Maxime Comtois: autopsie d'une chute vertigineuse
Anthony Martineau
L’expression «le jour et la nuit» décrit parfaitement les deux dernières saisons de l’attaquant québécois des Ducks Maxime Comtois.
L’an dernier, à seulement 21 ans et en vertu d’une récolte de 33 points en 55 matchs, l’ailier gauche originaire de Longueuil avait conclu le calendrier régulier au premier rang des pointeurs de son club. Voilà pour le jour.
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La nuit, c’est cette année. Sa production a drastiquement chuté à sept points en 32 parties et il a été laissé de côté six fois à ses 10 derniers duels.
De catalyseur offensif à candidat régulier à la galerie de presse. Indispensable lors d’une saison, interchangeable, voire carrément remplaçable pour la suivante.
Comment expliquer une telle chute?
«C’est frustrant de ne pas jouer. Je n’ai pas été souvent laissé de côté dans ma jeune carrière. C’est quand même difficile, pour être franc.», lance au bout du fil un Maxime Comtois dont le timbre de voix confirme clairement une vive déception.
Faisant preuve d’une belle humilité, le jeune homme, contacté par le TVASports.ca, a accepté de commenter l’inhabituelle et difficile position dans laquelle il se trouve actuellement.
«Je ne suis pas satisfait de mon été»
En novembre dernier, Comtois, qui trainait une vielle blessure au poignet droit depuis quelques semaines, a choisi de passer sous le bistouri. Il a subi une opération qui consistait à retirer un fragment d’os à la dérive quelque part entre son poignet et sa main.
Le tout l’handicapait depuis un bon moment déjà.
L’intervention chirurgicale lui a fait rater cinq semaines d’activités.
Plusieurs sont tentés d’associer la difficile campagne du Québécois à cette opération. Comtois, lui, la prend évidemment en compte, mais se montre honnête et ajoute une confidence à la fois surprenante et révélatrice.
«L’opération n’a assurément pas aidé, c’est clair, mais j’ai aussi contracté la COVID-19 à mon retour en décembre. À mon retour de blessure, j’ai été dur sur moi-même et j’étais un peu à l’écart de l’équipe sur le plan mental. C’est à moi de trouver des solutions. Mais il y a plus que ça. Je ne suis pas satisfait de mon été. J’ai eu un été un peu plus court en allant au Championnat du monde et j’ai mal géré mon temps en ce qui a trait aux périodes d’entraînement et de repos.»
On dit souvent que reconnaître un problème est la première étape vers la résolution de celui-ci. À 21 ans et questionné par un journaliste, Maxime Comtois aurait pu se contenter de justifier ses moments ardus par les blessures et le coronavirus. Il aurait pu sortir «la cassette».
Mais sa réponse confirme plutôt une belle maturité et un travail d’introspection louable.
Sur son départ?
«L’une des bonnes choses émanant de tout ça, c’est que c’est l’une des premières saisons où Max vit de l’adversité. Il en ressortira plus fort.»
L’agent Allain Roy représente Maxime Comtois depuis déjà plusieurs années. L’homme de 52 ans ne cache pas que la saga impliquant son client représente un bon test de patience, tant pour lui que pour Comtois.
«Les choses sont un peu frustrantes, actuellement. Pourquoi est-il donc laissé de côté? Chaque équipe a sa façon de faire pour tenter de réveiller un joueur. Est-ce que l’athlète et l’agent sont toujours en accord avec la méthode choisie? Absolument pas. Mais pour l’instant c’est comme ça et tout le monde doit travailler ensemble pour que Max se sorte de cette situation.»
Évidemment, lorsqu’un joueur de talent, jeune de surcroît, est laissé de côté plus souvent qu’à son tour, les rumeurs ne tardent pas à se mettre de la partie.
Il faut dire que sur les deux premiers trios du club, les performances de jeunes comme Trevor Zegras, Troy Terry et Sonny Milano ne jouent pas en faveur de celui portant le no 53.
La question à 1000$, maintenant : Maxime Comtois quittera-t-il Anaheim?
«Je ne crois pas, non», lance le principal intéressé.
Son agent y va d’une réponse un peu plus élaborée.
«Je ne m’attends pas à ce qu’il quitte Anaheim. Max est tellement un bon joueur. Je pense que ce serait très dangereux pour un DG de l’échanger. Il risquerait d’avoir beaucoup de succès ailleurs. On a souvent vu des histoires comme celles-là et je pense vraiment que Comtois a le potentiel pour faire un truc du genre.
«Je sais aussi que Pat Verbeek (le directeur général des Ducks) souhaite aligner une équipe qui compte sur des joueurs imposants. Max en est un. Aussi, je n’ai pas de boule de Crystal, mais je ne pense pas que l’équipe ait de grosses attentes envers les séries éliminatoires de cette saison. Je serais très surpris que le club échange de jeunes joueurs pour s’améliorer à court terme.»
Imiter les frères Tkachuk
À en croire Maxime Comtois et son agent, l’attaquant restera à Anaheim. Ainsi soit-il.
Mais s’il demeure en Californie, quel rôle occupera-t-il et surtout, quel genre de futur les dirigeants de l’équipe entrevoient-ils pour lui?
«Nous avons une bonne communication avec Pat Verbeek et l’entraîneur Dallas Eakin, avance Allain Roy. Lorsqu’il jouait, Pat avait un peu le même style de jeu que Max, donc il comprend ce qu’il vit. Aux yeux de la direction, Max constitue une très grosse pièce du futur des Ducks.
«J’ai justement parlé avec Verbeek ce matin et tout le monde veut la même chose : que Max retrouve son niveau de l’an dernier. Au sein du groupe de direction, on le voit encore comme un joueur top 6 qui peut amasser des points. On le perçoit un peu comme un gars qui pourrait/devrait jouer la game des frères Tkachuk.
«S’il se remet à bien jouer, la balle sera dans le camp d'Eakin et de Verbeek. J’ai l’impression, en regard aux récentes discussions, que les choses vont dans la bonne direction.»
De son côté, Comtois semble aussi ouvert que confiant face aux prochaines semaines. Il ne veut que rebondir et rappeler à tous, incluant ses patrons, qu’il a toujours ce qu’il faut pour mener les Ducks sur le plan offensif.
«Si je suis pour jouer 12 minutes, c’est à moi de trouver une façon d’aider l’équipe. Je pense qu’avec le style de jeu que j’ai, je peux jouer plusieurs rôles. Mais je n’ai aucun doute que j’ai encore ma place sur l’un des deux premiers trios. Je n’ai pas vraiment eu les rebonds de mon côté depuis le début de la saison. Je dois aussi te confier que jouer au hockey avec une main cassée, c’est un peu difficile! Mais je sais que les buts finiront par arriver. Je suis un gars offensif depuis toujours.»
En jetant un oeil à ses saisons passées, pas le choix de confimer qu'il serait en effet périlleux de miser contre un gars comme Maxime Comtois.