Manifestation pour la justice climatique: «les gens veulent s’impliquer parce qu’ils veulent vivre, ils veulent avoir un futur»
Jean Balthazard
Environ 10 000 personnes ont participé, vendredi, à une marche pour la justice climatique à Montréal. Pourtant, aux yeux de plusieurs jeunes, même la marche de 2019, qui avait réuni un nombre record de 500 000 participants, n’a pas été suffisante pour que les gouvernements en fassent assez. Pourquoi donc continuer de manifester si rien ne change?
Nous sommes allés dans les coulisses de l’organisation de la marche de vendredi pour mieux comprendre ce qui poussait les jeunes militants à l’action.
«Récemment, ce qu’on a remarqué, c’est vraiment un aspect d’écoanxiété. Les gens sentent que l’étau se resserre [...] et ils veulent s’impliquer parce qu’ils veulent vivre, ils veulent avoir un futur», lance Luca Salas-Poirier, qui est membre de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES).
Il croit que les manifs permettent de transmettre des connaissances et de faire évoluer la pensée des gens au quotidien. «C’est tranquillement grâce [aux marches] que la mentalité par rapport à l’environnement va avancer», dit-il.
Une gang qui veut les mêmes choses
Ce genre de rassemblement permet aussi aux gens de voir qu’ils ne sont pas seuls à s’inquiéter et à vouloir des actions concrètes de la part des gouvernements.
«Même si la manifestation n’est pas la finalité, ce n’est pas ça qui va nous faire changer de système, je pense que ça nous fait réaliser comment on est une gang à vouloir sensiblement les mêmes choses», ajoute Florence Lachapelle, également membre de la CEVES.
«Il y a de plus en plus de personnes de ma génération et des gens proches de moi qui font juste baisser les bras. Ça me fait extrêmement peur et ça me rend triste de voir ça», indique Florence.
«Quand on a le privilège d’avoir du temps et de l’énergie pour s’impliquer, je pense qu’il faut le faire», ajoute-t-elle.
Luca et Florence croient que les changements vont venir de la collectivité, mais ils appellent quand même les décideurs à agir de façon urgente pour lutter contre les changements climatiques.
Pourquoi manifestent-ils?
Florence Lachapelle
20 ans
Étudiante à l’Université Concordia
Pour Florence, l’environnement est l’enjeu rassembleur de sa génération. «Je pense que nos voix ont été entendues. Le climat est davantage dans les caissons des débats électoraux, par exemple. [...] Mais on n’a pas eu d’actions concrètes à la hauteur de la crise», regrette-t-elle.
Avec la publication du rapport alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GEIC) cet été, Florence observe une hausse de personnes qui veulent s’impliquer en environnement. Pour elle, les manifestations «redonnent une certaine énergie militante qui va pouvoir être utilisée dans d’autres actions à l’échelle locale».
Luca Salas-Poirier
21 ans
Étudiant en sciences politiques à l’UQAM
Luca a commencé à s’impliquer en environnement il y a trois ans environ. «Les gens sentent que l’étau se resserre [...]. Donc, les gens veulent s’impliquer parce qu’ils veulent vivre, ils veulent avoir un futur», lance-t-il.
Aujourd’hui, il constate que le mouvement environnemental a évolué et qu’il s’imbrique maintenant avec d’autres causes telles que la lutte contre le racisme, les droits des femmes et l’autodétermination des nations autochtones.
«Les femmes, les personnes noires et les personnes autochtones vont être touchées en premier [par la crise climatique] parce que ce sont elles, malheureusement, qui sont souvent les plus défavorisées et qui ont le moins de chance», ajoute-t-il.
Ève Claveau
15 ans
Élève au secondaire
Ève est l’une des plus jeunes personnes à avoir coorganisé la manifestation du 24 septembre. Elle s’implique avec Pour le futur Montréal, un regroupement d’élèves du secondaire.
L’organisme s’est fait connaître en 2019 alors qu’il a organisé une série de manifestations plusieurs vendredis d’affilée. «J’allais aux manifestations avec mon frère et c’est lui qui m’a suggéré de m’engager activement dans le projet», explique-t-elle.
Elle sait que les changements individuels peuvent aider à lutter contre la crise climatique, mais «c’est vraiment important de faire des changements à plus grande échelle».