Danville pour venir chez elle, conduit par Desloges, et aurait eu ladite conversation avec Stéphanie Fennety. Il aurait alors nié vouloir s’en prendre à elle.

« Je t’aime bien trop pour ça voyons, je ne te ferai jamais ça », aurait dit Boutin, à la satisfaction de Mme Fennety. Il aurait quitté par la suite, avec son ami Jean-Denis Desloges au volant.

« Jean-Denis va revenir chez moi, peut-être un 10 minutes après leur départ de lui et Serge, raconte la témoin. Il va venir nous annoncer ce qu’il a vu, ce qu’il s’est passé. L’enlèvement de Serge », a expliqué la témoin.

Mme Fennety aurait donné un point de rendez-vous à Lana Dubois et à Charles Lassonde, quelques heures après l’enlèvement, pour s’enquérir de l’état de Serge Boutin.

« ll est parti pour un crisse de boute », aurait dit à un certain moment Lana Dubois, qui aurait néanmoins expliqué qu’ils avaient remis Serge Boutin « à des gars de Sherbrooke ».

« Ça n’avait pas de sens pour moi. Lui [Charles Lassonde], il ne parle pas. C’est tout elle [Lana Dubois]. C’est avec elle que je discute. Lui, il est en arrière d’elle », a précisé Mme Fennety.

Elle aurait finalement contacté la sœur de Serge Boutin environ trois semaines après les événements pour lui signaler la disparition de son frère.

Un total de 3 témoins se sont présentés à la barre aujourd’hui. Le jury a aussi pu entendre l’extrait audio du témoignage d’une dame aujourd’hui décédée, qui habitait un logement du bloc appartement près duquel Boutin aurait été enlevé. Qu’ils aient été témoins de l’enlèvement ou qu’ils se soient inquiétés de l’état de santé de Serge Boutin dans les jours suivant, personne parmi eux n’a appelé la police. Un élément que n’a pas manqué de rappeler l’avocat de Charles Lassonde aux 3 témoins qui se sont présentés devant lui, pendant leur contre-interrogatoire respectif.

Le procès se poursuit jeudi.

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