Forte présence des médias d'extrême droite: sur la sellette, la Commission des débats craignait une poursuite de Rebel News
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Nicolas Lachance
Afin d’éviter une poursuite devant les tribunaux, la Commission des débats a offert cinq accréditations aux controversés médias d’extrême droite Rebel News et True North, ce qui a bouleversé le point de presse des chefs mercredi soir. La Commission a ainsi enfreint ses propres règles.
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En 2021, une juge de la Cour fédérale avait tranché en faveur de Rebel News en ordonnant à la Commission des débats des chefs d’accréditer une dizaine de journalistes du média de droite pour assister aux débats organisés. Cette année, la Commission a voulu acheter la paix et a cédé à la pression.
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Conclusion: un point de presse d’après débat mené par des journalistes de médias alternatifs qui ont posé des questions loufoques, émis des commentaires politiques et énoncé des prises de position. Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a d’ailleurs refusé de répondre à certaines de ces questions. Par exemple, un journaliste de True North a demandé au chef libéral Marc Carney: «Combien y a-t-il de genres?».
Bien placés dans le rang, ces militants ont monopolisé le début du point de presse, alors que les grands médias ont eu droit à une seule question et une sous-question par organisation.

Peur d’une poursuite
Dans une entrevue corsée sur les ondes de la Société d’État jeudi matin, le directeur général de la Commission des débats des chefs, Michel Cormier, a justifié la décision de l’organisation d’accréditer les médias militants Rebel News et True North. M. Cormier a expliqué que l’organisation craignait une poursuite de Rebel News. La cause, selon lui, aurait été perdue d’avance en raison de l’ordonnance de la Cour fédérale datant de 2021.
«On a perdu deux causes en Cour en 2019 et 2021 parce qu’on avait tenté d’empêcher Rebel News de participer à ces points de presse. Je suis d’accord que ce ne sont pas des journalistes comme on l’entend», a indiqué le directeur général. «Ça fait des mois que nous sommes en communication avec leurs avocats pour limiter le nombre de journalistes. Alors, pour éviter un autre procès qu’on allait sûrement perdre, on leur a donné cinq passes pour les points de presse.»
Le directeur général soutient qu’il est difficile de ne «pas obéir» à une décision du Tribunal. Or, en accréditant plusieurs membres de Rebel News, la Commission enfreint ses propres règles. «L’accès au point de presse sera limité à un maximum d’un représentant des médias accrédités en tant que journaliste», stipule-t-elle. M. Cormier a plaidé que le journaliste accrédité d’un média reconnu pouvait poser sa question avant de remettre l’accréditation à un autre collègue.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Mécontents
La Commission était déjà sur la sellette après avoir rejeté à quelques heures des débats le Parti vert du Canada (PVC). D’ailleurs, le PVC a lancé une pointe à la Commission sur les réseaux sociaux mercredi soir, dénonçant le fait d’avoir été «réduit au silence par la Commission», contrairement aux médias alternatifs Rebel News et True North. «Ça ne tourne pas rond», a écrit la formation.
Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Éric-Pierre Champagne, admet que leur présence est troublante et doute que l’intérêt public ait été bien servi. «Ce qui nous préoccupe, ce n’est pas tant qu’ils soient de droite ou de gauche, mais que ce sont des militants», a-t-il mentionné. «Dans les questions, ils suggèrent la réponse. Ils ont su bien profiter de la situation pour bien se positionner pour poser leurs questions.»
La même situation pourrait se répéter jeudi soir lors du débat en anglais, rappelle la FPJQ. La Commission assure qu’elle travaille sur une méthode d’atténuation. Rappelons que cette Commission des débats coûte depuis 2018 près de deux millions de dollars par année aux contribuables.
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