Mélissa Désormeaux-Poulin aborde l’avenir de ses filles dans le milieu
Michèle Lemieux
À une époque où la nouveauté est souvent valorisée, Mélissa Désormeaux-Poulin privilégie les engagements à long terme dans tous les domaines de sa vie. C’est en effet dans la continuité qu’elle s’épanouit et elle en a fait la preuve dans différents domaines. Durant l’été, l’actrice a consacré du temps à sa vie familiale et s’est challengée en pratiquant différentes activités. Ces jours-ci, nous la retrouvons au petit écran alors qu’elle renoue avec ses personnages dans des séries très attendues: Classé secret et Lac-Noir.
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Mélissa, ton personnage de Rachel nous revient dans Classé secret. Que nous réserve cette deuxième saison?
Rachel est seule. Elle n’a plus son amoureux, car il est décédé, et elle se reconstruit lentement. Elle a accepté un gros poste à son bureau. Elle est presque parfaite, cette fille-là. Elle est comme un robot. Comme elle traverse un deuil, elle est déstabilisée, mais quelqu’un se chargera de la déstabiliser encore plus... Dans Classé secret, on ne sait jamais qui est de son côté et qui ne l’est pas. La deuxième saison met beaucoup cet aspect en relief.
Il faut vraiment être fait pour évoluer dans ce milieu...
Oui. Et c’est fascinant de penser que l’espionnage canadien existe vraiment. Ceux qui travaillent dans ce milieu sont capables de vivre des vies différentes de la nôtre. Quand ils effectuent une mission, c’est comme s’ils entraient dans un tunnel. Même si Rachel a beaucoup d’amour pour ses enfants, elle est capable de faire sa job. Mais cette année, elle sera très déstabilisée et elle prendra de mauvaises décisions, ce qui mettra en danger la vie de gens qu’elle aime. Elle sera désemparée.
Quand tu quittes ton personnage, considères-tu que tu es chanceuse de ne pas mener ce genre de vie?
Oui, car les gens qui travaillent dans ce milieu vivent vraiment une grande pression. C’est un monde qu’on ne connaît pas. Ce n’est pas pour rien que c’est «classé secret». Alors oui, j’apprécie le fait de ne pas avoir à porter ce poids sur mes épaules, mais je me considère comme chanceuse de pouvoir y goûter en jouant ce personnage. Avec Rachel, j’apprends plein de choses. Elle ne laisse jamais transparaître ses émotions. Après les tournages, j’étais complètement raquée! Quand je suis dans la peau de ce personnage, je ne cligne pas des yeux, je ne montre jamais mes dents et je ne bouge pas de manière fluide. J’ai aimé construire ce personnage. Elle est mon contraire, car moi, on peut me lire en trois secondes... J’ai une intelligence émotive, mais je n’ai pas ce genre d’intelligence.
Tu seras aussi de retour dans Lac-Noir, qui propose un autre univers...
Oui, ce sont deux univers complètement différents. Lac-Noir est une série d’horreur. J’ai beaucoup de plaisir à faire ce projet. Valérie, mon personnage, est une policière intuitive. Elle me ressemble plus que Rachel. C’est une maman. Elle veut protéger son fils. Elle craint pour sa vie, mais pas comme Rachel.
On t’a souvent sollicitée pour jouer des femmes fortes...
Étonnamment, je n’avais jamais rêvé d’incarner des avocates, des médecins et des dirigeantes, et j’en joue! C’est beaucoup de pression, car je veux faire honneur aux femmes qui pratiquent ces métiers. Cela dit, ça ne faisait pas partie de mes fantasmes. Il y a certains rôles qui me font plus peur, mais je les fais quand même.
Parlons de ton engagement auprès de Kia...
Il y a cinq ans que j’en suis la porte-parole. C’est vraiment agréable de tourner pour Kia. Ça me donne souvent l’occasion de voyager. Je ne pensais pas faire ça un jour. Pour moi, c’est le cadeau d’une vie! Ça me permet de dire non à certaines choses et d’être plus relaxe à la maison. Les pubs sont super belles! Je suis fière d’être associée à Kia.
Tu poursuis aussi ton engagement auprès de la Fondation Marie-Vincent?
Oui, depuis huit ans, et j’ai vu les choses évoluer. Au départ, ils étaient 30 intervenants — sexologues, médecins, psychologues, etc. Ils sont maintenant 85 à traiter les enfants. Le but, c’est de réduire la liste d’attente, car dès qu’un enfant est soigné, ça lui permet de revoir la beauté de la vie. Alors, c’est vraiment important. On connaît maintenant notre belle fondation qui traite les enfants victimes d’abus sexuels.
Travailler fort implique aussi de prendre le temps de décrocher. Qu’as-tu fait de ton été?
Est-ce la sagesse qui fait que je profite maintenant de mes vacances? Je n’en ai pas profité souvent, car avant, quand je m’arrêtais pendant deux semaines, j’avais hâte de recommencer à travailler. Cette fois-ci, j’avais besoin d’une pause. Classé secret, c’est beaucoup de travail. Quand je tourne un projet, il m’habite 24 heures sur 24. Je suis donc allée au Costa Rica. J’ai envie de voir autre chose, de vivre et de me nourrir. Ça m’a permis de revenir plus allumée.
Avez-vous fait une escapade en famille?
Oui, pendant une semaine seulement, mais nous avons tellement décroché! Nous étions loin de nos téléphones. En vieillissant, je réalise que j’aime relever des défis en me challengeant physiquement: escalader des montagnes, faire du surf... Ça m’amène à vivre dans le moment présent. Ça me permet de décrocher et ça me fait du bien.
Comme ton aînée est maintenant grande, considères-tu qu’il faut profiter le plus possible de ces moments en famille?
Oui, elle est rendue grande... J’ai l’impression qu’elle va voyager encore longtemps avec nous — mais c’est peut-être moi, sa mère, qui espère ça... (sourire) Nous sommes chanceux. Nous avons aussi voyagé avec des amis qui ont des enfants. Cet aspect familial entre amis me touche beaucoup. Ça crée des liens et des souvenirs.
Puisque tu as publié des photos prises avant le bal de Léa, nous avons réalisé qu’elle avait terminé son secondaire...
Oui. Elle a 17 ans. La vie va vite... Elle est maintenant en résidence: ça lui évite de faire de la route et ça lui permet de créer des liens. Je trouve ça beau de la voir aller. Je suis fière d’elle. Si je sentais qu’elle n’était pas bien, ce serait autre chose. Mais je vois qu’elle s’épanouit; c’est vraiment agréable pour une mère. Je considère que mon travail de mère, c’est de donner des ailes à mes enfants. Comme ça se passe bien, je me dis que nous avons sûrement fait de bonnes choses.
Ça te rend fière de voir tes filles franchir différentes étapes de vie?
Oui. Comme j’ai encore une petite à la maison, ça me permet d’être plus relaxe. Lorsque mes deux filles auront quitté la maison, ce sera peut-être différent... (sourire) Mais oui, j’aime les voir évoluer. Quand mes filles avaient six mois, deux ans, etc., j’aimais ce que nous vivions. Je ne m’ennuyais pas d’une autre période. Je peux être nostalgique, mais pas en ce qui concerne l’évolution de mes enfants.
Tes filles ont toujours manifesté de l’intérêt pour ton métier. Où en sont-elles sur ce plan?
Pour le moment, Léa s’oriente vers autre chose. Florence, quant à elle, a vraiment le désir de jouer. Elle a un rôle dans Entre deux draps. C’est facile pour elle. Ce l’est pour Léa aussi, mais elle s’intéresse beaucoup plus à l’animation et au journalisme; c’est quand même un domaine connexe. C’est sûr que ce sont des filles de communication.
As-tu le sentiment d’avoir profité du temps avec elles?
Oui. Je suis une maman qui est vraiment présente quand elle est à la maison. J’ai passé mes deux derniers étés avec mes filles. Je passe beaucoup de temps avec elles. Je les vois évoluer. Personne ne les élève à ma place. Ma petite a 10 ans. Entre 17 ans et 10 ans, il y a un monde! Elles ne sont pas à la même place. Elles s’aiment vraiment beaucoup, il n’y a aucune rivalité entre elles. Florence admire sa grande sœur. Nous sommes chanceux: nous avons une belle bulle.
Fais-tu beaucoup d’activités en famille?
Oui et, à la limite, je suis très intense... (sourire) Je trouve que les activités nous permettent de meubler nos journées et d’explorer plein de choses. Ça crée des souvenirs. Nous bougeons, nous profitons de la vie dehors. Il nous arrive de gravir une montagne ou encore de faire du yoga en famille.
C’est beau d’enseigner à ses enfants à faire une pause et à se recentrer...
C’est vrai, mais c’est super naturel pour elles. Elles sont très intéressées par le yoga. Comme je suis une hyperactive, je pensais que ce n’était pas pour moi. Mais quand on tombe en amour avec le yoga, on comprend ce que ça nous apporte. Les filles aussi apprécient cette activité.
À travers tes projets, tes engagements, ta vie familiale, tu es manifestement une fille qui s’épanouit sur le long terme...
C’est vrai. J’ai commencé dans ce métier alors que j’étais enfant. J’ai 42 ans aujourd’hui... C’est fou, quand on y pense! Et j’aime encore ce que je fais. J’aurais pu bifurquer vers autre chose, mais c’est encore le jeu qui me passionne et me donne des papillons.
En même temps, poursuivre sa vie sur le long terme représente sa part de défis, non?
On dirait que c’est tout ce que je connais. Je trouve que le long terme apporte une vérité et une vulnérabilité qu’on ne se permet que lorsqu’on a établi un lien de confiance. Ça nous ancre dans quelque chose. Alors oui, je suis vraiment une fille de long terme, et c’est aussi le cas en amitié. Pour durer, il faut passer par-dessus certaines choses. Qu’on parle d’une relation amicale, amoureuse ou autre, quand on aime une personne, on continue. C’est la même chose pour moi avec les réalisateurs: ça s’inscrit dans le long terme. Quand j’ai fait À vos marques... Party! avec Frédérik D’Amours, j’avais 25 ans. J’en ai 42. Et nous travaillons encore ensemble, car nous nous aimons. Nous avons appris à nous connaître. C’est la plus belle chose qui soit! Je comprends qu’on puisse aimer la nouveauté, car le changement, ça fait du bien, mais c’est plus confrontant de rester avec la même personne.
Si tu arrives à passer par-dessus certaines choses, est-ce parce que tu n’attends pas la perfection chez les autres?
Bien sûr, puisque moi-même, je ne suis pas parfaite! En fait, j’aime beaucoup l’être humain et je l’aime dans sa vérité. Connaître quelqu’un, ça ne se fait pas en cinq minutes. J’adore avoir un accès rapide aux gens, mais ce n’est pas vrai qu’un lien s’établit en un claquement de doigts. Il faut bâtir la relation.
Alors finalement, tu sais te montrer patiente...
Oui. Je suis patiente et je suis curieuse. C’est dans ma nature. J’aime tout de ma petite famille. C’est ce qui m’apporte ma solidité et ce qui me permet de voler d’un projet à l’autre sans être déstabilisée.
Cette stabilité, la trouves-tu aussi auprès de ton amoureux?
Bien sûr! C’est le meilleur père qui soit pour nos enfants. C’est mon partenaire. Nous avons grandi ensemble. Alors, je me trouve chanceuse.
La saison 2 de Classé secret, mercredi 21 h, sur ADDIK, dès le 18 octobre. La saison 2 de Lac-Noir sera offerte sur Club illico dès le 26 octobre. Du 28 novembre au 17 décembre, la Fondation Marie-Vincent propose un encan silencieux au cours duquel on pourra se procurer des objets qui ont appartenu à différentes personnalités. On s’informe à marie-vincent.org.
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