Marioupol ne tient plus qu’à un fil
Agence France-Presse
Pendant que son armée tentait toujours de s’emparer de Marioupol, dont les derniers défenseurs ont ignoré un ultimatum pour déposer les armes, le président de la Russie a honoré hier une brigade que l’Ukraine accuse d’avoir participé à la boucherie de la ville de Boutcha.
« Non, la ville n’est pas tombée. Nos militaires y sont toujours. Ils combattront jusqu’au bout », a déclaré hier le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal.
• À lire aussi: EN DIRECT | 55e journée de guerre en Ukraine
Le chef de la diplomatie Dmytro Kuleba a renchéri en accusant l’armée russe de vouloir « raser la ville à tout prix ».
Selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre, « des groupes d’Ukrainiens isolés restent probablement actifs hors de l’usine d’Azovstal », principale poche de résistance, mais ne tiendront plus que quelques jours.
« Les assauts finaux coûteront cher » aux forces russes, assure l’institut.
Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Normand Lester sur QUB radio :
La prise de cette cité portuaire constituerait une victoire importante pour les Russes, car elle leur permettrait de relier la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée, que Moscou a annexée en 2014.
Plus de 100 000 civils sont au bord de la famine à Marioupol, manquant aussi d’eau et de chauffage, selon le Programme alimentaire mondial.
Un couloir humanitaire n’a toujours pu être mis en place hier pour l’évacuation des civils des zones de combats, notamment à Marioupol, ont annoncé les autorités pour la deuxième journée consécutive, accusant la Russie de « blocage ».
Échange de prisonniers
La chaîne publique télévisée russe VGTRK a diffusé hier une vidéo montrant deux Britanniques prisonniers après avoir combattu du côté ukrainien, à Marioupol.
Les traits tirés, Shaun Pinner et Aiden Aslin se sont adressés au premier ministre britannique Boris Johnson, dont ils attendent qu’il négocie leur libération contre celle de Viktor Medvedtchouk, récemment arrêté en Ukraine.
![Aiden Aslin, un combattant britannique capturé à Marioupol, à la télévision russe.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F66286395_42179377004495-f36c-4fe6-92a2-bf7d4edbdccd_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
![Son compatriote Shaun Pinner a été enlevé au même moment.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F66286394_421792e0481c0b-84e0-47ac-a258-b59f57b79fad_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Ils ne précisent pas qui les détient actuellement, les forces russes ou alors leurs alliés séparatistes du Donetsk, dans l’est de l’Ukraine.
Shaun Pinner n’est « ni un volontaire ni un mercenaire, mais sert officiellement dans l’armée ukrainienne », affirme sa famille. Après avoir été dans l’armée britannique, il s’était installé en Ukraine, où il avait épousé une Ukrainienne.
Kyïv a pour sa part diffusé une vidéo de l’homme d’affaires Medvedtchouk, dans laquelle il dit vouloir être échangé « contre les défenseurs de Marioupol et ses habitants ». Le député prorusse de 67 ans avait été arrêté par les services spéciaux du pays alors qu’il était en fuite depuis l’invasion russe.
Soldats russes honorés
Vladimir Poutine a décerné hier un titre honorifique pour de « l’héroïsme » à une brigade que l’Ukraine a accusée d’avoir participé aux exactions commises à Boutcha, près de Kyïv.
La découverte de cadavres de civils dans ses rues après le retrait des soldats russes avait suscité une vague d’indignation. Des enquêteurs ukrainiens s’y activent toujours pour réunir des éléments constitutifs de « crimes de guerre ».
![Les corps des victimes de Boutcha sont transportés vers une morgue par camion.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FAFP_328J3A2_700280560abd29-b654-4244-9954-c30c130b236c_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
La Russie avait de son côté assuré que les autorités ukrainiennes et les médias occidentaux avaient mis en scène le massacre.
– Avec Camille Payant