Mélanie Maynard a fait un pacte avec elle-même concernant sa carrière
Pascale Wilhelmy
Mélanie Maynard est actuellement en pleine période de récolte. Celle qui compte 30 années de métier ne s’arrête pas. On lui offre de nouveaux défis qu’elle relève avec aisance et bonheur. À sa manière, elle s’est aussi fait la promesse que, dans chacun des projets qu’elle entreprendrait, il y aurait du plaisir.
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J’arrive alors que la séance photo n’est pas encore terminée. Mélanie, en tailleur rose, tout en douceur, sourit, relève la tête, écoute les directives de Julien, le photographe, tout en soulignant qu’il est rare qu’elle se laisse mener comme ça. «Il me dit quoi faire!» lance-t-elle, en jouant l’offensée. J’ai devant moi une femme qui, manifestement, s’assume et semble heureuse. Il faut dire que ces derniers mois, les bonnes nouvelles se sont accumulées pour elle. Elle a pris la relève aux Enfants de la télé qu’elle coanime à sa manière auprès d’André Robitaille. Puis elle arrive à la barre de Sucré salé, la populaire émission estivale qui en est à sa 22e saison! Un projet qui l’emballe et la stimule.
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Mélanie, on a l’impression que tu es dans une belle période de ta vie!
Oui! Et je te dirais qu’en plus, ce sont toutes de belles surprises qui m’arrivent depuis quelque temps. La première fois qu’on cherchait quelqu’un aux Enfants de la télé, j’avais levé la main, et on ne l’avait pas vue. Ç’avait été la même chose pour Sucré salé. Quand la production cherchait un remplaçant à Guy Jodoin, j’avais aussi levé la main pour signifier mon intérêt... et on ne m’avait pas vue! (rires) Et là, ces deux émissions me sont soudainement proposées sans que j’aie rien demandé, alors je trouve ça formidable! C’est un beau retour de la vie.
Ce sont donc des défis qui t’emballent.
Oui. Et je suis la première femme à animer Sucré salé en 22 ans d’existence. J’ai aussi décidé de changer des choses dans ma vie, comme d’arrêter de faire de la radio. Ça fait huit ans que je suis à la radio le matin et que je me lève à 4 h du matin. J’ai aimé animer à la radio, ça m’a donné une belle proximité avec le public et ça a exacerbé mon côté sans filtre. Et quand tu animes une émission quotidienne de trois heures à la radio, il faut que tu improvises! (rires) Quand la proposition de Sucré salé est arrivée, je me suis dit: «OK, c’est ça que j’attendais!» Tout va bien entrer dans mon horaire. Je quitte la radio, j’anime Sucré salé, et après ça, je vais recommencer à vivre un peu. À l’automne, je vais juste avoir Les enfants de la télé. Je vais prendre du temps pour moi. J’ai vu ça comme une magnifique opportunité! Et Les enfants de la télé, ça m’a permis de revenir à la télé dans un format qui n’est pas rushant.
Qu’est-ce que tu veux dire?
J’ai fait un pacte avec moi-même. Je ne veux plus jamais être stressée dans la vie. Je refuse tout ce qui pourrait créer de l’anxiété chez moi ou m’empêcher de dormir. Les enfants de la télé, ça m’a permis de voir que je pouvais revenir à la télé en occupant un siège sans qu’il y ait de pression et sans que je sois obligée d’être toujours drôle. Tu vois, je ne cherche plus ça non plus. J’ai refusé tout ce qui était writers, écrit et punché à tout prix. Moi, je veux accompagner l’invité. Cette émission m’a permis de retâter de la télé et de voir ce qu’elle est devenue. Et avec la proposition de Sucré salé, pour moi, c’est comme si tout tombait en place. Je vais juste aller faire des rencontres. C’est vraiment de ça que j’ai envie, et sans stress.
Ça fait maintenant 30 ans que tu fais ce métier...
À un moment donné, on veut choisir ce qui nous rend heureux, et pas nécessairement le projet qui va nous faire briller. C’est une décision totalement assumée. Et au moment où ça arrive dans ma carrière, ce qui est très le fun, c’est que les gens savent ce que je fais et qu’ils connaissent ma couleur. Donc, même si je remplace quelqu’un, je ne sens pas que je dois mettre les souliers d’un autre ni que je dois jouer à être une animatrice que je ne suis pas. Sucré salé, c’est un très beau cadeau.
C’est un choix de vie que d’éviter le stress et l’anxiété, et ce, malgré l’attrait que peut exercer un projet?
Oui. Et je veux prendre soin de moi, parce que je trouve que je me suis beaucoup fatiguée. Alors, je m’engage dans un nouveau processus de bienveillance envers moi-même. J’ai fait mes preuves et j’ai montré ce que je suis capable de faire. Dans chaque nouveau projet dans lequel je m’impliquerai, j’ai envie de me donner le droit de travailler pour ceux qui vont être contents de me voir là. Je dis toujours que je ne veux pas arriver avec mes cartons. Si je me trompe et que c’est drôle, on le garde. Je veux aller vers les gens, comme je le fais dans mes réseaux sociaux. J’ai envie de ces moments-là, de ce Polaroïd: on est là, ce jour-là, avec cette personne-là. Simplement.
C’est donc l’authenticité que tu recherches?
Oui, mais ce mot est tellement galvaudé... J’ai quand même toujours cru à l’authenticité. Je suis d’ailleurs une grande consommatrice de téléréalités, justement parce que je veux trouver ça. Avec des shows comme Sortez-moi d’ici!, c’est ce qu’on va chercher. Les réactions comme: «Oh! mon Dieu! j’avais jamais vu Colette pas de maquillage!» Je ne dis pas que je n’aurai pas de maquillage à Sucré salé — je préfère être maquillée! (rires) —, mais ce petit moment de vérité là, il m’intéresse.
Est-ce que tu as des idées et une vision de ce que tu veux apporter à Sucré salé?
Pour l’instant, j’ai beaucoup trop d’idées pour l’équipe! (rires) Mais ce qui m’a tout le temps un peu tannée de la télé, c’était les attentes et l’encadrement. Donc, j’aimerais vraiment que l’émission puisse être le plus près possible du réel. Et je veux rester une complice du public en m’adressant aussi à lui. Je ne sais pas encore de quelle façon tout ça va se faire, mais c’est vraiment ce dont j’ai envie.
Tu l’évoquais plus tôt, tu sembles libérée de la peur de déplaire.
Oui. Me défaire du regard des autres, ç’a été un processus tellement long dans mon parcours! J’étais toujours dans le: «Dites-moi que je suis correcte.» «Aimez-moi.» Je me questionnais aussi par rapport à la catégorie de discours où je devais me situer: «Est-ce que je ferais mieux d’aller dans l’humour? Ou plutôt dans le jeu?» C’est comme si j’avais été tout et rien à la fois. Alors oui, peut-être que, pour la première fois, ce sera mon regard à moi qui m’importera. Je veux pouvoir me demander si je suis en accord avec ce que j’ai envie d’être et si l’écho que je reçois des gens, c’est ce que je souhaite. En fait, on ne vit pas tant pour plaire, mais pour être en relation et communiquer avec le public.
À t’écouter, on a l’impression que tu as déjà amorcé cette nouvelle direction...
Oui, totalement! Moi, je suis une grande amoureuse des débuts. Donc, tous les débuts de projet me stimulent complètement! C’est sûr qu’un nouveau projet, ça représente un nouveau défi, et ça entraîne aussi un changement de rythme de vie. C’est parfait pour moi! J’aime la page blanche. J’aime l’idée de me lancer dans le nouveau. J’aime le «Tout est possible». Je suis beaucoup plus à l’aise dans ça que dans la routine. Ça fait huit ans que je vis comme un petit moine parce que je fais de la radio le matin. Pourtant, ça ne fait pas partie de moi du tout de me coucher tôt et d’être disciplinée. C’est une gymnastique qui a été parfois ardue à cause de l’horaire. Et c’est drôle... Pour être honnête, avec la cinquantaine est arrivée la préoccupation: «C’est peut-être la dernière fois.» Et ça a frappé très fort. Je me sens toujours dans le convoi de celles qui vont tomber. Tu sais, le questionnement: «Et si c’était mon dernier contrat?» Et force est d’admettre que, pour moi, en ce moment, avec mes 50 ans, je n’ai jamais été aussi en phase avec mes idées et mes opinions. Je trouve ça triste que tant de femmes soient sur le «convoi du dernier contrat» et disparaissent, alors que moi, on m’offre ces opportunités-là. Alors je dis: «Wow! Je vais en profiter et je vais m’en gaver! Aussi longtemps qu’on va vouloir de moi!»
Mélanie, récemment, tu as dénoncé quelqu’un qui te harcelait sur les réseaux sociaux et l’histoire a pris de l’ampleur.
Je ne m’y attendais pas. Mais ça a pris de l’ampleur dans tous les sens. Ça m’a aussi permis de faire un portrait un peu triste de nos réseaux sociaux. D’un côté, j’ai reçu des dizaines et des dizaines de messages de femmes qui m’ont dit qu’elles ne savaient pas qu’elles pouvaient dénoncer, qu’elles recevaient tellement de photos et de messages de ce genre. Et de l’autre côté — parce qu’on ne peut jamais être d’un seul côté quand on est sur les réseaux sociaux, il faut que ça soit polarisant —, des gens m’ont écrit des trucs comme: «As-tu pensé que tu avais peut-être détruit la vie de cet homme-là? As-tu pensé que c’était peut-être un faux compte?» Finalement, j’ai reçu assez de témoignages de gens qui avaient été victimes de la même personne pour savoir que ce n’était pas un faux profil. Mais je suis encore très partagée dans tout ça. Ç’a été du trouble de trouver à qui je devais adresser ma plainte. Ce n’est pas un processus très simple. Après, on te demande jusqu’où tu veux t’impliquer. Est-ce que tu veux poursuivre ta plainte et aller témoigner?
Qu’as-tu choisi?
Pour l’instant, j’ai choisi l’avertissement. La personne a reçu un appel des policiers pour l’avertir qu’elle était surveillée et lui demander de ne plus refaire ce genre de messages.
Tu as senti qu’il était temps de dénoncer?
En même temps, ça venait d’une écœurantite de ce qui s’écrit. Trop de gens ne se rendent pas compte de ce que ces messages représentent. Pour moi, il n’y avait pas de façon plus concrète de faire en sorte que les gens voient et réalisent à quel point ça peut être violent. Et je voulais leur faire réaliser qu’il n’y avait pas que la dimension graphique, l’image, mais aussi les mots qui viennent avec. Ça fait quelques fois que je dénonce, mais ce qui me fatigue encore, c’est qu’avec la dénonciation vient la peur. Même si tout le monde crie au courage, d’un autre côté, tu te remets à avoir peur. Tu te dis: «Et si la personne sait où je reste... Si elle m’attend quelque part.» Ça, c’est l’envers de la médaille. Et tu sais, je suis contente de l’avoir fait, mais je ne sais même pas si je le referais.
Mais tu es restée fidèle à tes valeurs et à tes principes?
Oui, fidèle à ce que je crois. Je voyais ça comme la goutte de trop et, cette fois-là, j’ai réagi en me disant qu’on était bien tannées! Mais j’ai trouvé ça bien compliqué. Et c’est drôle, parce que je fais partie de ces femmes qui ont longtemps eu des complexes sur leur apparence. Là, je suis bien avec moi-même et avec mon image. Je ne veux plus recevoir ce genre de messages. Je suis contente de quitter peu à peu ce désir de plaire physiquement et j’ai envie qu’on me sacre la paix dans cette espèce de séduction à tout prix! Je suis rendue là.
Je te comprends. Tu es en paix avec toi-même et avec ton image.
Oui, tellement! C’est drôle, parce que ma fille a souvent ce discours-là: elle ne veut pas attendre à 35 ans pour s’aimer. Eh bien, parfois, ça le prend ce chemin-là! Tu sais, j’aurais aimé avoir cette tête-là, ce que je pense maintenant, quand j’avais 30 ans, mais ça a pris tout ça pour arriver à cette espèce de quiétude dans ma vie. Et elle est vraie, la quiétude, elle n’est pas feinte. Je suis très bien, en ce moment.
Et en terminant, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter?
Que tout ce qui a l’air beau avant que ça commence le soit aussi une fois que je serai rendue dedans! (rires) Je n’ai pas encore amorcé Sucré salé, mais j’espère que ça sera mon Walt Disney! Oui, je pense que ça va bien aller.
Sucré salé, du lundi au vendredi à 18 h 30, dès le 22 mai, à TVA. Les enfants de la télé sera de retour cet automne à Radio-Canada.
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