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Culture

Martin Rouette explique comment le métier de comédien a pris le dessus sur celui de chanteur

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Daniel Daignault

2023-10-09T10:00:00Z
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Il y a 20 ans, le Québec a découvert Martin Rouette lors de la première mouture de Star Académie. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ce jour, puisque le chanteur a emprunté une autre voie en devenant comédien par un curieux coup du destin...

• À lire aussi: La gang de Star Académie 2003 débarque au Centre Bell pour offrir un nouveau spectacle

Martin, peux-tu me raconter comment ton travail de comédien a pris le dessus sur celui de chanteur?
C’est arrivé curieusement, et c’est toute une affaire. Je me suis découvert un problème chronique de sinus. Je pense que j’en ai toujours souffert et, sans trop le savoir, je crois que ça me contraignait beaucoup vocalement. J’ai l’impression que parfois, je n’arrivais pas à faire ce que je voulais et ça me frustrait. La vie a fait en sorte que je me suis retiré un peu de la musique. Je suis en train de travailler fort pour régler mon problème, mais ça a fait en sorte que ça m’a fait bifurquer vers le jeu, qui me passionnait beaucoup. 

La musique te manque-t-elle?
Oui, ça me manque. Chaque fois que je vais voir un show, quand je vais voir des amis ou si j’ai l’occasion de chanter quand j’ai des demandes, ça me rentre dedans.

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Tu as participé à Star Académie en 2003. Comment ça s’est passé par la suite pour toi?
Après Star Ac, il y a plusieurs participants qui ont continué à chanter, qui ont fait des albums, et tout... De mon côté, il y a eu quelques trucs: j’ai fait l’émission Demandes spéciales, des revues et des comédies musicales... Quand j’ai l’occasion de chanter, ça connecte tout de suite, il y a quelque chose qui se passe. 

Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

Et ton problème de sinus t’a amené à devenir comédien, puisqu’on t’a vu, entre autres, dans Virginie, District 31 et Hôtel...
Oui, j’ai joué un petit rôle dans District 31 il y a deux ans. Dans Hôtel, je jouais le rôle d’un chanteur qui se prenait pour un autre. J’ai aussi fait des rôles de bad boys; je ne pensais pas que j’avais ce casting-là!

C’est bon, parce que des bad boys, il y en a dans presque toutes les séries!
Oui, il y en a beaucoup. Dans Alertes, c’est un peu ça. Je joue un motard, un membre des Night Demons qui a évité la prison. Pour résumer l’histoire, rappelons qu’il y a eu une grosse frappe policière en 1999. Le personnage de Cindy Castonguay (joué par Eveline Gélinas) est l’ex de mon personnage. Elle infiltrait la gang de motards, et ses sentiments ont fait en sorte qu’elle lui a évité la prison. Dans l’intrigue de cette nouvelle saison, la question est de savoir si mon personnage détient des informations qui pourraient aider à élucider un crime.      

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Il y a un enfant qui est tué. Est-ce dans cette histoire que ton personnage, Spider Chagnon, est impliqué?
Oui. Je pourrais aider Cindy, mais elle se demande si elle peut me faire confiance ou pas. Est-ce que j’essaie de la mener en bateau? Les liens qui nous unissaient sont encore assez forts. Ce lien de confiance entre elle et moi est fragile, et le spectateur va justement se demander où tout ça va mener.

As-tu pu faire de la moto dans la série?
Oui. On m’avait demandé si j’avais mon permis de moto et, évidemment, je l’ai. Le producteur me disait: «On va essayer d’avoir des Harley et si on en a, ça va être malade!» C’est ce qui est arrivé: ils ont réussi à en avoir. Finalement, ce tournage-là, ç’a été un rêve de petit gars, de pouvoir rassembler tous ces éléments-là ensemble; jouer un motard, ce qui est moins compromettant que d’être un motard, jouer du gun et conduire une Harley. Ç’a été un beau trip et ça brasse!      

As-tu déjà eu une moto?
Oui, j’avais une Harley avant, mais je me la suis fait voler. J’ai une moto actuellement, mais ce n’est pas une Harley.

Va-t-on te voir souvent dans Alertes?
Oui, pas mal. C’est une belle intrigue, en fait. Il y a trois histoires qui s’entrecroisent: la disparition d’un propriétaire de ferme, notre truc de motards avec l’escouade antigang ainsi qu’une histoire impliquant un riche homme d’affaires.

Photo : Bruno Petrozza
Photo : Bruno Petrozza

On peut aussi te voir dans 5e rang?
Oui, j’interprète un gars qui sort de prison. (rires) On parlait de bad boy; c’est encore ça! Il y a une intrigue avec Sophie (incarnée par Julie du Page). Mon personnage a été en couple avec sa sœur il y a plusieurs années. Il y a eu une chicane entre nous, puis j’ai commis l’irréparable. J’ai fait 20 ans de prison et là, je suis libéré. Je n’ai pratiquement connu que la prison et j’essaie de refaire ma vie. Je me suis repenti, j’ai fait un paquet de thérapies, mais Sophie est sur mon dos parce qu’elle, évidemment, n’a pas digéré le meurtre de sa sœur. Elle me traque, elle me cherche. J’ai fait trois jours de tournage au printemps et aussi cet été, et on vient de commencer à tourner un nouveau bloc.

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Ces deux rôles t’ont-ils permis d’avoir davantage confiance en toi après avoir traversé des années plus difficiles?
Oui. Il y a eu un passage à vide sur le plan du jeu. Il y a eu un moment dans ma vie où ç’a été plus difficile. Mais j’ai toujours voulu, j’ai persisté et je poussais pour qu’il se passe des choses. Je n’ai pas fréquenté d’école de théâtre, mais j’ai suivi plusieurs ateliers au cours des 20 dernières années. On dirait qu’il fallait que je vive des choses pour que tout s’organise. C’est arrivé il n’y a pas si longtemps, en fait. J’ai peut-être changé mon regard par rapport à bien des choses, ce qui a fait en sorte que tout s’est aligné.      

Quand tu parles de moments difficiles...
Je me souviens de ce moment où Denise Filiatrault m’avait donné un rôle dans le film portant sur la vie d’Alys Robi, sorti en 2004. C’était la première fois que j’arrivais sur un plateau de cinéma, et c’était assez intimidant pour moi. J’étais préparé, je prenais les choses bien au sérieux, mais j’ai eu un blocage à ce moment-là. J’avais de la misère à enchaîner les scènes et, avec Denise, on n’avait pas le temps de niaiser. On dirait que ça avait été trop vite pour moi. Michel Barrette jouait dans le film. Je me souviens qu’il m’avait pris à l’écart et m’avait parlé. Il avait été super chic. On dirait que j’étais un peu décontenancé et ça m’a fait un peu peur. Après ça, il y a eu Virginie. J’ai fait mes classes par la suite, mais après, c’est tombé au point mort. J’avais encore bien des croûtes à manger, et avec la poussière qui est retombée, on m’invitait à passer des auditions, mais je n’étais pas plus performant qu’il le fallait. 

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Qu’est-ce qui a fait tourner le vent de bord?
J’ai eu l’occasion de faire du doublage, des voix dans des séries. J’ai trouvé une bonne école, ç’a été un bon enseignement. Le doublage, c’est du jeu, peu importe ce qu’on en dit. C’est un métier d’acteur en soi. Au cours des dernières années, il y a des trucs qui se sont replacés et je suis plus sensible à certaines choses. Je suis aussi devenu père, et quand tu as un enfant, ça change ta façon de jouer. J’ai vieilli. J’ai toujours le syndrome de l’imposteur dans la vie, j’ai toujours le sentiment d’être jugé, mais quand j’ai un rôle, let’s go, j’y vais à fond. Dernièrement, je me suis trouvé un bon coach qui m’aide pour les auditions ainsi que pour les scènes que j’ai à jouer. Ça me permet de corroborer ce que je pense aussi, lorsque je travaille un personnage et que je me demande si je m’en vais dans la bonne direction. L’expérience du coach me permet de m’ajuster, et j’arrive sur le plateau bien préparé. Je m’applique beaucoup, j’y mets beaucoup d’efforts, et jusqu’à maintenant, les gens me disent qu’ils sont bien contents de mon travail. 

Parle-moi de ton fils!
Il a 20 mois. On est choyés, parce que c’est vraiment un bon bébé.

Tu as 46 ans. Calcules-tu que c’est arrivé tard dans ta vie?
Oui, mais il fallait que ça arrive. J’ai toujours voulu avoir des enfants. Il fallait juste que ça se passe au bon moment dans ma vie. Mon fils s’appelle Miro, et ma blonde est Kathline Gréco, une artiste qui joue, chante et danse, en plus de participer à des comédies musicales. Elle a fait beaucoup de trucs, autant des galas que de la télé. Ça fait six ans qu’on est ensemble. On s’est rencontrés en travaillant sur la comédie musicale Footloose.      

Alertes, lundi 21 h, à TVA.
5e rang, lundi 20 h, à Radio-Canada.

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