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Culture

Mario Saint-Amand nous dévoile ce qui lui a donné le goût de revenir devant les caméras

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La rédaction

2024-10-29T10:00:00Z
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Plus tôt cette semaine, Mario Saint-Amand effectuait un retour remarqué dans la quotidienne Indéfendable. Avait-il quitté le métier? Et, si oui, ce rôle annonce-t-il un retour? Devenu intervenant en toxicomanie dans sa ville natale de Sept-îles, le comédien se confie sur son parcours, au passé, au présent et au futur.

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D’emblée, notre homme n’est pas fou à l’idée de revenir sur son passé. Mais il ne peut y échapper tellement il a marqué notre imaginaire à travers certains de ses personnages. Dès 1991, il crevait l’écran dans Love-moi, du réalisateur Marcel Simard. L’année suivante, Janette Bertrand lui confiait un rôle délicat dans l’épisode L’amour c’est pas assez, de la série Avec un grand A. Le comédien était bouleversant dans la peau d’Alain, un jeune schizophrène devant faire face à l’incompréhension de sa famille. Deux ans plus tard, Janette faisait à nouveau appel à lui pour l’épisode Missionnaires du Sida, qui lui valait le prix Gémeaux de la meilleure interprétation masculine dans un rôle de soutien. À la mi-vingtaine, Saint-Amand était déjà considéré comme l’un de nos plus brillants acteurs

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Il sera éternellement reconnaissant envers ceux qui lui ont fait confiance: «Ma carrière commençait fort, et ces deux créateurs sont devenus mes mentors», dit-il, en ayant une douce pensée pour Janette et Marcel. «Sans le savoir, ils ont tracé cette voie qui m’a poussé à toujours chercher à m’investir davantage dans des personnages qui mettaient de l’avant un mal-être que pouvaient vivre les humains.»

Dire que la carrière de Mario est allée en dents de scie n’est pas faux. Les sommets qu’il a connus ont été suivis de creux de vague, avant de connaître de nouveaux élans. En 2011, il défendait le rôle-titre du film Gerry. Cinq ans plus tard, il campait Michel David, dans District 31. En 2017, c’est en lisant le scénario qu’il avait appris la mort de son personnage. Le choc avait été brutal. «Cette expérience avec la productrice de l’émission n’a pas été fructueuse et m’a fait remettre en question mon travail d’acteur.» Et pour faire quoi?

Un nouveau rôle

Comme certains de ses personnages marquants, Mario a connu le mal-être, lui qui a frayé avec la cocaïne pendant près de 20 ans. «J’ai arrêté de consommer il y a 17 ans. J’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont donné des outils pour arrêter, et ça m’a permis de me bâtir et de devenir une meilleure personne. Après Disctrict 31, j’ai décidé d’aller étudier dans un domaine qui me permettait d’être quelqu’un pour quelqu’un.»

Puis à 50 ans, Mario est retourné sur les bancs d’école. «L’université m’a non seulement permis d’apprendre un nouveau métier, mais elle m’a aussi redonné confiance en moi. De plus, mes études m’ont permis de faire le lien avec le travail vécu auprès d’une Janette Bertrand ou d’un Marcel Simard.»

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Durant cinq ans, à l’Université Laval, il a complété trois certificats: un en dépendances, un autre en criminologie et un dernier en études autochtones, afin de travailler avec les différentes communautés de la Côte-Nord. «Aujourd’hui, je suis un homme transformé et tellement plus instruit sur mes semblables. J’ai pu en apprendre autant sur les sciences sociales que sur moi-même. Ce sont ces outils que je souhaite transmettre aux gens qui en ont besoin. C’est pour ça que je suis revenu à Sept-Îles, mon fief natal.»

L’homme de 56 ans décrit son nouveau rôle: «Je suis spécialiste en intervention psychosociale. J’interviens auprès des personnes qui ont des problématiques de consommation, mais aussi à l’intérieur même des familles.» Sur le terrain, il est en mesure de constater l’état des lieux, qu’il juge alarmant: «La pandémie a multiplié le pourcentage de consommateurs. C’est devenu exponentiel et incontrôlable.»

Depuis qu’il a travaillé en 1994 sur Missionnaires du Sida, Réjean Thomas est devenu à la fois son médecin et un ami proche: «Il y a quelques semaines, il me disait qu’on pensait qu’il serait toujours possible de ramener les gens qui ont des problèmes de consommation, mais on n’en est plus capables aujourd’hui.» À Montréal comme ailleurs, le constat est le même. Mais il ne baisse pas le bras: «Si j’arrive à ramener une seule personne, ça donnera raison à mes cinq ans d’université, et j’aurai au moins appliqué ces connaissances-là pendant un nombre x d’années pour aider les gens.»

Meilleur homme et meilleur acteur

Comme intervenant, Mario se sent utile, mais il précise: «Après 30 ans dans le métier, ce n’est pas vrai que je suis entré à l’université en me disant que je ne reviendrais plus jamais comme acteur. J’ai continué à prêter ma voix dans des films d’animation et à faire un peu de musique. J’ai le goût de jouer au théâtre, et il est possible que je monte une pièce à Sept-Îles.»

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L’expérience qu’il vient de vivre avec l’équipe d’Indéfendable et son autrice et productrice, Izabel Chevrier, a attisé un feu qui ne s’était jamais éteint: «Je ne pensais jamais retrouver autant de plaisir en pratiquant mon métier. Et si c’est la seule opportunité que j’ai de revenir pour jouer un personnage à la télé, ç’aura été un cadeau extraordinaire.»

Ce cadeau, c’est le personnage de Jean-Claude Marquis. Mario en parle avec la compassion de celui qui comprend: «Il est ébéniste et porte en lui une souffrance parce qu’il est alcoolique. Il tente depuis quelque temps de se sevrer et de trouver des outils à l’intérieur d’une société anonyme, mais il ne réussira pas parce que son ex-beau-frère (Fabien Dupuis) ne le lui permettra pas.» Jean-Claude est accusé de meurtre après la découverte d’un corps dans le coffre de sa voiture et clame avoir été victime d’un piège tendu par son ancien beau-frère. L’acteur de 56 ans portait en lui tous les outils pour composer son rôle. Face à la somme de ses expériences personnelles et professionnelles, il conclut: «Tout ça mis ensemble fait de moi un meilleur homme et un meilleur acteur.»

Les leçons de ses mentors

Si Mario ne regarde pas dans le rétroviseur, c’est qu’il a une approche bouddhiste de la vie: «Si je reste accroché aux événements du passé, je vais vivre dans le passé, alors que ce que la vie me demande, c’est de vivre dans le présent, pour projeter des choses dans un avenir qui sera plus constructif.» On comprend maintenant mieux pourquoi, au début de l’entretien, l’acteur ne souhaitait pas revenir sur certains événements: «Si je continue à parler de ce qui s’est passé en 2018 avec District 31, je vais continuer de faire vivre ces énergies-là, qui ne sont pas bonnes.»

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D’ailleurs, avec Izabel Chevrier, l’acteur a d’emblée mis cartes sur table: «Je lui ai dit que si j’étais resté amer face à ce qui s’était passé, je ne serais pas revenu. Mais j’ai cru en l’équipe d’Indéfendable. Mon instinct d’acteur m’a donné raison. Tous les départements de cette production m’ont permis de croire qu’il est possible d’avoir des équipes de création qui respectent le travail des autres. On a eu le temps de répéter et de travailler nos personnages. Les choses étaient telles que je les ai connues à une époque que je pensais révolue.»

On le verra en tout et pour tout dans 11 épisodes de la série. À cela, il s’exprime ainsi: «J’ai encore le désir de vibrer et de faire vibrer les gens à partir de personnages qui me transportent. Indéfendable m’a donné le goût de revenir au métier.» Il assure que s’il reçoit un signal d’un producteur, il y répondra.

Et s’il revenait au jeu pour de bon, aurait-il le sentiment d’abandonner les gens à qui il est utile sur la Côte-Nord? «Lors du tournage de Missionnaires du Sida, Janette m’avait dit: “Mario, la plus belle chose que l’on peut faire de notre métier, c’est d’être utile.” Dans le même sens, Marcel Simard était à la base un travailleur social qui a choisi de devenir réalisateur et producteur, pour donner la parole aux personnes qu’on n’écoute jamais.» Voilà qui est clair.

Avant de se quitter, on jette un dernier coup d’oeil au rétroviseur: le comédien éprouve-t-il les regrets de celui qui n’est pas allé au bout des promesses qu’il annonçait à ses débuts? Il n’esquive pas la question: «J’aurais aimé comprendre beaucoup plus jeune que j’avais une problématique de consommation. Ça ne m’a pas empêché de faire mon métier, parce que je ne consommais pas pendant que je travaillais; le métier d’acteur était mon héroïne. Mais lorsque je ne travaillais pas, je consommais, ce qui fait que je n’ai pas travaillé autant que je l’aurais souhaité. Je n’ai pas comblé mon désir d’exercer le métier d’acteur autant que j’aurais pu. Si je suis appelé à le refaire, c’est sûr que les choses se feront différemment.» Il demeure serein et confiant. «France Castel m’a transmis un jour une belle phrase remplie de sagesse: chaque chose arrive en son temps et sous la forme qui convient.»

Indéfendable est diffusée du lundi au jeudi à 19 h, à TVA.

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