Milton Parc: des résidents manifestent contre la hausse d’itinérance
Genevieve Abran
Une centaine de résidents du quartier Milton Parc ont bravé la pluie, samedi après-midi, pour manifester contre la hausse d’itinérance dans leur secteur, qu’il souhaite «revitalisé».
«Milton Parc, notre beau quartier, nous voulons te revitaliser», ont chanté en cœur lors de la manifestation organisée par le Collectif des résident.es de Milton Parc.
Ils s’inquiètent du nombre grandissant d’itinérants, principalement des Autochtones, qui occupent les rues, la plupart se retrouvant sur l'avenue Du Parc, entre Sherbrooke et Milton, et interpellent les élus à prendre action.
Des services adaptés
«On veut retrouver notre quartier», a lancé d’emblée Andrée, qui habite Milton Parc depuis une quarantaine d’années. «On veut des services adaptés pour les sans-abris. C’est terrible qu’ils soient laissés à eux-mêmes sur le trottoir», a-t-elle mentionné, en ajoutant qu'«on ne peut plus marcher sur nos trottoirs».
Tous les participants interrogés associent ce problème à l’arrivée du centre d’accueil The Open Door/La Porte Ouverte dans le sous-sol de l’Église Notre-Dame-de-la-Salette, sur l’avenue Du Parc. Depuis son ouverture, en 2018, beaucoup plus d’itinérants circulent sur ce territoire, expliquent-ils.
Selon plusieurs manifestants, les services du refuge seraient mal adaptés à leurs besoins. «Ils ont besoin de services», a soutenu Andrée.
«On aimerait avoir des intervenants dans la rue qui vont les amener [vers des ressources adaptées]», a indiqué Mike, un résident du quartier de l’arrondissement Plateau-Mont-Royal. «Ici, il y a beaucoup de gens qui aident, mais ce sont des patchs. Ils vont leur donner un sandwich, mais quoi après?, renchérit-il.
Des craintes pour la sécurité
Lors de la manifestation, une itinérante a regardé les manifestants défiler les larmes aux yeux. Chantal, qui a pris part à la manifestation, s’est arrêtée pour la consoler et la rassurer. «Je ne veux pas qu’elle croit qu’on est contre eux, au contraire», a-t-elle expliqué.
«Ce n’est pas qu’on est contre eux, c’est qu’on veut des services pour les itinérants. On ne veut plus des vendeurs de crack, des proxénètes», a souligné Chantal, qui habite le secteur depuis «presque toujours».
«On va se mobiliser parce que notre quartier est moins sûr à cause de la criminalité, mais pas à cause [de la présence] des itinérants», a estimé Chantal. «Avec l’arrivée de Open Door il y a eu beaucoup plus [d’itinérants], et les vendeurs de crack et tout ça ont suivi», a-t-elle précisé.
Les manifestants ont aussi critiqué la hausse de vandalisme et de criminalité dans le secteur et la saleté des rues.
«C’est vraiment intolérable pour eux et pour nous», a ajouté Andrée.
Une situation qui divise
Quelques contre-manifestants étaient aussi présents. L’un d’entre eux, Léandre, croit que plusieurs personnes qui se plaignent de la situation sont des commerçants qui ne se préoccupent pas vraiment du bien-être des itinérants.
«Les premières personnes impactées par la saleté, la criminalité, ce sont les itinérants, parce qu’ils n’ont pas de porte à barrer», a rappelé Léandre.
Mike, qui est aussi propriétaire d’un commerce sur l’avenue Du Parc, dit qu’il n’a «jamais vu ce scénario d’itinérance de ma vie à ce niveau de difficulté et de détresse». Selon lui, plusieurs résidents ont perdu patience face à l’inaction des gouvernements, qui promettent depuis longtemps d’agir contre la crise du logement et le manque d’hébergement pour les sans-abris et de revitaliser le secteur.