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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Menaces, tarifs et ralentissement économique: voici comment fonctionne une guerre commerciale

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28 mars à 10h18
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Donald Trump agite le spectre d'une guerre commerciale d'une rare intensité, menaçant ses partenaires commerciaux d'une multitude de droits de douane au risque de gripper les échanges mondiaux.

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Si le président américain a retardé l'exécution de certaines de ses menaces, il a annoncé mercredi 25% de droits de douane additionnels sur les voitures et pièces détachées entrant sur le sol américain, et promet une nouvelle salve le 2 avril prochain.

Escalade et engrenage

«Un pays paraît faible s'il n'impose pas de mesures de rétorsion» face aux hausses des droits de douane, explique Aurélien Saussay, professeur à la London School of Economics.

Et les promesses de rétorsions n'ont pas tardé à arriver, voire à être directement mises en œuvre: dès les premières mesures américaines, la Chine a répliqué avec des taxes contre des produits issus de l'agriculture américaine.

L'Union européenne a promis de répondre d'ici mi-avril aux 25% de droits de douane que pourrait annoncer Donald Trump le 2 avril.

Au-delà des mesures de représailles qui pourraient se multiplier, la guerre commerciale va engendrer une surproduction dans les pays producteurs.

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«C'est notamment la crainte des Européens, qui pourraient non seulement moins exporter vers les États-Unis, mais aussi voir la Chine tenter d'inonder leur marché pour compenser sa baisse des exportations vers les États-Unis. Ce à quoi l'Europe répondrait à son tour par une hausse des droits de douane pour protéger son industrie», explique Éric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.

Le risque est selon lui celui d'une «chaîne sans fin de mesures protectionnistes».

Baisse de la croissance

«L’imposition de nouveaux taux douaniers bilatéraux et l’aggravation connexe des incertitudes politiques et géopolitiques exerceront un effet de freinage» sur le commerce, prédit l'OCDE dans son rapport de mi-mars, dans lequel elle a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale.

Mécaniquement, la hausse des barrières douanières entraîne une baisse des exportations et donc une baisse de l'activité dans les pays producteurs. «Des débouchés disparaissent, ce qui menace des emplois et la croissance», explique Aurélien Saussay.

L'un des pays les plus menacés par la guerre commerciale est le Mexique, parmi les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, qui devrait entrer en récession en 2025 selon l'OCDE. Le Japon, où un emploi sur dix est lié au secteur automobile, est également très exposé.

Au sein des pays dits «émergents» dont les économies sont très dépendantes des matières premières, à l'instar du Brésil, la réaction en chaîne d'une telle guerre commerciale est aussi observée de près.

Si la politique des États-Unis «ralentit significativement» la croissance mondiale «au point que les prix des matières premières en pâtissent», il y aura «un impact négatif» pour les pays émergents, à l'instar du Brésil, selon Benito Berber, chef économiste chez Natixis.

Intenable?

La hausse des barrières douanières que pourrait engendrer la politique de Donald Trump s'il met ses menaces à exécution serait inédite depuis près d'un siècle et plonge les acteurs du commerce mondial dans l'inconnu.

«Le système commercial mondial survivra-t-il aux droits de douane de Trump?», s'interrogeait par exemple jeudi Alan Wolff, ancien directeur général adjoint de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dans une note publié par le Peterson Institute for International Economics.

Mais Donald Trump fait face à la pression des marchés et des industriels de l'automobile, réticents à l'éviction de barrières douanières, et pourrait payer un prix politique fort de conséquences sociales ou inflationnistes importantes engendrées par ses décisions.

Ce pourrait par exemple être le cas avec les taxes imposées au Mexique: «plus Trump est agressif envers le Mexique, plus les conséquences sur l'économie américaine sont fortes», souligne Benito Berber, économiste en chef de Natixis.

«Les pensions américaines dépendent beaucoup plus directement de la Bourse, et plus de la moitié des Américains possèdent des actions», souligne Aurélien Saussay, qui note que Donald Trump a déjà «reculé» à plusieurs reprises depuis qu'il agite ses menaces de droits de douane.

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