Manque d'entretien, hausses de loyer: ras-le-bol au Village olympique de Montréal

Anouk Lebel
Toit qui menace de s’effondrer, coquerelles, fuite d’eau: des locataires du Village olympique refusent en bloc des hausses de loyer qu’ils jugent abusives en raison du manque d’entretien flagrant des pyramides emblématiques des Jeux de 1976.
«Je vis l’enfer depuis trois ans. Quand je suis arrivée, mon appartement était un taudis. La porte était cassée, ça ne fermait pas. La moustiquaire était brisée, il fallait refaire les planchers...», fustige Elaine Lavallée.
Cette retraitée de l’enseignement paie 1686$ de loyer par mois pour son quatre et demi, en plus du stationnement à 125$.
Elle contestera le 14 août une augmentation de loyer de 4,5%.
Au moins 129 locataires dans l’immeuble ont refusé des hausses, selon une liste que lui a fournie le Tribunal administratif du logement.
Et ce ne serait que la pointe de l’iceberg.
Histoires d’horreur
«Des services, il n’y en a pas, c’est aussi simple que ça», soutient Mme Lavallée.
Elle a déménagé dans les pyramides pour ses services comme la piscine intérieure ainsi que le personnel de sécurité et de soutien.

Le complexe de 980 logements a initialement été construit pour accueillir les athlètes des Jeux olympiques de 1976.
Privatisé en 1998, il appartient à CAPREIT, un fonds d'investissement immobilier établi à Toronto (voir plus bas).
«Ils ne font rien. Ils ne donnent pas de service. Il y a beaucoup de roulement parmi les employés», a laissé tomber Guy Durand, un autre locataire qui conteste son augmentation de loyer.
L’homme dans la soixantaine explique qu’il a fallu un mois et une mise en demeure pour que CAPREIT appelle enfin un exterminateur pour venir à bout d’une infestation de coquerelles sur son étage.

Quant à la piscine, elle était vide et inutilisable au moment du passage du Journal. Selon des locataires, elle est fermée la plupart du temps depuis au moins deux ans.

Vétuste
Cinq locataires ont témoigné d’histoires d’horreur au Journal, la plupart sous le couvert de l’anonymat, par crainte de représailles.
Ils affirment que le complexe accueille de nombreux locataires âgés vulnérables et qui y ont emménagé pour les services.
Mais en visitant l’immeuble, Le Journal a constaté que le plancher était en mauvais état et qu'il y avait de nombreuses cloques au plafond à certains endroits.

Un incendie a aussi ravagé un appartement, a pu confirmer Le Journal.
Deux locataires ont affirmé que le toit du 19e et dernier étage menaçait carrément de s’effondrer.
«Inacceptable»
«C’est inacceptable», soutient Mme Lavallée.
Elle dit avoir eu des problèmes de chauffage et de climatisation à de multiples reprises à cause d’une thermopompe défectueuse.
Elle affirme aussi avoir manqué d’eau au moins 14 fois en un an, sans compter des problèmes de condensation de sa sécheuse qu’elle estime attribuables au système de conduits mal entretenu de l’immeuble.
Au passage du Journal, sa voiture était entourée d’une flaque d’eau brune et visqueuse qui provenait d’une fuite d’eau dans le stationnement.

Au moment d’écrire ces lignes, CAPREIT n’avait pas répondu à nos demandes.
Depuis les Jeux de 1976
Le Village olympique a ouvert ses portes à l’été 1976 pour accueillir les athlètes des Jeux de Montréal.
Les 4 demi-pyramides en béton de style brutaliste comptent en tout 980 logements, à proximité du Parc olympique. Les terrasses ont été conçues pour donner aux athlètes de 92 pays une vue sur la métropole.
Après les Jeux, les résidences ont été transformées en appartements de luxe, avec un terrain de golf derrière les pyramides.
Le complexe relevait jusqu’en 1998 de la Régie des installations olympiques. Il appartient désormais à la Canadian Apartment Properties Real Estate Investment Trust (CAPREIT), l’un des plus importants gestionnaires d’immeubles résidentiels au Canada, avec environ 64 200 logements à travers le pays.
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