Mark Carney confirme que Donald Trump a parlé du Canada comme du 51e État américain lors de leur appel en mars

Jean-Philippe Guilbault
Contrairement à ce qu’il a affirmé dans les heures suivant son appel avec le président américain en mars dernier, Mark Carney a confirmé que Donald Trump avait bel et bien parlé du Canada comme du 51e État des États-Unis.
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Talonné par les journalistes lors d’une annonce électorale en Colombie-Britannique, le chef libéral et premier ministre sortant Mark Carney a offert un portrait différent de la discussion entre les deux chefs d’État.
S’il avait dit en mars que Donald Trump avait «respecté la souveraineté du Canada», voilà que M. Carney confirme que le président américain «a soulevé la question du 51e État» lors de leur appel téléphonique du 28 mars dernier.
«Le président dit beaucoup de choses, mais l’essentiel de la conversation est bien ce que j’ai rapporté», s’est défendu le chef libéral, pressé par les journalistes de dire s’il avait été transparent avec les Canadiens.
«Ce qui est important, ce sont les conclusions [de cette discussion]. Elles sont claires: j’ai dit non, jamais [que le Canada deviendrait un État américain], et la discussion peut continuer», a martelé M. Carney.
Selon lui, Donald Trump a «absolument respecté la souveraineté» canadienne, malgré ce commentaire.
«Il m’a traité comme un premier ministre, pas comme [...] avec mon prédécesseur. Nous avons eu des discussions comme deux nations souveraines», a assuré M. Carney. «Mais le président a certaines choses dans sa tête auxquelles il revient toujours.»
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«Ça ressemble à un stunt», dénonce Blanchet
Mark Carney est sous le feu des autres partis depuis que des sources ont confié à Radio-Canada que cette question du 51e État avait bel et bien été l’un des sujets abordés lors de l’appel entre les deux chefs d’État en mars dernier.
Sans vouloir parler de «grand complot», le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, a jugé que cette fuite dans les médias pourrait «servir» les libéraux lors d’un dernier sprint électoral.
«Les libéraux utilisent l’incertitude comme argument de campagne. Quand ils sentent qu’il y a du mou, ils ressortent des éléments qui font peur au monde», a-t-il soulevé lors d’une visite dans une usine de Bombardier à Dorval.
«Ça ressemble de plus en plus à un stunt», a-t-il ajouté en parlant de l’appel entre les deux chefs d’État.
Pour le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, Mark Carney a «manqué de transparence» envers les Canadiens.
«Il n’a pas partagé toute l’histoire et c’est important parce que les gens sont inquiets», selon M. Singh qui était à Winnipeg jeudi matin. «Les gens méritent de savoir ce qui se passe dans les négociations [et] ce qui est en péril.»