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Culture

Maxim Gaudette en deuil de son rôle dans 5e rang

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Patrick Delisle-Crevier

2024-03-10T11:00:00Z
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C’est devant une belle page blanche que se retrouve le comédien après la fin des tournages de la série 5e rang, dans laquelle il incarnait le personnage du policier Fred Longpré. Il nous parle de cette page qui s’est tournée pour lui et aussi, notamment, de son rôle dans le film Echo à Delta.

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Maxim, d’abord, parle-moi du film Echo à Delta... 

C’est un film qui s’adresse aux enfants d’une dizaine d’années et qui traite d’un sujet dramatique, le deuil, mais dans un enrobage fantaisiste. Je trouve que ce long métrage a une belle originalité et une personnalité forte. Quand je l’ai vu, j’ai constaté que le spectateur se trouve devant un réalisateur qui lui propose quelque chose de personnel, et j’aime ça. Je pense que c’est ce qui va parler aux jeunes et à leurs parents; tout comme le côté artistique original du film, puisqu’il y a aussi de l’animation. Il y a une belle touche de poésie à travers le drame que va vivre cette famille.

Justement, quelle est l’histoire de ce film?

C’est l’histoire d’une famille composée d’un homme, d’une femme et de leurs deux jeunes garçons qui semblent vivre des moments très heureux. On comprend dès le début du film que les deux garçons croient fermement aux extraterrestres et que les parents alimentent cette croyance. C’est une passion pour eux: ils croient vraiment qu’un jour ils pourront rencontrer un être du troisième type. Puis arrive une tragédie, à la suite de laquelle les parents seront forcés d’admettre que les extraterrestres n’existent pas et qu’il faut affronter la dure réalité.

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Parle-moi de ton personnage...

Je suis Vincent, le papa, artiste sculpteur. Il vit cette tragédie — la perte d’un enfant — très difficilement. Il va aller se réfugier dans l’ancien local de fleuriste de sa blonde. Il dit qu’il s’en va travailler, mais son fils aîné en doute, avec raison. Nous allons découvrir plus tard ce qui se passe vraiment. Disons que le père vit sa peine et son incompréhension de manière très solitaire.

Tu vis un tout autre deuil en ce moment avec la fin de la série 5e rang...

Oui, c’est un deuil difficile. Je suis là-dedans en ce moment, puisque nous avons terminé les tournages. Fred Longpré a été un personnage formidable à jouer, d’autant plus qu’il s’est transformé au fil des saisons. La série a duré cinq années et demie. Les gens m’en parlent beaucoup, et ce, depuis la première saison. Quand on a commencé la série, on se disait que ce n’était pas réaliste qu’un policier s’occupe presque tout seul d’un village, mais les téléspectateurs ont embarqué. De plus, comme Fred connaissait tout le monde personnellement, ou presque, dans la région, ça le mettait dans de drôles de situations. Disons qu’il pouvait se mettre les pieds dans les plats facilement. La série était bien écrite et réalisée.

Ce rôle t’a aussi rendu populaire aux yeux du public.

Oui. C’était mon premier grand rôle dans une série. C’est certain qu’on me reconnaît beaucoup plus, maintenant. Avant ça, il y avait eu Virginie, puis L’auberge du chien noir qui m’avaient fait connaître du public. Mais jamais comme ce personnage. J’ai vu une différence. Les gens ne se demandent plus qui je suis: ils se disent que c’est Fred de 5e rang. C’est automatique! Et c’est agréable parce que les gens sont gentils. Je dois aussi dire qu’à un moment donné, ç’a été confrontant pour moi en tant qu’interprète, car c’était la première fois que j’avais un aussi gros rôle. On le sait, maintenant, dans le métier, on travaille vite et il faut apprendre les textes rapidement. Quand j’avais huit scènes à jouer au poste de police en une journée, j’avais intérêt à être prêt!

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La dernière scène a été tournée. Est-ce que ç’a été difficile de faire tes adieux à ce plateau?

Nous étions tous fébriles. Ça fait drôle quand on sait qu’il ne nous reste que trois scènes à tourner. C’est à la fois fou et très émotif quand on a passé plus de cinq années avec la même équipe. Mais toute bonne chose a une fin, et les auteurs avaient aussi envie que ça se termine.

C’est aussi une certaine sécurité financière qui s’envole, non?

Effectivement. C’est plutôt rare dans mon métier d’avoir un salaire fixe pendant des années, et j’ai eu ce privilège. Ça faisait du bien d’être un travailleur salarié et de savoir à l’avance ce que j’allais faire l’année suivante. Ma blonde, Larissa Corriveau, est elle aussi comédienne, alors c’était agréable d’avoir un salaire fixe qui rentrait. Ce sont de petites perles rares. Je fais confiance au métier, mais c’est toujours un peu insécurisant, surtout quand on a une maison et trois enfants. Je suis inquiet pour la suite, c’est sûr, mais après avoir fait 27 ans dans ce métier, j’ai appris à vivre avec cette insécurité-là. De toute façon, je n’ai jamais vraiment manqué de travail non plus.

On t’a découvert dans le rôle de Pouliot, dans Virginie. Quels souvenirs gardes-tu de tes débuts?

De très beaux souvenirs! J’ai été chanceux, car je me suis mis à faire plein de choses tout de suite en sortant de l’école de théâtre. J’ai d’abord joué au théâtre, et une réalisatrice de Radio-Canada qui était dans la salle m’a vu sur scène. C’est comme ça que j’ai décroché le rôle d’Éric Pouliot dans Virginie. À cette époque, j’étais vraiment un jeune acteur et je me souviens que je fonctionnais beaucoup à l’instinct, car on n’apprend pas tellement le jeu devant les caméras dans les écoles de théâtre. C’était très instinctif et, en même temps, je me retrouvais sur le plateau avec des comédiens incroyables comme Chantal Fontaine, Pascale Desrochers, Denis Bernard et plusieurs autres. Ç’a été une très belle expérience pour moi.

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D’où est née ton envie de devenir comédien?

Un peu par hasard, en suivant un ami qui venait de s’inscrire en théâtre un été. J’ai décidé d’essayer, mais je ne savais pas trop dans quoi je m’embarquais. Chose certaine, j’étais loin de me douter que je voudrais en faire un métier. J’étais adolescent à l’époque et je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire de ma vie. J’ai aimé le théâtre, mais il était inconcevable pour moi de gagner ma vie en jouant. J’ai donc décidé de me lancer en administration, et ç’a été effrayant. Ce n’était pas mon truc du tout: j’étais comme un chien dans un jeu de quilles! J’ai vite compris que je n’avais pas d’affaire en administration. J’ai alors pensé au théâtre et j’ai décidé d’étudier dans ce domaine, et ç’a été fort révélateur.

As-tu la carrière que tu pensais avoir?

Pas mal, je dirais. J’aspirais à toucher un peu à tout et ça a fonctionné en ce sens. J’ai pu faire du théâtre, de la télévision, du cinéma, et même un peu de voix. J’ai une carrière qui me ressemble. Je suis fier d’avoir pris certains risques, comme quand j’ai accepté de jouer Marc Lépine dans le film Polytechnique.

As-tu eu peur qu’un tel rôle puisse nuire à ta carrière?

Oui, c’est certain, mais Denis Villeneuve a su me convaincre. Je ne le connaissais pas beaucoup, mais quand je l’ai rencontré et que nous avons discuté de sa vision du film, j’ai su que ça allait être correct. Le tournage a été difficile et intense, j’étais brûlé. Mais maintenant, je suis content de l’avoir fait. J’ai revu des photos de moi à la première du film; j’ai l’air épuisé. Et quand je donnais des entrevues sur le film, c’était tellement délicat... Je devais faire attention à la manière dont je disais les choses, parce que des gens qui ont vécu ce drame étaient encore blessés. Et j’avais aussi peur qu’on m’identifie à Marc Lépine et qu’on ne veuille plus m’engager pour d’autres rôles. Mais finalement, ça n’a pas été le cas. En fait, je n’ai eu que de bons commentaires sur ce film et sur mon travail.

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As-tu des regrets par rapport à ta carrière?

Non. Bon, il y a des choses qui ont moins bien marché, que j’ai faites pour des raisons alimentaires et que je ne souhaite pas tant revoir aujourd’hui. Mais chaque projet m’a permis de faire des rencontres et d’apprendre.

Tu vas avoir 50 ans dans quelques mois. Est-ce difficile pour toi?

Ça fesse un peu, mais je tente de me garder en forme et de rester actif pour être au mieux, que je sois sur les planches au théâtre ou sur un plateau de tournage. Je m’entraîne. En fait, je suis dans une espèce de prise de conscience par rapport à tout ça, mais je sens quand même que je vieillis. Je veux aimer ce que je vois de moi en vieillissant.

Tu as trois enfants. Est-ce que tu voulais une famille nombreuse?

Pas spécialement, non. Je ne suis pas quelqu’un qui planifie les choses. C’est arrivé comme ça. J’espérais avoir des enfants un jour, et finalement, j’en ai trois et j’en suis ravi. Mes enfants ont 16, 17 et 4 ans. Samuelle et Romain sont déjà de jeunes adultes. Avec Thelma, ç’a été le retour aux couches pour moi. Mais ç’a bien été, et j’ai vécu une expérience réellement différente parce que c’était mon troisième enfant.

Comment vois-tu l’après-5e rang?

Au-delà du grand deuil, j’ai l’impression que la fin de ce projet va vraiment ouvrir la porte à autre chose. C’est le propre de notre métier: me voilà disponible pour vivre une nouvelle expérience, ce que j’aime. Je ne suis plus le même acteur, car je porte le bagage de 5e rang. Ç’a été une belle expérience et une belle école. Je suis au théâtre jusqu’en avril dans la pièce 5 balles dans la tête. Pour le reste, je suis en attente. Ça donne un petit vertige, mais je suis prêt à me lancer dans les auditions.

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Comme ta conjointe est elle aussi actrice, est-ce difficile quand vous vous retrouvez tous les deux en attente?

Ce n’est pas banal, effectivement! Toutefois, ma blonde est dans une période de sa vie où elle travaille beaucoup. Nous ne sommes donc pas inquiets pour le moment. J’espère évidemment que les auditions seront bénéfiques et que je vais décrocher un beau rôle. Sérieusement, si je ne faisais pas ce métier, je serais mal pris, car j’ai l’impression que je ne sais rien faire d’autre. Je pense beaucoup plus à ça maintenant que j’arrive à la cinquantaine. Le son m’intéresse beaucoup: j’ai une fascination pour ce domaine. Alors, peut-être que je pourrais travailler dans un studio de son.

Echo à Delta est actuellement en salle. 5e rang, lundi 20 h, à Radio-Canada. La pièce 5 balles dans la tête sera jouée jusqu’au 5 avril à La Licorne. Infos: theatrelalicorne.com.

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