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Marquée par la pandémie, Louise Latraverse décide de ne plus jamais voyager

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Sabin Desmeules

2024-05-13T22:00:00Z
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Sa vie est romanesque. Louise Latraverse se promène partout en province pour la raconter. maintenant qu’elle a fait un grand voyage intérieur pour mieux se connaître, elle est prête à voyager encore, cette fois à la rencontre des gens, pour se (dé)livrer à eux...

• À lire aussi: Aux prises d’une dépression, Louise Latraverse dit avoir «cassé» à 50 ans

Elle met ses tripes sur la scène. À 83 ans, Louise Latraverse se permet, dans son spectacle L’amour, crisse!, d’aller se raconter à coeur ouvert, à travers villes et villages, aux gens qu’elle aime tant. Il n’y a pas à dire: en ce moment, le bonheur est sur son chemin! «La tournée, j’adore ça parce que ça va me permettre de voir tout mon pays, ce que je ne ferais pas seule, par moi-même. Et moi, je suis une grande amoureuse du Québec! Alors je trouve que, dans mon vieil âge, de pouvoir voir tout mon pays, c’est un grand cadeau pour moi! Je suis ravie d’aller me promener!, se réjouit-elle. Je rencontre des gens, je suis reçue comme une reine partout... et les gens paient pour venir me voir. C’est incroyable, ils doivent m’aimer un peu! Ils sont fins.»

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Comment pourrait-il en être autrement avec un titre comme L’amour, crisse!. Ces mots si nécessaires sont sortis spontanément du coeur de Louise quand, à la spéciale du 31 décembre 2020 d’En direct de l’univers, elle a eu à répondre à l’animatrice France Beaudoin qui demandait aux invités de quoi la covid ne viendrait pas à bout! «De nos jours, personne ne parle d’amour. On entend juste des horreurs! On vit dans un moment, universellement d’ailleurs, qui est très, très difficile! Alors moi, je veux porter la bonne parole d’une femme qui a vécu beaucoup de choses, une femme qui a 83 ans, qui passe à travers des grandes difficultés, des grandes joies, et qui peut parler sereinement parce qu’elle a travaillé un peu sur son cas.»

Faire une tournée de spectacles à ce momentci de sa vie lui vient d’une envie brûlante de s’exprimer. «Je suis une artiste, et être une artiste, c’est s’exprimer, soit par la parole, soit par la peinture, soit par la danse... Une artiste doit s’exprimer, sinon, elle rapetisse de l’intérieur.» Elle réalise un désir nourri depuis longtemps. «C’était mon rêve, moi, de faire ça, à la fin de ma vie, un one woman show! J’en ai rêvé toute ma vie et, là, je le fais! Et j’en suis ravie. C’est un très, très beau moment de ma vie.»

Fini, les voyages! 

Elle est bien décidée à ne plus voyager au loin, hors du pays. L’épisode pandémique l’a marquée au fer rouge. «J’ai dû être parmi les premières à attraper la covid. En janvier 2020, alors qu’on commençait à en parler, j’ai pris un avion d’Air China pour me rendre à Cuba. Une fois sur place, je suis tombée malade... je suis convaincue d’avoir eu la covid! Je ne m’en suis rendu compte qu’en rétrospective. Les virus se propagent rapidement à travers les voyages. Maintenant, j’ai pris pour habitude de ne plus quitter mon pays. C’est difficile de voyager. Les virus sont partout.»

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Et son choix a également une dimension écologique. «Des avions, ça pollue l’univers! Alors si on a le moindrement une conscience, on se dit qu’on va arrêter cette folie de voyager sans cesse! C’est terminé, pour moi. Je ne sors plus d’ici.»

Elle n'a plus le trac 

Louise Latraverse a dompté le trac. «Je ne l’ai presque plus. Moi, j’ai 20 ans d’analyse derrière moi. Un bon psy, ça change une vie! J’ai entrepris, dans ma vie, un voyage avec moi-même, un voyage intérieur à essayer de me comprendre, de savoir qui je suis, comment on fonctionne, nous, les êtres humains..., confie-t-elle. C’est un voyage extraordinaire! Aujourd’hui, je n’ai plus le trac. J’ai une appréhension, j’ai une excitation, mais je ne me dis plus: “Mon Dieu, je vais mourir!” comme je “mourais” avant.»

La dépression l'a «remise en vie» 

Des toiles de son cru trônent sur la scène, faisant office de décor, tout le long de son spectacle. Le dessin est un art essentiel dans sa vie. Elle s’y consacrera de nouveau quand elle rentrera de sa tournée. «Je dessinais quand j’étais enfant. Je finis ma vie comme je l’ai commencée, note-t-elle simplement. J’ai dessiné toute jeune, j’ai arrêté parce que j’ai joué pendant des années et, à 50 ans, quand j’ai cessé de jouer parce que je n’en pouvais plus, après une longue dépression, j’ai dessiné de nouveau.» Elle l’admet: «C’est la dépression qui m’a remise en vie. C’est quelque chose qui peut être très bien dans une vie, parce que c’est le coup sur la tête qui t’arrête. Les humains, on n’est pas capables de s’arrêter. La dépression est souvent quelque chose qui est bénéfique parce que tu vas chercher de l’aide, tu es prise en main et tu changes ta vie pour pouvoir bien la continuer...» explique celle qui, à ce jour, consulte encore un psy toutes les semaines, toujours le même, depuis 20 ans. Sa dépression l’a ramenée au dessin. «Je n’avais pas dessiné depuis que j’étais enfant. À 50 ans, je me suis assise et j’ai dessiné comment je me sentais.»

La peine pour son frère disparu remonte

Le solo L’amour, crisse! est dédié au frère de Louise, l’un des grands bâtisseurs de l’industrie québécoise du disque et du spectacle, Guy Latraverse, décédé le 14 octobre dernier. Quand on en parle, elle fond en larmes. «Je ne l’ai pas beaucoup pleuré quand c’est arrivé. C’est drôle, la mort, on est tellement figés quand ça arrive! Et là, je pleure, on dirait que la peine monte. Peut-être à cause du spectacle. Je lui dédie ce show!»

Louise Latraverse promène présentement son spectacle solo L’amour, crisse! à travers tout le Québec (productions martinleclerc.com/louise-latraverse). On peut aussi se procurer sa biographie éponyme en librairie et sur les sites d’achats de livres.

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