Trafiquants de drogue tués à Montréal: victimes d'une purge interne des Hells?
Trois trafiquants de drogue sont morts depuis un mois et les tueurs n’ont même pas tenté d’être discrets
Frédérique Giguère
Les trois trafiquants de drogue liés aux Hells Angels assassinés depuis un mois à Montréal pourraient être les premières victimes d’une purge interne liée au territoire, croient des enquêteurs retraités spécialisés dans le crime organisé.
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Des trois meurtres survenus dans l’est de la métropole depuis la mi-mai, deux ont été commis en plein jour et devant de nombreux témoins, alors que le véhicule de la troisième victime a été retrouvé complètement calciné dans un parc familial.
Une flambée de violence sur la place publique plutôt anormale pour les Hells, croient des experts.
«Ce n’est pas la façon dont ils travaillent normalement», lance Paul Laplante, ancien chef de Carcajou, l’escouade spéciale mise sur pied en 1995 pour freiner les motards criminalisés.
«Depuis la fin de la guerre des motards, où ils avaient perdu beaucoup de capital de sympathie en raison des victimes innocentes, ils se faisaient plus discrets quand ils avaient des comptes à régler», précise pour sa part le capitaine retraité Pierre Lapointe, l’un des fondateurs de Carcajou.
Plusieurs témoins
Il n’y a effectivement rien eu de discret dans le cas de Stéphane Dupuis, 51 ans, criblé de balles le 12 avril alors qu’il attendait pour entrer dans un lave-auto de l’arrondissement Saint-Léonard, en plein avant-midi.
Le tireur a pris la fuite à bord d’un véhicule, qui a été retrouvé à quelques pâtés de maisons. Le tireur avait tenté de l’incendier, en vain.
Mercredi dernier, ce fut le tour de Sébastien Giroux, un autre trafiquant bien connu des autorités.
Il a reçu une balle en pleine tête sur une artère commerciale du quartier Saint-Michel, en fin de journée, un secteur extrêmement achalandé à cette heure : deux écoles secondaires, un parc et une bibliothèque s’y trouvent dans un rayon de 300 mètres.
Le criminel de 36 ans devait recevoir sa sentence quelques heures plus tard dans un dossier de complicité après le fait pour une affaire de meurtre.
Amateurisme inquiétant
Finalement, dimanche, le cadavre calciné d’Hugues Leblanc a été retrouvé ligoté et placé dans un sac de couchage à l’intérieur du coffre de sa Tesla incendiée. Tout indique que l’homme de 48 ans avait été tué avant d’être placé dans sa voiture.
«C’est de l’amateurisme, pour moi, dit Jean-Claude Gauthier, policier retraité de l’escouade antigang de la police de Montréal. C’est vraiment inquiétant de les voir opérer en plein jour comme ça où il y a tellement de gens innocents autour. Ça ressemble beaucoup à une purge à l’interne.»
L’hypothèse la plus plausible pour l’ancien sergent-détective est celle voulant que les trafiquants aient pu développer des réseaux de vente parallèles pendant la pandémie en raison de difficultés d’approvisionnement.
L’importance de la loyauté
«Mais les Hells sont des gens qui ont la loyauté à cœur, dit-il. Si c’est su, ce n’est pas toléré.»
Pierre Lapointe croit également qu’une restructuration des territoires de vente pourrait être en cause.
«Ils veulent peut-être passer un message clair et montrer qui est responsable de quel territoire. Si certains ont voulu être indépendants, ça ne passe pas. Ça n’a jamais passé.»
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