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Même les policiers pensent qu'il faut décriminaliser la possession de drogue

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Photo portrait de Andrea Lubeck

Andrea Lubeck

2021-09-09T11:00:00Z
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Décriminaliser les drogues pour mieux lutter contre les surdoses, ce n’est pas une idée farfelue : la plupart des intervenants sont en faveur de celle-ci, tout comme... le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM)! 

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Le SPVM s’est positionné au début de l’année en faveur de la décriminalisation de la possession simple de drogue, soit une quantité dédiée à la consommation personnelle.  

Il s’ajoute à une myriade d’autres intervenants qui appuient le mouvement, comme la Dre Teresa Tam, administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada, le Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique du Québec et la Dre Mylène Drouin, directrice régionale de la santé publique de Montréal. 

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Les élus montréalais ont aussi voté en faveur d’une motion demandant à Ottawa de décriminaliser la possession simple de drogue, comme l’ont fait Vancouver et Toronto. Ces deux villes ont chacune énoncé leur intention de le faire par voie de règlement, mais elles ont également exhorté le fédéral d’emboîter le pas à l’échelle du pays. 

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Être dépendant, ce n’est pas un crime  

Dominick Gravel/Agence QMI
Dominick Gravel/Agence QMI

Avec cette position, la police de Montréal suit les traces de l’Association canadienne des chefs de police (ACCP), qui avait appelé à la décriminalisation de la possession simple l’an dernier. 

«L’ACCP reconnaît que l’usage et la dépendance aux drogues sont des enjeux de santé publique», avait affirmé Adam Palmer, président de l’ACCP. «Être accro à une substance contrôlée n’est pas un crime et ne devrait pas être traité comme tel.» 

Le SPVM a cependant souligné que la décriminalisation doit s’accompagner «de ressources et mesures complémentaires pertinentes [en santé et pour l’accès aux soins]».  

Julie-Soleil Meeson de l’Association des intervenants en dépendance du Québec (AIDQ), plaide aussi pour une augmentation des investissements dans la réduction des méfaits et dans la prévention. 

Julie-Soleil Meeson
Julie-Soleil Meeson Photo courtoisie

Décriminaliser ne veut pas dire légaliser  

Attention : quand on parle de décriminalisation, c’est uniquement pour la possession simple. Ça n’inclut donc pas le trafic et ce n’est surtout pas la légalisation des substances, comme on l’a vu avec le cannabis. 

Malgré tout, décriminaliser les drogues lèverait tout un stigma qui pèse sur les épaules des consommateurs de substances, affirme Julie-Soleil Meeson. 

«Ça permettrait aux autres types d’intervenants – que ce soit les médecins, les ambulanciers ou les policiers – de voir les personnes qui consomment comme des humains à part entière. Ça permet de voir la consommation d’une autre lunette, celle de la crise de santé publique plutôt que celle de la criminalité.» 

La décriminalisation pourrait également s’accompagner d’un approvisionnement sécuritaire pour les substances reconnues qui ne mettraient pas les consommateurs en danger de mort. 

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«Les médecins auraient la légitimité pour prescrire des opioïdes sans se sentir comme des pushers et jouer dans la zone grise de la loi. Et avec cet approvisionnement sécuritaire, ça donne la chance aux gens de se prendre en main, d’avoir une meilleure santé physique et mentale», précise celle qui est criminaliste de formation. 

Éviter la prison   

Elle permettrait aussi d’éviter les mesures répressives, comme les peines de prison aux consommateurs qui ne font que posséder de la drogue. «Quand tu as un dossier criminel, ça vient avec un lot de problèmes qui te suivent pour le reste de ta vie. Il y a certains emplois que tu ne peux pas occuper, des études que tu ne peux pas faire, des pays que tu ne peux pas visiter. C’est lourd», précise Julie-Soleil Meeson. 

Mais la décriminalisation n’est pas un remède miracle ; c’est plutôt une première étape pour gérer une crise des surdoses sans précédent. «Il ne faut pas croire que parce qu’on décriminalise, que tous les problèmes vont s’évaporer. Ça va enlever un certain fardeau, et à partir de là, on peut construire autre chose», conclut Julie-Soleil Meeson. 

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