Merci aux vrais combattants de la liberté
Richard Martineau
Le journalisme est un drôle de métier.
Vous devez parler de ce qui « fait » la nouvelle.
C’est-à-dire, plus souvent qu’autrement, l’avion qui s’écrase plutôt que les dizaines de milliers d’avions qui, chaque jour, décollent et atterrissent sans problème.
Les 10 % d’obstinés qui ne veulent pas se faire vacciner plutôt que les 90 % de gens qui ont reçu leur vaccin.
La minorité de camionneurs qui manifestent et bloquent des routes plutôt que la grande majorité de camionneurs qui continuent de travailler et de livrer des marchandises.
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Ceux qui font le bien
Ce qui fait que lorsque vous lisez le journal, ou que vous regardez le bulletin d’information, au lever du jour ou à l’heure du souper, vous avez l’impression que le monde va mal.
Que tout tourne tout croche.
Alors qu’en réalité, le monde va plutôt bien.
Il y a pas mal plus de maisons qui n’ont pas passé au feu, hier, que de maisons qui ont été détruites par un incendie.
Mais que voulez-vous, c’est la nature de la bête.
Un journaliste, c’est un peu comme un parent qui a 10 enfants, et qui s’occupe de celui qui va mal plutôt que des neuf autres qui vont relativement bien.
Alors, aujourd’hui, si vous le voulez bien, j’ai le goût de m’occuper des neuf qui vont bien.
Qui bossent.
Qui foncent.
Qui ne ralentissent pas le groupe.
Qui nous permettent au contraire d’avancer.
Malgré les difficultés.
Pas les bozos qui foutent le bordel dans l’avion et qui, ensuite, blâment tout le monde pour leurs problèmes, non. Mais les passagers qui respectent les règles.
Ceux que les « combattants de la liberté » appellent avec mépris « les moutons ».
À BOUT DE BRAS
Merci tout d’abord aux travailleurs de la santé qui tiennent le système à bout de bras, et qui sont les premiers touchés par l’obstination égoïste des antivax.
Merci aux profs qui continuent d’enseigner dans des conditions qui sont loin d’être optimales.
Merci aux restaurateurs qui se sont « revirés sur un dix cennes » et qui se sont réinventés, nous permettant de goûter leurs plats même si leur salle à manger était fermée.
Merci aux camionneurs qui, chaque matin, sautent dans leur engin pour se joindre au plus gros convoi du pays – celui des travailleurs qui travaillent.
Et merci à mes confrères et consœurs journalistes qui, chaque jour, se font insulter et menacer parce qu’ils donnent la parole à de vrais experts, et non à des ploucs qui affirment que le vaccin, « c’est de la grosse marde comme dans chez marde ».
Oh, je sais, c’est pas mal plus spectaculaire de prendre le micro et de gueuler contre la tyrannie et la dictature.
Ça fait « rock’n’roll ».
On se démarque, en faisant ça. On passe pour « des vrais de vrais », des « purs et durs », des rebelles, des pirates.
Mais c’est irresponsable.
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SALUT, LES VRAIS !
Bref, merci de tout cœur à ces millions de gens qui, aux quatre coins du Québec, sans crier, sans s’énerver, font ce qu’il faut faire pour protéger notre système de santé déficient et accélérer la sortie de crise.
Vous êtes, dans « mon livre à moi », comme dirait l’autre, les vrais combattants de la liberté.