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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Massacre par armes à feu et financement électoral

La tuerie d’Uvalde au Texas a coûté la vie à 19 enfants et 2 enseignants mardi dernier.
La tuerie d’Uvalde au Texas a coûté la vie à 19 enfants et 2 enseignants mardi dernier. Photo AFP
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Michel Lemieux, sociologue

2022-05-29T13:26:52Z
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À chaque massacre de masse aux États-Unis, comme celui tout récent d’Uvalde, au Texas, le processus de réaction est le même : on fait des bilans statistiques : 300 fusillades de ce type depuis 5 ans, 17 200 morts en 2022...

Puis on y va d’un grand couplet soi-disant explicatif qui déplore ce culte des armes à feu, qui serait issu du mythique Far West ou de la sacro-sainte Constitution. « Les Américains auraient une culture des armes à feu imprégnée dans leur ADN. » Après le bilan, la culture et la législation, on déplore ensuite l’inaction des élus américains. 

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Lobby américain

Mais notre compréhension doit aller plus loin : le fond de l’affaire est que ce culte des armes à feu est un phénomène organisé, et a peu à faire avec un ADN éternel. 

Il a surtout à faire avec le phénomène des lobbys américains et avec le système de financement des partis politiques : aux États-Unis, il n’existe aucune restriction au financement d’une organisation politique (contrairement au Québec où, grâce à René Lévesque, une personne morale ne peut financer un parti politique et un don fait l’objet d’une limitation plafond et d’une divulgation du donateur). 

Aux États-Unis, seule la divulgation limite le champ d’action des donateurs. C’est une restriction quasi cosmétique, la plus faible des pays occidentaux... 

Mais assez pour savoir que le lobby des armes à feu (la National Rifle Association) dispose d’un budget de près de 300 millions $ par an. 

Sénateurs favorables

Avec cet argent, elle finance des sénateurs et des partis qui lui sont favorables : ainsi, en 2016, la NRA a contribué pour 54 millions $ à l’élection de Trump à la Maison--Blanche. Un politicien comme Mitt Romney a reçu 13,5 millions $ dans sa carrière (compilation de l’AFP). Tous ces dons sont publics.

En somme, si les élus américains adoptaient des lois restreignant les contributions aux candidats, il est certain qu’on pourrait alors envisager une perte de pouvoir de la NRA sur la politique américaine et une vraie réaction de contrôle des armes à feu. 

Étant donné que ces armes se retrouvent aussi dans nos rues québécoises, la question doit nous intéresser.

Michel Lemieux, Sociologue

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