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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Mark Carney se veut maître chez nous

Photo AFP
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Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2025-03-31T15:30:00Z
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Mark Carney, en annonçant son désir de contester la loi 96 comme la loi 21 devant la Cour suprême, a donné un tout autre sens à la belle formule «Maîtres chez nous».

Historiquement, on le sait, elle est associée à la campagne électorale de 1962, quand Jean Lesage et René Lévesque s’engagèrent à nationaliser l’hydro-électricité pour permettre aux Québécois d’exploiter à leur avantage leurs ressources naturelles.

Au fil du temps, la formule s’est densifiée: elle portait en elle la promesse de l’indépendance. Les Québécois seraient maîtres en leur propre pays, ils passeraient de minoritaires à majoritaires, et accéderaient ainsi à la pleine maturité politique.

Québec

Mark Carney, dans la présente campagne, a utilisé la formule aussi pour dire que le Canada resterait indépendant face à l’annexionnisme américain.

Cela témoignait d’un manque d’originalité politique. On pourrait même y voir un plagiat.

Passons.

Mais j’y reviens, il a été encore plus loin lorsqu’il a expliqué qu’Ottawa s’engagerait activement contre la loi 96 et contre la loi 21.

La première a pour fonction de défendre la langue française, la seconde d’affirmer la laïcité.

Les deux sont plus que modérées – beaucoup trop modérées, en fait, au point où elles en sont impuissantes.

Pourtant, Mark Carney veut utiliser l’État fédéral et son tribunal politique le plus puissant, la Cour suprême, pour les démanteler – je précise, puisqu’il ne s’agit pas d’un détail, qu’il ne connaît manifestement pas la société qu’il entend soumettre à sa vision du monde.

Autrement dit, Mark Carney entend être maître chez nous.

Français

Il entend faire sa loi chez nous, et nous empêcher de faire nos lois chez nous.

Tout cela, évidemment, en s’appuyant sur une Constitution que le Québec n’a pas signée.

En un mot, il n’y a pas que Trump, dans cette campagne, qui menace le Québec. Mark Carney, aussi, entend se comporter comme un conquérant au Québec.

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