Marc Beaupré à l’opposé des rôles de bums qu’il incarne
Daniel Daignault
Le comédien Marc Beaupré s’est fait une spécialité d’incarner à l’écran des pas fins, des bums, des personnages parfois inquiétants, troublants, voire violents. Le Dany qu’il interprète dans la quatrième saison de Plan B ne fait pas exception à la règle. Pourtant, ces rôles chargés sont à l’opposé de l’homme sensible qu’il est dans la vie.
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Marc, tu as de nouveau joué un rôle intéressant et fait sur mesure pour toi dans Plan B...
Dany est carrément un antagoniste. J’aime jouer ce type de personnage, parce que c’est ça qui fait avancer l’action. C’est tellement ce qu’on veut voir: du conflit, du chaos! Ce qui est le fun pour moi, c’est qu’on me laisse souvent la latitude pour pouvoir moduler tout ça. Il y a une scène où le personnage de Pier-Luc sort d’une rencontre avec son agent de libération conditionnelle. Dany lui fait un sourire franc parce qu’il est content de le revoir, et après ça, ça dégénère, parce qu’il n’est pas équilibré du tout ce gars-là. Mais le fait d’être capable d’aller nuancer un peu le personnage, qu’il ait un réel sourire, ça devient troublant, parce que ce n’est pas un personnage unidimensionnel.
On t’a donné un look spécial côté cheveux pour ce personnage. As-tu aimé?
Le pire, c’est qu’on a fait des tests-caméras une semaine ou deux avant le tournage. J’avais une moustache, mais on a finalement décidé de la couper pour me rajeunir un peu, puis on m’a fait une coupe de cheveux. On me les a frisés un peu plus, parce qu’ils frisent déjà au naturel. Bref, j’ai fait tout le tournage et à la fin, ma blonde m’a dit quelque chose comme: «C’est quand même pas pire, ton mohawk!» J’ai fait: «Hein?» Et elle a ajouté: «Ben oui, ça te descend jusqu’en arrière!» Tout le temps que j’ai tourné mes scènes dans la série, je ne m’en étais même pas rendu compte! (rires)
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Le tournage de ces épisodes de Plan B a été retardé de deux ans. Ça t’a causé des problèmes?
Non, en fait, j’avais trop de projets pour le printemps 2020 et je savais que, tôt ou tard, j’allais devoir en laisser tomber un. Mais en fin de compte, avec la pandémie, tout a été mis sur pause, les choses se sont placées, et j’ai pu tout faire. On a finalement tourné au printemps 2022. Le tournage a été retardé parce qu’il y avait trop de contacts physiques, entre autres le rapport amoureux que Jessy (Pier-Luc Funk) développe avec le personnage de Charlotte (Rose-Anne Déry).
Était-ce la première fois que tu jouais avec Pier-Luc Funk?
J’avais déjà participé à des émissions avec lui, comme Ça finit bien la semaine ou La soirée est (encore) jeune, mais je n’avais pas encore joué avec lui. Il est écœurant, il est fort! Il est capable de susciter de la tristesse, on éprouve de la sympathie pour lui, et en même temps, ça peut être répulsif de le voir agir. Il rend tout ça très bien.
Sur quoi travailles-tu en ce moment?
Je vais jouer au Théâtre Prospero à la fin mars, dans une pièce qui a pour titre Insoutenables longues étreintes. C’est assez spécial. Je joue avec Christine Beaulieu, Joanie Guérin et Simon Lacroix. On incarne une gang de trentenaires, et la particularité du texte, c’est qu’on raconte tout ce qu’on fait, on parle de nous à la troisième personne. Du côté de la mise en scène, on peut faire ce qu’on veut, justement parce que tout ce qu’on fait est dit. Il y a une affaire bien spéciale qui arrive à un moment dans la pièce, ça va être le fun. Je devais jouer dans la série Les yeux fermés, mais j’ai attrapé la covid. Sinon, j’ai fait un film cet automne, qui s’appelle Grand Nord et qui va probablement sortir cette année. C’est un huis clos de cinq gars qui se retrouvent pour un enterrement de vie de garçon, et ça va dégénérer quand une fille se retrouvera parmi eux.
As-tu des tournages à ton horaire dans les prochaines semaines?
Non, pour l’instant je n’ai rien, et je pense que c’est la première fois que ça arrive en cinq ans. J’ai eu des auditions, mais rien de confirmé encore. Je suis content, dans un sens, parce que je peux me consacrer à des projets. J’écris un peu et ça me donne plus de temps pour le faire.
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Ça va faire 25 ans en 2024 que tu as fait tes débuts dans la série 2 frères. Quel effet ça te fait?
C’est fou! Cette série-là m’a mis au monde. C’est difficile d’évaluer en années la place que tu occupes dans l’imaginaire populaire et dans la culture, mais je pense que si je joue autant les bums, c’est parce que j’ai fait une première impression forte dans 2 frères (il jouait le rôle de Kevin). Du jour au lendemain, je suis devenu un visage connu, je me faisais arrêter dans la rue. N’importe qui envierait ma sortie de l’école de théâtre: j’ai eu la réponse pour faire cette série quatre jours après avoir terminé mes études. On m’avait répété durant quatre ans, à l’école, que ça allait peut-être être difficile. Si j’avais eu un rayonnemen aussi fort pour un personnage, disons,extrêmement fragile, complexé, pour qui ça ne marche pas avec les filles, je me demande quel genre de carrière j’aurais eu...
Pour une autre génération, ton autre rôle marquant à la télé a été celui de Marc Arcand dans Série noire...
Oui! Série noire était beaucoup moins grand public que 2 frères, qui a été un succès populaire avec des cotes d’écoute de 1,7 million de téléspectateurs. La différence, c’est que Série noire a été un succès incroyable dans l’esprit de la communauté artistique, ce qui fait qu’encore aujourd’hui, je croise plein de gens qui m’en parlent, et on trouve même que c’est un personnage mythique. C’est vrai, parce qu’au-delà de ce que j’ai fait comme interprétation, je lisais les textes et je me disais: «Voyons, ça n’a pas de bon sens ce rôle-là, c’est bien trop extraordinaire!»
On te voit souvent, justement, dans des rôles de méchants. Aimerais-tu, par exemple, qu’on te propose de jouer un gars malheureux en amour?
Oui, j’adorerais ça. Mais il faudrait qu’il y ait plus que ça autour du personnage que tu me donnes en exemple. Par exemple, celui de Jessy, dans Plan B, est complexe parce qu’il est composé d’une foule d’affaires. Alors oui, j’adorerais ça, mais j’aimerais que ce soit un personnage complexe et balancé comme celui de Jessy, et que le spectateur puisse s’identifier à lui.
Es-tu toujours en couple et un heureux papa?
Oui, ça fait 12 ans qu’on est ensemble, Catherine (Larochelle) et moi. J’ai joué avec elle dans District 31, c’était pendant la pandémie et elle faisait ma blonde. On a travaillé ensemble durant une semaine. C’était à l’époque où les productions cherchaient des couples pour jouer des personnages Catherine est comédienne et elle écrit aussi: l’an dernier, elle a sorti un roman intitulé J’irai déterrer mon père et elle va en lancer un autre cette année. Ça va super bien, ses affaires!
Et ta fille?
Romane a maintenant huit ans et demi. C’est fou, parce que Série noire est arrivée en 2014, l’année de naissance de ma fille. J’ai tout à coup vraiment eu l’impression que je n’avais plus de temps dans ma vie. J’avais toujours pas mal travaillé, mais là, je n’avais plus de temps. C’était ou bien ma famille, ou énormément de travail et de projets. On aurait dit que je n’avais plus de temps pour quoi que ce soit d’autre.
Vous avez déjà pensé écrire quelque chose pour vous, Catherine et toi, et travailler de nouveau ensemble?
Oui, et en fait, c’est en développement, alors c’est délicat d’en parler pour l’instant. On a déjà fait beaucoup de collaborations au théâtre, parce que je fais de la mise en scène et que je l’ai prise dans certains de mes spectacles. C’est une excellente comédienne, j’ai beaucoup d’admiration pour elle. Catherine écrit, et moi, je me dirige de plus en plus vers la réalisation. Alors, oui, on a des projets qui se développent du côté télévisuel.
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Plan B est diffusée sur Tou.tv Extra. Marc sera au Théâtre Prospero du 28 mars au 15 avril dans la pièce Insoutenables longues étreintes.