Maxence Parrot : une personne normale?
Benoît Rioux
Le champion québécois Maxence Parrot se trouve au Colorado pour les X-Games ce week-end et tentera d’ajouter de l’or à sa collection.
«À chaque fois que je mets mes pieds dans ma planche, je me sens bien. Je suis à 100 % dans le moment présent, dit-il. Pendant les compétitions, il y a de l’ambiance et c’est exactement comme avant. Tout ce que je veux, c’est me sentir et être considéré comme une personne normale.»
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S’il prononce ces mots, c’est que Parrot, 27 ans, vit parfois avec le regard différent des autres depuis qu’il a combattu un cancer du système lymphathique dans les dernières années. L’athlète originaire de Bromont assume toutefois pleinement l’épreuve par laquelle il est passé, si bien qu’il vient tout juste de sortir un documentaire sur son histoire via son site web www.maxparrot.com. L’objectif principal : amasser des fonds pour la Société de leucémie et lymphome du Canada, dont il est porte-parole. Une modeste contribution est donc sollicitée pour visionner le documentaire réalisé par son ami Antoine Senay-Latendresse, qui travaille dans le domaine.
«Si je peux inspirer du monde par ma détermination, et pas seulement ceux qui ont un cancer, j’en serai heureux», ajoute Parrot dont le diagnostic de lymphome de Hodgkin avait été reçu en décembre 2018.
Réaliser l’impensable
Dans un certain sens, il est permis de douter que le documentaire en question le présente totalement comme «une personne normale». Une personne normale ne peut multiplier les "double backside rodeo 1440" ou les "switch quadruple underflip 1620" sur les pentes. Parrot a également réalisé l’impensable en août 2019. En renouant avec la compétition, il avait remporté l’épreuve de Big Air des X Games, à Oslo. Quelques semaines plus tôt, à la mi-juin, il avait pourtant subi son 12e et dernier traitement de chimiothérapie.
«Il y a des personnes qui viennent me voir et je ne dirais pas qu’ils ressentent de la pitié, car je n’aime pas ce mot-là, mais je dirais qu’ils ont une certaine tristesse dans la voix, explique Parrot à propos de la vision des autres. J’ai de la misère avec ça et j’ai tendance à mettre un mur entre eux et moi. J’ai mon histoire, mais à un moment donné, il faut regarder devant.»
Droit devant, il y a maintenant les X Games. Puis viendront les Jeux olympiques de Pékin, le mois prochain. Outre quelques figures gardées secrètes, le Québécois, déjà médaillé d’argent à l’épreuve de slopestyle à Pyeongchang en 2018, estime qu’une plus grande maturité pourrait le guider vers la plus haute marche du podium.
«Mon aspect mental s’est développé énormément», mentionne-t-il concernant les effets de sa bataille contre le cancer.
Son plus précieux trophée
S’il ne vise rien de moins que des médailles d’or, autant aux X Games qu’aux Jeux olympiques, Parrot reconnaît du même souffle que le prestigieux prix Laureus, obtenu pour le plus beau retour de l’année en mai 2021, représente sa plus belle récompense en carrière.
«C’est le trophée dont je suis le plus fier, plus que toutes mes médailles d'or, parce que ce n’est pas juste mes performances qu’on a soulignées; c’est aussi la personne que je suis.»
Une personne normale? Tout est relatif. Mais un homme à regarder avec fierté, sans tristesse, ni pitié.