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L'article provient de TVA Sports
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Mario Pouliot: l’improbable dénouement d’une période sombre

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Louis-André Larivière

2023-02-20T11:50:00Z
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L'univers de Mario Pouliot a grandement changé depuis qu’il a brandi le trophée de la Coupe Memorial en 2019. Une pandémie, des ennuis de santé et des épreuves personnelles ont amenuisé la flamme, jadis vive, de l’ancien instructeur en chef des Huskies de Rouyn-Noranda.

Moins de deux ans après qu’il ait goûté à la gloire une deuxième année consécutive avec deux clubs différents, un exploit jusqu’ici inégalé dans la Ligue canadienne de hockey, le pilote de 59 ans a subi un malaise cardiaque pendant que la maladie affligeait ses parents. 

Ci-dessus, voyez la 1re partie de l'entrevue de Mario Pouliot avec le journaliste Louis-André Larivière.

S'il a pensé en avoir fini avec le hockey, aujourd'hui, il redécouvre que la passion d'antan est toujours aussi bouillante.

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«Quand je suis parti des Huskies, ma santé n’était pas au mieux. Aussi, ma mère est décédée pendant la pandémie de COVID-19. Mon père a fait un AVC peu après et il vient de décéder. Ce n’était pas le moment le plus intéressant pour faire du hockey, a-t-il confié lors d’un long entretien avec le TVASports.ca, au cours de la dernière semaine. 

«À partir de là, j’ai pris un certain recul face au hockey. Je suis retourné auprès de ma famille et durant cet arrêt-là, ça m’a permis de régler mes problèmes de santé. Ça m’a permis de passer beaucoup de temps avec mon père à la suite du décès de ma mère, puis avec mes enfants. J’ai voyagé pour aller voir ma fille et mes trois petits-fils en Suisse.»

En mars 2021, Pouliot a renoncé à ses doubles fonctions d’entraîneur-chef et de directeur général des Huskies, une annonce survenue peu après qu’une enquête le visait dans le circuit Courteau pour des propos inappropriés allégués, tel que rapporté dans divers médias à l’époque

«Il y a des choses qui te font réfléchir. Tu n’es pas sans savoir qu’il y a eu certaines choses qui ont été dites. C’est sûr que c’est blessant, fait-il savoir. Pour moi, je n’ai absolument rien à cacher. Ça te fait réfléchir à plein de situations. Il y avait beaucoup de choses à ce moment-là.

Photo Roby St-Gelais
Photo Roby St-Gelais

«C’est un processus pour les joueurs, mais aussi pour les dirigeants. Il n’y a rien de parfait. Tu fais de bonnes choses et tu veux t’améliorer. À la fin, à Rouyn, j’avais parlé au propriétaire Jacques Blais qu’il faudrait trouver quelqu’un pour me remplacer, que c’était important pour moi et peut-être conserver un seul rôle. 

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«La tournure des événements a fait que c’était différent. À partir de là, je suis un gars qui crois que les choses arrivent toujours pour une raison. Après, c’est de trouver ces raisons-là et les réponses, puis de continuer d’avancer.»

De l’Abitibi à l’Alberta

Si Pouliot a vécu une période d’obscurité, tel un cycle saisonnier, il a récemment vu la lumière au bout du tunnel en... Alberta!

Le Mascoutain a été nommé à la barre des Pontiacs de Bonnyville, dans la Ligue junior de l’Alberta en septembre dernier, lorsque son ancien adjoint à Bathurst, Brad Flynn, a remis sa démission pour des raisons familiales. 

Pouliot s’est vu offrir le poste, mais il n’était pas intéressé a dirigé le club au premier coup de fil. Il était en pleine remise en question sur le plan de la carrière et les récentes années avaient laissé des cicatrices.

JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL
JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL

«Au début, non, ce n’est pas quelque chose qui m’intéressait, parce que j’étais sur le point de partir en Suisse pour revisiter ma fille pour un voyage de peut-être un mois. J’avais commencé à profiter de la vie. Ça faisait 30 ans que j’étais dans le monde du hockey, raconte-t-il.

«Quand Brad m’a appelé, c’était clair que ça ne m’intéressait pas. En parlant avec ma conjointe, elle m’a dit "peut-être que tu pourras avoir réponse à des questions auxquelles tu n’as pas de réponse présentement". 

«J’ai commencé à avoir une ouverture d’esprit avec les dirigeants des Pontiacs. Finalement, je me suis retrouvé ici à partir du 19 septembre et, honnêtement, j’adore l’expérience.»

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Sous les ordres de Pouliot, les Pontiacs ont tissé une fiche de 33-19-2-1, bon pour le troisième rang de la section Nord de la AJHL et une participation aux séries. Qui plus est, ils ont marqué 235 buts, un sommet dans leur division. 

L’instructeur chevronné ne s’est pas amené en touriste, même s’il avoue qu’il ne conaissait rien sur l’équipe ni la ville où il a choisi de relancer sa carrière. Quelques mois plus tard, le voici en lice pour le titre d’entraîneur-chef de l’année. Un scénario improbable quelques mois plus tôt.

«Quand je suis arrivé ici, je ne connaissais rien. Je ne connaissais pas la ligue ni les joueurs. Absolument rien. Je m’en venais juste pour "coacher" et essayer d’aider les joueurs à progresser. Je ne m’occupe de rien au niveau "management’" J’ai deux directeurs généraux. Il y en a un qui est avec moi tous les jours. J’ai une bonne relation avec lui.»

John Morris / Agence QMI
John Morris / Agence QMI

Comme du Midget AAA

Pouliot, qui compare la AJHL à du Midget AAA en la qualifiant de «bon calibre, rapide», a maintenant l’occasion d’offrir une première conquête à cette ville aux racines françaises, où les attentes sont élevées. La direction lui a demander de garder «les mêmes standards» que dans la LHJMQ.

«Ils veulent des résultats et il n’y a pas de bannières (au plafond) à part des chandails retirés, précise-t-il. On a l’opportunité d’accomplir de quoi qui n’a jamais été fait. C’est un défi qui est réellement intéressant, tant pour les joueurs que pour moi.»

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À quelques semaines des séries, les joueurs ont tout à leur disposition pour garder la forme. Puisqu’ils passent leurs journées à l’aréna et dans les salles d’entraînement.  

«Je découvre plein de nouvelles choses, se réjouit Pouliot. J’étais entraîneur-chef à Bathurst, qui est peut-être le plus petit marché de la Ligue canadienne. Brad m’en avais parlé (de Bonyville) et j’ai été très surpris des installations et du potentiel de l’équipe.

Pontiacs de Bonnyville
Pontiacs de Bonnyville

«Nous avons deux patinoires et nos installations sont de premier niveau. Mes joueurs peuvent s’entraîner hors glace et avoir des séances de yoga et de spinning. Nous avons même une piste d’athlétisme.»

Lorsque le tableau éliminatoire se conclura, plusieurs élèves de Pouliot déserteront l’Alberta pour étudier au sud de la frontière. Tout sera alors à recommencer pour la concession.

«Ici, c’est une ligue de 17 à 20 ans où les joueurs veulent aller dans des collèges américains. On est rendu à huit gars qui ont des engagements avec des clubs de division 1, explique l’entraîneur chevronné. C’est une belle opportunité de pouvoir accompagner ces jeunes vers leurs prochains objectifs.»

Les rangs professionnels dans le viseur

En revanche, comme les athlètes qu’il éduque, Pouliot aussi vise haut. Il ne cache pas qu’il caresse toujours le rêve de diriger dans les rangs professionnels et il considèrerait même l’Europe si une organisation lui téléphonait. 

Pour ce qui est de la saison qui marque son retour derrière un banc, elle s’annonce comme un succès avec sa nomination au titre d’entraîneur-chef de l’année, honneur qui lui a été décerné dans la LHJMQ en 2019.

«Je suis surpris, admet-il. Surtout que ce sont les entraîneurs et les DG qui votent. Et je ne connais personne!» 

Pouliot ignore si le fait de voir son nom en lice lui ouvrira une porte vers une ligue professionnelle, mais il gagne déjà son pari. Il commence à trouver les réponses qu’il cherchait à ses préoccupations personnelles après son départ de Rouyn-Noranda. 

«Ça m’a permis de revenir ici et de voir où j’en étais avec tout ça. Dès que j’ai mis les pieds dans la place, ici, au niveau des entraînements et du travail avec les joueurs, je me suis senti à l’aise. Je me suis dit "o.k., peut-être que la flamme était juste un peu moins forte". Mais elle restait encore allumée.

«On a toujours des choses à prouver. Pour moi, c’était de permettre aux joueurs de profiter de mon expérience et de mon vécu pour les accompagner dans leurs quêtes vers le prochain niveau. C’est sur quoi je me concentre chaque jour.»

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