Mathurin et les Wildcats éliminés du March Madness
Stéphane Cadorette
Bennedict Mathurin a quitté le terrain du AT&T Center à San Antonio la tête enfouie dans son maillot, pendant que son coéquipier Azuolas Tubelis tentait d’atténuer sa peine, la main sur son épaule. Le verdict demeurait sans appel: le Montréalais et ses Wildcats de l’Arizona sont éliminés du March Madness.
Au terme d’un duel dans une ambiance survoltée et hostile pour l’Arizona, la bande à Mathurin s’est inclinée au compte de 72-60 face aux Cougars de Houston. Les partisans de Houston étaient visiblement nombreux à avoir fait les trois heures de route vers San Antonio pour prendre le contrôle de l’aréna.
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À aucun point dans la rencontre, les Wildcats n’ont été en mesure de prendre l’avance, ni même de niveler la marque. Au mieux, ils se sont approché à deux points en deux occasions. Leurs rivaux, pratiquant un style défensif aussi physique que suffocant, les ont littéralement éteints.
Mathurin muselé
Même Mathurin, vedette incontestée des Wildcats et futur choix de première ronde dans la NBA, n’y a rien pu. Le Québécois a terminé l’affrontement avec 15 points et quatre rebonds. Il a réussi seulement quatre de ses 14 lancers du plancher dont deux sur sept de la zone de trois points.
«Gagner un match n’est pas un concours de beauté. On n’a pas joué en défense comme les autres équipes les ont joués. Je suis fier de mes hommes, qui n’ont peur de personne», a commenté l’entraîneur de Houston, Kelvin Sampson, qui passe en quarts de finale demain soir face à Villanova.
Son vis-à-vis Tommy Lloyd ne pouvait que se résigner à accepter le sort des siens.
«Je serai toujours reconnaissant de l’effort de mes joueurs. Je suis extrêmement fier d’eux. Ce soir, nous sommes juste tombés sur une très bonne équipe qui a été trop forte pour nous», a-t-il débité.
Positif malgré tout
Sur l’estrade après la rencontre, Mathurin, visiblement abattu de cette fin cruelle, fixait le néant et donnait des réponses expéditives. C’est tout à fait compréhensible, considérant la déception énorme habitant les champions de la conférence Pac-12, qui n’avaient perdu que trois matchs cette saison.
Après coup, lors d’une discussion plus intimiste avec les deux journalistes québécois sur place, Mathurin s’est ouvert davantage.
«Il y a beaucoup de positif. Mes coéquipiers et moi avons connu une bonne saison. On a gagné beaucoup de matchs même s’il y a eu des hauts et des bas. On a réussi à se rendre jusqu’au «Sweet 16» et ça n’a pas été facile.
«J’ai beaucoup grandi, j’ai beaucoup maturé. J’ai été capable de rester positif et confiant en moi. J’ai donné mon maximum à chaque match», a réfléchi le jeune homme de 19 ans.
Toute une brigade défensive
Après tant de succès au cours de la saison, l’équipe qui a marqué au moins 80 points à 28 reprises a frappé son mur. Mathurin a d’ailleurs rendu hommage à ses tombeurs.
«Pour être honnête, c’était la première fois qu’on affrontait une équipe comme ça. Dans leur couverture, leur façon de nous jouer en défense et de nous attaquer, c’était vraiment différent. Je le prends comme une source d’apprentissage», a-t-il lancé avec philosophie.
Dès les premiers instants de la rencontre, Mathurin et les siens ne semblaient pas à l’aise, étouffés par la forte pression imposée en défense par les Cougars.
Ils semblaient presque bénis de retraiter au vestiaire à la demie en retard par seulement six points, à 34-28. En effet, ils n’ont converti que 28% de leurs lancers (7 en 26). Au terme de la rencontre, ce taux de succès a augmenté à peine, à 33,3 %.
Si le résultat constitue une surprise puisque les Wildcats étaient les favoris dans la section Sud pour passer au «Final 4», la manière dont la défaite a été encaissée n’a rien d’étonnante.
Toute la saison durant, Houston a figuré parmi les meilleures en défense au pays, muselant leurs rivaux à 37,5 % de taux de réussite sur les tirs, avec une moyenne de points accordés de 59 par match.
Cap sur le repêchage?
La logique veut que Mathurin se concentre désormais sur le repêchage, plutôt que de revenir disputer une troisième saison en Arizona, dans la NCAA. Il n’a toutefois pas confirmé ses plans.
«Ce sera une décision de famille. Je ferai ce qui est le mieux pour moi et ma famille. Pour l’instant, je ne pense pas vraiment à ça. Je veux juste prendre trois jours sans toucher à un ballon, pour penser à moi», a-t-il soupiré.
Avant d’aller méditer sur la défaite au vestiaire, Mathurin a tenu à saluer ses compatriotes au Québec.
«Je vous remercie infiniment pour le soutien. C’est vraiment cool d’avoir ce soutien des gens d’où je viens, qui m’envoient des messages pour me motiver.»
C’est donc la fin pour Mathurin, ou plutôt, la fin d’une étape. Parce qu’au contraire, sur le grand tableau, ce n’est à vrai dire que le début.