Marc-André Grondin et Julie Perreault s’ouvrent sur leur complicité dans Doute raisonnable
Marie-Claude Doyle
Julie Perreault et Marc-André Grondin reprennent leurs rôles d’Alice et de Fred dans la deuxième saison de Doute raisonnable, diffusée présentement sur les ondes de Radio-Canada. La chimie entre eux a opéré immédiatement, ce qui a permis aux deux comédiens de trouver matière à rigoler entre les scènes, malgré la trame de fond très dramatique de cette nouvelle saison.
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MARC-ANDRÉ GRONDIN
Marc-André, cette série n’est pas facile à regarder, car les sujets abordés sont assez troublants. Comment se sont passés les tournages de cette deuxième saison?
J’ai énormément de plaisir à jouer dans cette série, parce que j’aime beaucoup travailler avec Julie. La charge de travail est énorme: nous avons beaucoup de texte à apprendre, nous avons de longues journées, et la série aborde effectivement des sujets lourds. Quand on joue dans des projets un peu plus difficiles, on compense souvent en ayant beaucoup de plaisir et en riant entre les tournages; ça aide à dédramatiser ce qu’on raconte. Cette année, on a une saison très forte. Les auteurs ainsi que Jean-Philippe Duval, le nouveau réalisateur, ont fait du bon boulot. On a commencé les tournages comme s’il s’agissait d’une nouvelle série: de nouveaux auteurs, un nouveau réalisateur, une nouvelle équipe technique et de nouveaux décors. Julie et moi, on vit un peu ce que les personnages subissent dans la saison 2: ils arrivent dans un nouveau poste de police, avec une nouvelle équipe, etc.
Combien d’heures tournez-vous dans une journée?
De 10 à 12 heures en moyenne. Il ne faut pas oublier qu’il y a une heure de lunch, le transport ou d’autres trucs à faire, ce qui donne parfois des journées de 14 ou 15 heures. Il y a aussi de très longues scènes qui font neuf pages à tourner. Quand on regarde la série, on le perçoit moins, car les scènes sont découpées en plusieurs blocs. Rire entre les prises, est-ce un peu thérapeutique, vu la nature des sujets de cette émission? Il y a, bien sûr, quelque chose de thérapeutique dans le fait de se laisser aller aux rires et au plaisir. Et surtout dans cette série, parce que Julie et moi avons des personnages très lourds qui cachent beaucoup de secrets — et plus particulièrement Julie. Mon personnage, Frédéric, tente de comprendre sa partenaire, Alice (Julie Perreault), et pourquoi ils se sont mis tous les deux dans un tel pétrin. Cela fait en sorte que, dans les scènes, il y a souvent un climat de tension et de suspicion entre les deux personnages. Est-ce qu’ils se disent la vérité? Se font-ils réellement confiance? Travaillent-ils vraiment ensemble? Je pense que le public va avoir beaucoup de plaisir à essayer de décortiquer tout ça.
Dans Doute raisonnable, les policiers ne sont pas parfaits. Aimez-vous jouer ce genre de policier?
Je ne joue pas un métier. Je joue un être humain qui fait un métier. Ça pourrait être tentant d’essayer d’incarner la «police», le pouvoir, la loi, le côté macho ou mâle alpha. Mais, en général, les policiers sont des gens très normaux, qui vont chez Costco, qui sacrent au téléphone quand ils n’arrivent pas à joindre le service à la clientèle quand ils ont un problème avec l’Internet... Pour moi, c’est important de jouer un être humain qui fait ce métier. Tous les êtres humains ont des failles et des faiblesses.
En ce moment, on vous voit à la télé, mais vous avez aussi beaucoup joué au cinéma. Quelle est la différence entre les deux?
Le rythme est très différent. Quand on fait du cinéma, ça nous permet d’essayer des choses, de faire plusieurs versions de la même scène. À la télé, ça va tellement vite! C’est comme un sprint, mais de 10 heures. On n’a pas beaucoup de temps pour chaque prise. Donc, il faut être prêt, bien connaître son personnage et bien suivre l’histoire pour avoir les bons réflexes dès le départ.
Mis à part le travail, comment se passe la vie de famille?
On a eu une grosse année, Sarah-Jeanne et moi. J’ai fait deux séries et aussi de la production. On se souhaite une autre belle année!
JULIE PERREAULT
Julie, quel personnage fascinant! En quoi ce rôle est-il différent de tous les autres que vous avez joués jusqu’à maintenant?
Alice est tellement secrète et mystérieuse. Elle se dévoile au compte-gouttes. Je ne me désâme pas avec ce personnage-là: c’est comme s’il fallait vraiment que je respecte le fait que je sais où je m’en vais, en évaluant jusqu’où je peux m’ouvrir et donner, pour que le téléspectateur apprenne à connaître le personnage.
Nous avons plusieurs séries policières au Québec, mais il y a chez votre personnage une certaine déviance. On peut dire qu’on voit rarement ce côté sombre chez un policier dans les séries québécoises, n’est-ce pas?
La déviance, avec la webcam et tout... C’est une déviance facile à justifier chez Alice, quand on sait qu’elle a subi des abus. C’est sa façon de n’entrer en relation avec personne, ni intimement ni émotionnellement, et de reprendre le contrôle. C’est comme ça que je l’ai compris. Pour moi, c’est une partie de son intimité. Ce que j’aime du personnage d’Alice, c’est qu’elle n’est pas capable de rentrer dans un moule. Elle met sa vie en danger ainsi que celle de ses collègues. Elle ne respecte pas les règles. En même temps, elle est irréprochable en tant que policière, car elle ferait n’importe quoi pour défendre les victimes. C’est vraiment sa mission.
En quoi cette émission est-elle nécessaire en 2023?
Je crois que le mouvement #MoiAussi a vraiment mis le doigt sur toute la notion du consentement. Mais ce n’est pas encore clair. Plus tard dans la saison, il y aura une quête à ce sujet. Dans un couple, il y aura une agression. Pourquoi emploie-t-on encore les termes «zones grises»? Elle a dit non, c’est une agression. Je sais que certains téléspectateurs vont trouver que c’est exagéré et se diront: «Voyons, c’est son chum!» On n’a pas le choix d’en parler. Il faut éduquer les gens. On part vraiment de loin.
Les rôles que vous et vos collègues interprétez et les sujets que vous abordez dans cette série ne sont pas très joyeux. Comment faites-vous pour garder le moral sur le plateau?
Je m’assure de maîtriser mon texte et l’histoire. Entre les scènes, on s’amuse. Et les scènes ne sont pas toujours dramatiques. Certaines sont parfois très simples: quand on marche dans la rue, par exemple. D’autres scènes demandent plus de concentration, comme un interrogatoire où 90 % du texte sort de ma bouche. Pour moi, la seule façon d’avoir du plaisir sur un plateau, c’est d’arriver préparée. Après, il n’y a rien de lourd.
Comment décririez-vous votre relation avec Marc-André Grondin sur ce plateau?
C’est vraiment mon pote! On s’est bien entendus dès le départ, très naturellement. On a le même sens de l’humour. Des fois, on fait juste se regarder et on se comprend. C’est tellement un bon comédien! C’est super facile de travailler avec lui. Je plains ceux et celles qui n’auront pas l’occasion de jouer un jour avec lui! (rires)
Était-ce votre premier plateau ensemble lors des tournages de la saison 1?
Oui! Je ne le connaissais même pas!
Ah bon... C’est surprenant après tant d’années de carrière!
Il y a des gens dans l’industrie que je n’ai jamais vus ou même croisés. Par exemple, Luc Guérin. On ne s’est jamais rencontrés! (rires) C’est ce que j’aime de ce milieu, on rencontre plein de monde.
En quoi Alice vous ressemble-t-elle?
Elle est très rigoureuse, tout comme moi. Je transpose en elle beaucoup de ce que je suis, comme l’authenticité et la sincérité.
Et en quoi ne vous ressemble-t-elle pas?
Dans sa retenue et son mystère. J’aimerais tellement être quelqu’un de mystérieux, mais je n’ai rien de mystérieux! Je suis beaucoup plus exubérante et émotive. C’est intéressant de jouer ce genre de personnage.
Doute raisonnable, lundi 21 h, à Radio-Canada.
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