Maripier Morin avoue ne pas avoir retrouvé son niveau de confort face à son métier
Patrick Delisle-Crevier
Maripier Morin fera partie de la distribution du deuxième volet de la prochaine saison de la série À cœur battant, dans un rôle spécialement écrit pour elle par l’auteure Danielle Trottier. Elle s’est exprimée sur son bonheur de pouvoir à nouveau jouer et d’obtenir une deuxième chance, même si elle reconnaît que ce retour n’est pas simple.
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Maripier, parle-moi de ton rôle dans la série À cœur battant...
Je vais incarner Juliette Lehouillier, une professeure d’éducation physique dans une école secondaire. Ça me fait sourire de jouer un tel personnage parce que je viens moi-même d’une famille d’enseignants — ma mère cumule 35 années d’enseignement au secondaire — et que l’auteure Danielle Trottier, qui a écrit le personnage pour moi, ne le savait pas. Mon personnage va aider une élève qui vit une situation de violence au sein de sa famille. Juliette s’identifie à cette jeune fille puisqu’elle a vécu quelque chose de similaire dans sa vie et elle cherche à se réparer à travers leur relation. C’est vraiment un beau personnage, une femme dévouée, délicate et profondément humaine. Ça m’a vraiment touchée qu’on m’offre ce rôle.
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Quels souvenirs gardes-tu de ce tournage?
Juliette fera partie d’une intrigue principale, donc elle sera présente dans plusieurs épisodes. J’ai eu quelques journées de tournage, et je dois dire que c’est un beau plateau. Je suis arrivée plus que préparée et j’avais intérêt à savoir mes textes. Disons que c’est intimidant quand la principale tête d’affiche est Roy Dupuis et qu’en plus j’ai des scènes avec lui. J’ai découvert un être sensible, un comédien généreux. Aussi, cette série a une mission importante, celle de sensibiliser le public à un sujet crucial, et c’est vraiment un beau cadeau pour moi d’en faire partie.
Comment accueilles-tu un tel rôle après ce que tu as traversé ces dernières années?
Pour moi, c’est un processus qui a duré trois ans parce que j’ai d’abord passé plusieurs auditions pour différents rôles dans la série, mais pour diverses raisons, ça ne s’est pas concrétisé. Une fois, le comédien de qui je devais jouer la conjointe était trop jeune pour que je sois sa conjointe, une autre fois, ce n’était pas le bon personnage pour moi, et finalement, Danielle a décidé d’écrire un rôle sur mesure pour moi.
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Fabienne Larouche a déjà avoué publiquement qu’elle t’engagerait n’importe quand, n’est-ce pas?
Oui. En 2021, Fabienne Larouche a fait une entrevue avec Sophie Durocher à QUB radio, et l’animatrice lui a demandé si elle travaillerait avec moi en dépit de ce qui s’était passé à la suite des dénonciations lors du mouvement #MeToo. Fabienne lui a répondu qu’elle travaillerait avec moi «dès demain matin». Je lui ai envoyé un message pour la remercier parce que ça m’a fait du bien d’entendre ça, alors que je vivais de grands chamboulements dans ma vie. Après le tournage du film Arlette, je me suis retrouvée sans rien devant moi et je ne savais pas ce que j’allais faire de ma vie. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai appelé Fabienne.
Que s’est-il passé ensuite?
Elle m’a invitée à prendre un café chez elle, et nous avons discuté pendant deux heures. Ç’a été un échange très humain, et elle m’a exprimé son désir de m’aider. Pendant trois ans, nous sommes restées en contact. Parfois elle m’envoyait des textos disant qu’elle ne m’oubliait pas et qu’elle testait certaines affaires. Puis le projet À cœur battant est arrivé. Je passais des auditions, mais rien ne fonctionnait et j’ai eu des petites déceptions, mais elle me répétait toujours la même phrase: «Plus intelligente qu’orgueilleuse, plus patiente qu’orgueilleuse.» Et elle avait raison parce que tout arrive au bon moment. J’ai même été pressentie pour un rôle dans District 31, puis dans STAT.
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Tu as une belle rentrée avec une émission de radio à la station WKND (99,5 FM), et te voilà avec un beau rôle dans une série. Ça se passe plutôt bien!
C’est une rentrée bien remplie, parce qu’en même temps nous positionnons notre gamme de produits non alcoolisés Mox, sans oublier la conciliation travail-famille. Mon chum, Jean-Philippe Perras, travaille aussi beaucoup, donc pour être franche, je suis un peu étourdie et je n’ai pas encore trouvé mon niveau de confort. Ce n’est pas facile pour moi de venir à la rentrée de Radio-Canada. Ce ne sont pas des moments où je me sens encore très bien. Même que je ne me sens pas bien du tout, c’est encore un trauma pour moi et je ne sais pas si, un jour, je vais retrouver l’aisance et la candeur que j’avais face à mon métier.
Est-ce que cela te freine dans le cadre de ton métier?
Je travaille dur pour que ça n’entrave pas ma passion et mon plaisir à exercer ce métier. Je ne veux pas laisser ce traumatisme prendre le dessus. J’aime toujours ce que je fais, mais si un jour les moments de souffrance surpassent le plaisir de tourner, je choisirai une autre voie, peut-être la radio, où je n’aurai pas à croiser des gens du milieu qui me jugent ou me tournent le dos. C’est aussi une forme de violence, et parfois certains regards ou attitudes me font beaucoup de mal.
On part ça d’même, en semaine de 5 h 30 à 9 h, sur les ondes de WKND 99,5 à Montréal.